L'Afrique et l'Occident réunis à Libreville pour le maintien de la paix

 
 

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LIBREVILLE, 17 juin (AFP) - Le "séminaire politico-militaire" de Libreville réuni depuis mercredi s'est donné pour ambition de soutenir "une stratégie de sécurité collective" pour l'Afrique.

Ce séminaire qui rassemble pendant trois jours plus de trente nations et organisations panafricaines, 15 pays occidentaux et 3 organisations internationales, se situe dans le cadre du concept RECAMP (Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix).

Il "est plus qu'utile, au moment même, où dans notre sous-région d'Afrique centrale, nous déplorons les guerres fratricides et dévastatrices sur le plan humain", a fait remarquer au cours des travaux le ministre des Affaires étrangères gabonais Jean Ping. Le Gabon est co-organisateur avec la France de la réunion.

L'Organisation des nations unies, présente au séminaire par le biais de son Comité consultatif permanent pour la sécurité en Afrique centrale (CCPNUSAC), "ne peut plus à elle seule jouer le rôle de gendarme du monde et a donc introduit la notion du maintien de la paix par les organisations régionales", a analysé de son côté le vice-Premier ministre gabonais Emmanuel Ondo-Methogo.

Le programme RECAMP, développé depuis 1994 par la France, "a le double avantage, non seulement de respecter les accords de coopération qui lient la France et les pays africains, mais surtout il répond au voeu de l'ONU de voir établi dans chaque Etat un potentiel, en ressources humaines et matérielles, prêt à intervenir si nécessaire dans les sous-régions concernées", a-t-il ajouté.

La réunion de Libreville répond à "la volonté des peuples africains de prendre en mains leur destin et à la volonté des pays occidentaux et des organismes internationaux de soutenir cette volonté", lui a répondu l'ambassadeur français en mission pour RECAMP, Gabriel de Bellescize.

Plus concrètement, le séminaire, organisé en "un module diplomatique animé par des débats qui présentent notamment les initiatives africaines et les soutiens extérieurs, ainsi qu'un module militaire dont les thèmes généraux portent principalement sur les critères de succès d'une Opération de maintien de la paix (OMP) ou le processus de prise de décision et de planification", doit préparer le prochain exercice sous-régional de maintien de la paix "Gabon 2000" prévu près de Libreville, en janvier 2000.

Le séminaire et l'opération "Gabon 2000" s'inscrivent également dans la foulée des manoeuvres "Guidimakha" qui avaient rassemblé en février 1998 au Sénégal près de 3.000 soldats de plusieurs pays de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest (CDEAO) et 500 soldats des trois pays occidentaux co-organisateurs (France, Etats-Unis, Royaume-Uni), rappelle-t-on.

La réunion préparatoire de Libreville, qui a vu mercredi et jeudi plusieurs intervenants développer les expériences collectives de maintien de la paix déjà effectuées en Afrique de l'Ouest et en République centrafricaine (RCA), doit s'achever vendredi avec "l'étude de la mise en oeuvre d'un état-major assurant le commandement d'une OMP et des règles d'engagement" et la présentation de l'exercice "Gabon 2000".

Les pays et organisations africaines invités au séminaire sont l'Angola, le Cameroun, le Congo, le Burundi, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RCA, le Tchad, Sao Tomé et Principe, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, le Bénin, le Burkina-Faso, Djibouti, la Gambie, le Nigeria, le Sénégal, le Ghana, le Mali, le Maroc, Madagascar, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, le Togo, le Zimbabwe, l'Egypte et l'Afrique du sud, avec l'OUA, la CEEAC, la SADC, la CEDEA, l'IGAD, l'ANAD et le CCPNUSAC.

Les pays occidentaux qui ont répondu à l'invitation des organisateurs sont, outre la France, les Etats-Unis, le Canada, le Portugal, l'Italie, le Canada, l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, la Russie, le Japon, le Brésil, l'Allemagne, le Danemark, avec l'Union européenne et l'Union de l'Europe occidentale (UEO).

 

RECAMP: un concept français pour aider au maintien de la paix en Afrique

LIBREVILLE, 14 janv (AFP) - Le concept de Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (RECAMP), développé depuis 1994 par la France, vise à aider les pays du continent à mener une opération militaire multinationale, entièrement africaine, de maintien de la paix.

Ce concept doit permettre aux pays d'Afrique d'être en mesure d'engager, en cas de besoin, des unités dans des opérations internationales mandatées par les Nations unies et sous l'égide de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA).

Son originalité repose sur la mise à leur disposition par des pays "donateurs", pour l'instant la France, d'un matériel RECAMP préalablement prépositionné en Afrique.

Partant de ce principe, l'armée française a prépositionné depuis le mois de janvier 1998 à Dakar, au Sénégal, un équipement (véhicules de transport, armements et moyens de transmissions) d'un bataillon africain de maintien de la paix et un hôpital de campagne.

Ce matériel, utilisé lors de l'exercice multinational "Guidimakha" qui s'est déroulé en février 98 au Sénégal, a ensuite servi à équiper une partie de la Mission des Nations unies en République centrafricaine (MINURCA), déployée dans le cadre de l'application des accords de Bangui.

Pour l'opération "Gabon 2000", un matériel équivalent a été prépositionné à Libreville en octobre 1999. Il pourra lui aussi servir à une éventuelle opération africaine de maintien de la paix dans la sous-région d'Afrique centrale.

Le programme RECAMP "a le double avantage, non seulement de respecter les accords de coopération qui lient la France et les pays africains, mais également de voir établi dans chaque Etat un potentiel, en ressources humaines et matérielles, prêt à un intervenir dans les sous-régions concernées", déclarait en juin lors du séminaire politico-militaire de Libreville un haut responsable gabonais.

En 1998, la France a consacré 180 millions de francs à ce programme. Une dotation qui a été reconduite pour 1999.