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UNE GUERRE METHODIQUEMENT PLANIFIEE PAR LES SERBES AVANT LE DEBUT DES HOSTILITES

Radovan Karadzic ( 14 octobre 1991, devant le Parlement Bosniaque) : "en cas d'indépendance, les musulmans seront massacrés"

UNE GUERRE DONT LA RESPONSABILITE INCOMBE A LA PARTIE SERBE

Département d' Etat américain: "Les exactions auxquelles se livrent les forces serbes, en Bosnie, vont au-delà de tout ce qui a été observé en Europe depuis l'époque des nazis [...] Les atrocités des Croates et des Musulmans bosniaques pâlissent à côté de l'ampleur et de la cruauté calculées des tueries et autres abus perpétrés par les forces serbes et serbes bosniaques contre les Musulmans de Bosnie. [...]" (Le Monde, 21 janvier 1993)

Commission des droits de l'homme de l'ONU, le 23 février 1993: "Les responsables des forces paramilitaires serbes [agissant] en Bosnie et en Croatie, ainsi que les chefs politiques et militaires de Belgrade, sont les responsables des actes les plus répréhensibles, les plus systématiquement organisés et les plus nombreux." (Le Monde, 25 Février 1993)

UNE GUERRE DE GENOCIDE

En juin 1993 : de 200 000 à 250 000 morts environ soit 10 % de la population musulmane dont 90 % de victimes civiles

Dans son but comme dans sa méthode, la "purification ethnique" - euphémisme serbe pour dire meurtres, tortures, viols et déportation - est bien un génocide, selon la Convention Internationale sur le génocide.

"L'offensive contre la Bosnie avait toutes les caractéristiques d'un génocide, mais aucun officiel ne voulait prononcer le mot, car reconnaître cela l'aurait obligé à proposer une réponse politique. Aussi n'y eut-il aucune confirmation officielle et l'intérêt du public pour la question et l'intérêt du public pour la question alla-t-il s'affaiblissant.Le secrétaire d'Etat américain en exercice alla même jusqu'à émettre publiquement des réserves sur toute l'affaire. "
Sous le choc des atrocités révélées par leurs commissions d'enquête, les Etats-Unis et l'Europe ont fait part de leur indignation. Ils ont pris ensuite des mesures quasi symboliques, et mis en place une aide humanitaire importante. Mais jamais ils ne se sont donné les moyens d'une menace crédible. Pendant des semaines, ils se sont concertés sur la manière de faire respecter ou non l'interdiction du survol de la Bosnie par l'aviation serbe. Mais sans agir.

"Les bombardements serbes contre les habitations sont organisés de manière à toucher tous les points importants des villes . Il s'agit toujours de tirs très précis, régulièrement espacés et causant de vrais bains de sang. Les bombardements serbes sont calculés pour tuer des civils" ( Louis Gentille, délégué du HCR, Le Monde, 19 avril 1993)

"En Bosnie-Herzégovine, faut-il le rappeler, le rapport des forces est totalement déséquilibré. Les milices serbes disposent d'environ 67 000 hommes, 300 chars lourds, 180 véhicules blindés pour le transport des troupes (VBTT), et 480 pièces d'artillerie. Le cas échéant, elles peuvent obtenir le soutien de l'armée fédérale, qui leur est entièrement acquis. Celle-ci possède environ 1000 chars lourds, 950 VBTT, 1300 pièces d'artillerie, des missiles, 480 avions de combat, 136 hélicoptères armés et 135 000 soldats d'active" (estimations recoupées par l'Institut International d'Etudes stratégiques de Londres, en septembre 1992, cité par Raufer et Haut, op. cit. 164-166)

"Les Musulmans, eux, ont levé une garde territoriale de 60 000 hommes environ. Si ce n'est qu'ils ont pour "alliés intermittents" les Croates, leur force à eux s'arréte pratiquement là. Ils disposent encore de quelques mortiers et de quelques canons. "Selon des sources officielles américaines: 2 chars d'assaut, 2 transports de troupes blindés et une vingtaine de pièces d'artillerie lourdes ou moyennes." (X. Raufer et F. Haut, Le chaos balkanique, p.65)

