Croates, Serbes, Musulmans pendant la guerre de 1941 à 1945

 

Gregory Peroche, éditions François-Xavier de Guibert, extraits

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1 - POURQUOI LE NOMBRE DE VICTIMES, UN MILLION, EST SI ÉLEVÉ
2 - LES CRIMES DE 1941-1945 DANS LES MÉDIAS
3 - LE MASSACRE DE SERBES PAR LES COMMUNISTES EN SERBIE EN 1944-1945
4- LA TRAGEDIE DE BLEIBURG OU LE "CHEMIN DE CROIX CROATE ": 15 MAI 1945
5 - 1941-1945: UN MILLION DE MORTS EN YOUGOSLAVIE
6 - LA RESPONSABILITÉ INITIALE DES ASSASSINATS ET DES MASSACRES : AVRIL-AOUT 1941
CONCLUSION

1 - POURQUOI LE NOMBRE DE VICTIMES, UN MILLION, EST SI ÉLEVÉ

Nous en avons déjà donné les principales raisons qu'il convient de rappeler et compléter avec d'autres raisons inhérentes à toute guerre, surtout dans le contexte balkanique:

- les séquelles de la dictature et de l'oppression en Yougoslavie, entre 1918 et 1941;

- les raisons idéologiques;

- les raisons nationales.

A ces principales raisons, s'en ajoutent d'autres, et non les moindres, comme conséquences de chaque guerre:

- la haine et la vengeance pour les crimes ou l'oppression commis dans la période lointaine (le mythe de Kosovo et la vengeance contre les musulmans);

- la rapine, la quête du butin, en dénonçant le voisin surtout s'il est d'une autre religion ou nationalité;

- enfin et surtout, le rôle des "petits chefs" locaux dont les exactions, répressions et crimes dépassent souvent l'intention ou la volonté de leurs maitres;

- la guerre qui éclate en ex-Yougoslavie est à la fois une guerre "nationale", une guerre civile, une guerre de religion et une guerre idéologique;

- au moment ou les "belligérants" n'avaient pas d'armée propre pour s 'imposer, tous les " autres" étaient considérés comme des ennemis potentiels

- la présence constante de l'insécurité et de la peur massive ne pouvait qu'amplifier l'impression de ce qu'avait fait "l'ennemi";

- dans l'horreur de cette guerre, il n'y a plus morale ni justice mais la haine; les "autres" ne sont plus des hommes mais des ennemis à abattre;

- un cycle de violences/répressions s'installe à partir de mai 1941 pour culminer entre juillet et octobre 1941, puis de nouveau fin 1944 début 1945;

- les "belligérants" commettent des crimes pour des idéaux considérés comme " nobles" depuis Machiavel pour, qui "la fin justifie les moyens":

- les Oustachis au nom de la "patrie historique";

- les Tchetniks au nom de la grande Serbie;

- les Partisans au nom d'une Yougoslavie des Soviets;

- les Italiens au nom de la grande Italie;

- les nazis pour la domination de l'Europe.

Dans ce contexte et dans ces conditions, il faut évoquer avec précaution les "génocides" imaginaires et les manipulations qui en sont faites pour "justifier" les crimes commis en Croatie et en Bosnie depuis 1991. Les Croates de Croatie ne faisaient pas la guerre aux Serbes de Serbie, ni ceux-ci aux Croates en Croatie. Mais ce sont les minorités nationales en général et les minorités serbes, en particulier, en rébellion aveugle contre un pouvoir établi par les occupants, qui en sont les plus grandes victimes. Et dans ce contexte, c'était fatal car les "conditions d'une libération" n'étaient pas réunies.

2 - LES CRIMES DE 1941-1945 DANS LES MÉDIAS

Depuis le XX° siècle, les écrits en Serbie et en Occident parlent du peuple serbe comme d'un "peuple martyr", tout en insistant sur son héroïsme, comme d'un peuple "porteur de la croix", "peuple élu" dans les Balkans, avec force jérémiades sur les millions de victimes serbes dans les différentes guerres depuis plusieurs siècles. Tout cela représente une part de vérité, mais surtout des exagérations et des contre-vérités historiques. Il en est de même pour la Première et de la Seconde Guerres mondiales. Dans chacune des deux Guerres mondiales, le nombre de victimes serbes serait supérieur à un million, et le nombre souvent cité est de trois millions. Représentant environ un tiers de la population globale, les Serbes revendiquaient la domination sur les nations non-serbes, au nom de leurs morts pour la "Yougoslavie" aussi bien en 1918 qu'en 1945. C'est totalement absurde, mais parfois suffisamment convaincant pour différents médias et autres officines spécialisées, même Si ces millions de morts serbes ne sont jamais ni détaillées, ni prouvées.