Le déséquilibre est manifeste: les uns se défendent tant bien que mal avec avant tout des armes légères, les autres disposent de canons, de tanks et d'avions par centaines. "Peut-on en effet appeler "guerre" I'injustice hallucinante d'une attaque armée, avec avions de combat, tanks et canons, contre un village de paysans, un bourg de civils, un quartier de la ville- La mise à sac et la démolition systématique et radicale de certains de ces lieux, déjà vidés de leurs habitants- Peut-on comprendre les inconcevables abominations […] exercées contre tous, enfants, femmes, hommes, vieillards […]- Comment peut-on imaginer la répétition de tout cela dans une telle durée, pendant tous ces mois de tergiversations dans l'Europe abritée, alors que nous savons ce que coûte une seule minute de vraie souffrance-" (Véronique NahoumGrappe, Le Monde, 13 janvier 1992)

UNE GUERRE OU LE VIOL ET LA CONCEPTION FORCEE SONT UTILISEE POUR LA PREMIERE FOIS DANS L'HISTOIRE MILITAIRE MODERNE COMME ARMES DE GUERRE

Rapport de la mission d'enquête de la CE : 20 000 femmes violées

"Nous avons l'ordre de violer les filles". Tels sont les mots que Miranda, vingt-trois ans, l'une des vingt jeunes victimes interviewées pour Newsday, dit avoir entendu de la bouche du jeune homme qui l'a violée. Il a également dit qu'il "avait honte d'être serbe", ajoutant : "tout ce qui se passe ici est crime de guerre".

"Les femmes bosniaques violées et relâchées enceintes trop tard pour un avortement sont estimées par l'ONU à plusieurs dizaines de milliers. Il ne s'agit pas de quelques soudards enivrés ou de quelques sadiques obsédés […]
Ces horreurs sont ici centrales et non pas marginales. Elles s'appuient sur des décisions et des stratégies légitimées par une conviction , une foi en un objet mythique, à savoir en une définition "ethnique" d'un groupe social, quel qu'il soit. […]" (Véronique nahoum-Grappe, Le Monde, 13 janvier 1993)

Amnesty International rapporte la présence de centres de détention créés uniquement en vue de viols et de sévices sexuels commis sur des femmes.

UNE GUERRE OU LES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME NE SONT PAS LE RESULTAT MAIS L'OBJECTIF MEME DU CONFLIT

Les enquêteurs du gouvernement des Etats-Unis sont parvenus à la conclusion que les gardiens serbes ont tué au moins 5000 hommes au camp d'Omarska sur les 13 000 qui étaient passés.

Les milices serbes sont apparues dès le début de la guerre, en Croatie puis en Bosnie
L'une de ces milices, les aigles blancs, tristement célèbres par les atrocités commises à l'encontre des populations, est celle du leader du parti radical Serbe, Vojislav Seselj. Ce parti radical a obtenu 30 % des sièges aux élections législatives en Serbie de décembre 1992. Seslj avait entamé sa première campagne électorale en 1991 en déclarant dans une banlieue ouvrère de Belgrade dont il est par la suite devenu député, qu' "il faut égorger les Croates, non pas avec un couteau, mais avec une cuiller rouillée"
Seselj a dirigé en personne de très nombreuses exactions que ses unités paramilitaires ont perpetré en Croatie et en Bosnie.

Les témoignages montrent la claire volonté des fondamentalistes panserbes - imprégnés d'une mythologie sanglante et obsédés depuis plus de six cent ans par l'idée fixe de venger la défaite du Champ des Merles au Kosovo - d'exterminer les musulmans bosniaques, au sens strictement physique du terme. Laissant de côté les plus boulversants et les plus monstrueux, je n'en mentionnerai qu'un seul, extrait du remarquable reportage de David Rieff dans le New Yorker, et recueilli par lui de la bouche de l'ex-responsable du HCR, José Maria Mendiluce.
L'épisode se situe dans la petite ville bosniaque de Zvornic, au moment de son occupation par le groupe d'irréguliers qui s'est rendu tristement célèbre sous le nom d'"Aigles Blancs". J'ai vu, déclare Mendiluce, des hommes tout à fait normaux en apparence, mettre des enfants sous les chenilles des chars et d'autres hommes en pleine possession de leur raison les écraser […] Ces gens suivent une stratégie cohérente. Leur objectif est de répandre le maximum de terreur dans la population civile, de détruire le maximum de biens et d'exercer le maximum de violence sur des femmes et des enfants. Une fois que les irréguliers ont accompli leur tâche, les autorités établies - les milices de Karadzic et la police - viennent restaurer l'ordre.
Le témoignage d'Abzija Meduzerjac, veuve, cinquante-et-un ans, sur ce qui s'est passé à Vishegrad en mai 1992 mérite d'être reproduit. […] "Une de mes connaissances, Hasan Brko, a eu les deux bras coupés et ils l'ont obligé à boire son sang. Puis ils l'ont égorgé à son tour et l'ont jeté dans la rivière."
"Les "Aigles Blancs" venaient de Vukovar mais ils ont recruté beaucoup de Serbes dans la ville. Ils sont arrivés chez moi guidés par un voisin. Ils ont demandé mon fils aîné, enrôlé dans l'armée bosniaque et ont annoncé qu'ils reviendraient. Craignant pour ma fille, je l'ai envoyé dans un autre quartier où elle a pu se cacher et sauver sa vie. Le lendemain à dix heures du soir, ils se sont présentés sans le voisin. Ils nous ont frappé moi et mon fils cadet, ils nous ont obligés à nous coucher par terre en nous visant de leurs armes et ils m'ont forcée à mettre le canon d'un pistolet chargé dans la bouche de mon enfant pendant qu'ils me rouaient de coups de poing et de pied pour que j'appuie sur la détente. Puis ils se sont fatigués de ce jeu et, je ne sais pas pourquoi, ils nous ont laissés. Je suis resté huit jours sans voix : j'étais incapable d'articuler une syllabe.
"Les musulmans qui s'étaient réfugiés à Gorazde avaient reçu la promesse qu'ils pourraient revenir. Ceux qui y ont cru sont morts. Ils en ont entassé plus de trois cent dans la Vieille Mosquée, près de la gare des autobus, et ont mis le feu. Je n'oublierai jamais les cris de terreur et l'odeur de la chair brûlée.
Des jeunes filles ont tenté de se suicider en se jetant du haut des chambres où les avaient enfermés les Aigles Blancs pour les violer. Une voisine et sa fille de dix-sept ans ont été violées, égorgées, et jetées dans la rivière. Une jeune fille a réussi à s'échapper après avoir été arrosée d'essence et brûlée, sans peau, sans cheveux, une seule plaie à vif, comme un fantôme ou un squelette. On a pu la sauver et elle est à l'hôpital de Ljubjana. "Je vis, dit-elle, pour témoigner. "

ANNEXES
Déportation dans des camps de la population musulmane des zones à majorité serbe et des zones
de Bosnie orientale proches de la Serbie : entre juillet 1992 et janvier 1993 le CICR a répertorié quelque 13 000 détenus
dans 70 centres de détention. Néanmoins, la torture et les exécutions en masse ne semblent pas être pratiquées dans tous les camps
où, pour la plupart, ne sont pas incarcérés des prisonniers de guerre mais des populations civiles en vue d'un échange
de détenus.

Les oublis de Dayton :
· Les serbes, qui représentaient avant la guerre 31,4 % de la population bosniaque, obtiennent 49 % de la Bosnie, récompensant ainsi leur politique génocidaire
· La plupart des criminels de guerre sont restés en liberté, notamment Radovan Karadzic et Radko Mladic
· Aujourd'hui, les Occidentaux veulent avoir la paix. […]La paix qu'ils défendent [...] c'est la paix du "laissez-moi la paix" avec vos villes saccagées, vos mosquées rasées, vos bébés assassinés par des francs-tireurs, vos enterrements bombardés et vos détenus expiant le péché de ne pas être serbes en mangeant de l'herbe pour rester vivants. (A. Finkielkraut)