A l'appui de cette thèse, on cite les chiffres faramineux de 2,7 millions, 2,2 millions, 1,7 million dont 700 000 morts serbes dans le seul camp oustachi de Jasenovac. De même, quand on ne précise pas de quelles victimes il s'agit, elles sont versées par implication dans la population serbe. En outre les chiffres cités sont obtenus à partir de calculs démographiques entre les deux recensements de 1931 et 1948, de sorte qu'il suffit de doubler le taux de natalité (1,2 % avant 1931) pour obtenir le nombre des "pertes démographiques" (comprenant aussi le déficit de naissance dû à la guerre et l'émigration) qui atteint deux millions de victimes "yougoslaves ", c'est-à-dire serbes.Le premier chiffre de 1,4 million de victimes serbes des Oustacbis a été lancé dans le monde occidental par l'ambassadeur (serbe) yougoslave à Zurich en 1942 avec d'horribles détails sur les atrocités des Oustachis en oubliant celles des Tchetniks et des autres belligérants. Ce chiffre a effrayé les dirigeants du monde occidental et pour certains jusqu'à aujourd'hui, alors que c'était en réalité le début d'une nouvelle guerre de propagande infernale contre l'État croate, contre la nation croate, hier comme aujourd'hui ! Guerre de propagande contre les Croates dont le succès a dépassé toute attente.

Dès juin 1945, le pouvoir communiste annonce le chiffre d'un million sept cent mille morts en Yougoslavie durant la Seconde Guerre mondiale alors qu'aucun recensement de la population et aucune étude sérieuse à ce sujet n'avait été faite. Au début de 1946, les francs-maçons serbes qui s'étaient mis au service de la propagande de Tito avant d'être interdits en 1948, diffusent à leurs Frères en Occident ce chiffre de 1,7 million de morts, parlant du " génocide serbe", imputé non seulement aux Oustachis de Pavelic mais aussi, bien sûr, à l'Église catholique et au cardinal Stepinac, donc à toute la nation croate.

En réalité, depuis 1945, le régime communiste, coupable de la moitié des crimes, a toujours souhaité empêcher que l'on dresse un bilan comptable objectif des morts et des crimes commis par les "belligérants", et notamment par ses Partisans. Il était plus facile de taire ses propres responsabilités, d'avancer un chiffre exagéré et d'imputer le tout à Pavelic et aux Croates. Quelques recensements faits par le régime de Tito ou par des historiens, qui contredisaient le chiffre officiel des 1,7 million de morts, ont été tenus secrets ou interdits de publication, ceux qui contestaient ouvertement la "vérité officielle" de l'État yougoslave étant condamnés.

Avant la conférence de paix de Paris en 1947, le pouvoir communiste commande à J 'Institut des Statistiques de Belgrade une étude sur les "pertes démographiques" de la guerre. Comme les principaux dirigeants dudit Institut se dérobent, ils trouvent un étudiant, fort en mathématiques, pour faire ce travail en deux semaines, en lui recommandant de trouver le nombre de victimes le plus élevé possible. Le résultat de cette étude donne effectivement des pertes démographiques de 1,7 million, qui deviendront le chiffre officiel de la Yougoslavie, notamment au moment de la demande de réparations de guerre à l'Allemagne de Willy Brandt dans les années 1970.

Le chiffre officiel de 1,7 million de morts étant contesté par l'Allemagne, Tito commande une nouvelle étude en 1964 sur les victimes de la Seconde Guerre mondiale. Cette étude conclut à environ 600 000 morts, Partisans et victimes civiles. Contraire à la propagande de Belgrade, cette étude a été interdite de publication et elle demeure un "secret d' Etat" à Belgrade. Selon cette étude, le nombre de victimes, outre ceux qui avaient collaboré avec les occupants allemands et Italiens, était le suivant: 356 000 dans l'État croate de Pavelic, dont 185 000 en Croatie et 171 000 en Bosnie, et 241 000 dans les autres républiques de l'ex-Yougoslavie. Le nombre plus élevé de victimes "dans" l'État croate de Pavelic s'expliquait par le fait que la Bosnie et la Croatie ont été le principal théâtre de la guerre en ex-Yougoslavie entre 1941 et 1945.

Les pertes "démographiques" ne sont pas des pertes "réelles", c'est-à-dire des morts de la guerre. Pour trouver ce dernier chiffre, il faut soustraire I 'émigration d'environ 700 000 personnes (500 000 Allemands expulsés de Voïvodine et 200 000 autres Yougoslaves émigrés pendant la guerre ou immédiatement après face à la terreur communiste). Le chiffre des ((pertes réelles", des morts en Yougoslavie, n'est plus que d'environ un million. Ceci a été confirmé par l'étudiant auteur de l'étude, V. Vuckovic qui, depuis, s'est exilé aux Etats-Unis où il vit toujours. D'autres études faites tant en Yougoslavie qu'aux Etats-Unis, ont abouti à environ un million de morts en Yougoslavie durant la Seconde Guerre mondiale. Mais depuis lors, on s 'accroche désespérément au chiffre de 1,7 million de morts pour ne pas mettre en cause le chiffre mythique des 700 000 Serbes morts dans le camp de Jasenovac. On a continué à mentir pour ne pas "disculper statistiquement les Croates et la Croatie", tant à Belgrade que dans la plupart des capitales occidentales, pour se donner des airs de " comprendre" l'agression serbe contre la Croatie en 1991 et contre la Bosnie en, 1992.

Selon Dobrica Cosic, le grand écrivain qui fut président de la nouvelle "Yougoslavie "-croupion, le mensonge dans l 'histoire serbe est aussi important que la guerre. Doit-on en conclure qu'à Belgrade prédomine une " civilisation du mensonge", qui n'est ni occidentale ni orthodoxe?

Pour illustrer ces propos, nous ne donnerons qu'un seul exemple, le "témoignage" de John Rantz publié dans la revue World Affairs de mars 1995: "Nous qui avons survécu à l'holocauste, nous comprenons bien les Serbes dans leur combat pour la liberté (NDLR, 1991 -1995) en Croatie et en Bosnie, et ce combat doit inclure tout homme honnête. Les Serbes se sont battus contre les nazis, ils ont payé un prix terrible parce qu'ils étaient du côté des Alliés contre Hitler. L'humanité leur doit la gratitude. Ils ont sauvé aussi des soldats alliés, y compris des centaines de pilotes américains."

John Rantz est le président de l'association américaine des survivants du camp de Buchenwald. Il compare Jasenovac à Auschwitz et affirme que les "nazis croates" ont exterminé 95 % des Juifs en Yougoslavie, donc y compris en Serbie où il n'y a jamais eu aucun Oustachi, et 900 000 Serbes, donc le double du chiffre réaliste, en y comprenant ceux qui ont été massacrés par les Allemands, par les Partisans et par les Tchetniks. Il tient que le gouvernement du président Tudjman serait un gouvernement néo-nazi, alors que Franjo Tudjman a pris les armes à 19 ans pour combattre le nazisme, bien avant beaucoup d'autres... Comme d'habitude, rien n'est dit sur les victimes croates, musulmanes, etc. Selon Cet auteur, les Serbes auraient décidé de ne plus jamais se laisser gouverner par ceux qui tuaient leurs pères, mères et enfants. Les Serbes, dit-il, se rappellent encore les camps de concentration, la destruction totale des villages serbes par les nazis et leurs alliés croates et musulmans de Bosnie. Outre les Juifs, les Serbes seraient ceux qui le plus ont souffert en Europe du fait de ces "bons voisins".

Comme il y a 50 ans par le mensonge et la haine, on tente aujourd'hui de justifier en Occident le génocide, les crimes contre l'humanité et le nettoyage ethnique. Cet article a été publié dans les journaux de Belgrade. La boucle est bouclée et on ne doit plus s'étonner que la grande majorité des Serbes aient soutenu la politique de Milosevic.

La propagande de Belgrade, pendant dix ans, depuis la mort de Tito, a "préparé" l'opinion publique serbe et internationale, en inventant de nouveaux prétendus " génocides serbes " au Kosovo (où les seules victimes ont été albanaises), en Croatie et en Bosnie pour perpétrer un génocide bien réel par l'agression serbe en Croatie, puis en Bosnie.

Par la manipulation des masses serbes, ces " génocides ", ces "nettoyages ethniques des Serbes" sont devenus le prétexte pour " défendre" les minorités serbes au Kosovo, en Bosnie et en Croatie, et les enrôler dans la guerre qui sera déclenchée délibérément en 199 1.

3 - LE MASSACRE DE SERBES PAR LES COMMUNISTES EN SERBIE EN 1944-1945

Après quelques actions de sabotage des communistes serbes en juillet et août et l'occupation de la ville d'Uzice en octobre 1941, d'où ils sont chassés en Bosnie (première offensive allemande), la résistance communiste en Serbie est inexistante jusqu' en octobre 1944. La Serbie est solidement tenue par les Allemands (sur l'axe Belgrade-Skopje-Salonique) avec l'aide de Tchetniks serbes de Nedic, Ljotic, Pecanac, Draza Mihajlovic... Cette situation va changer rapidement en octobre 1944 du fait de l'avance de l'Armée Rouge.

L'Armée Rouge soviétique, par une percée foudroyante, "libère" la Roumanie (24 août 1944) et la Bulgarie (9 septembre 1944). Avec les nouveaux soldats communistes roumains et bulgares, l'Armée

Rouge menace directement la Serbie et la Voïvodine en octobre 1944. La résistance communiste étant inexistante en Serbie, par crainte que l'Armée Rouge ne "libère" toute la Serbie, Tito fait dépêcher en Serbie ses troupes de la Bosnie et du Monténégro. L'Armée Rouge lui fait la politesse de leur laisser "libérer" Belgrade le 20 octobre 1944.

Le massacre de Serbes fin 1944

Les troupes de Bosnie et du Monténégro que Tito envoie en Serbie sont composées essentiellement de Serbes de ces deux républiques. D'octobre à décembre 1944, des dizaines de milliers de Serbes, Tchetniks ou autres ennemis de classe, sont massacrés par ces Serbes "d'outre-Drina" au moment de la libération de la Serbie. Des massacres et des milliers de viols sont aussi commis en Serbie et en Voïvodine par les " soldats frères" russes et bulgares.

On a peu d'informations sur ces massacres en Serbie fin 1944 car les historiens serbes sont peu prolixes à ce sujet, et le nombre des victimes serbes est sujet à caution. Selon les études et le recensement de ces victimes par les étudiants de l'université de Kragujevac dans les années 1985-1987, le nombre de ces victimes s'élève au moins à150000 morts.

Vuk Draskovic, pour sa part, avance un chiffre de 250 000 morts serbes dont 12 000 intellectuels, et Anne Yelen parle de 450 000 Serbes "trucidés " par les communistes. Le chiffre de 150 000 victimes serbes au moment de la libération de la Serbie parait le plus vraisemblable.

On peut avancer une première hypothèse comme raison de ces mas-sacres: c 'est que la grande majorité des nouveaux dirigeants communistes de Serbie sont originaires du Monténégro et de la Bosnie, et cette situation changera peu jusqu ' en 1994. Ces nouveaux dirigeants " d'outreDrina", se sont vengés sur leurs propres nationaux de la collaboration des Tchetniks avec l'occupant allemand.

Pendant que les communistes du Monténégro et de la Bosnie "libéraient" la Serbie, les troupes allemandes, comme en 1918, ont pu battre en retraite sur plus de 1 000 km de Salonique vers le front de Voïvodine et vers Trieste à travers le Kosovo et la Bosnie sans livrer bataille.

Massacre des Serbes avril 1945

Fin avril 1945, Hitler est déjà mort, et les troupes allemandes commencent à se replier vers l'Autriche. C'est alors que Staline décide d'attaquer la Croatie de Pavelic par le Srijem et la Slavonie. Les "nouveaux" dirigeants serbes envoient sur le front du Srijem des

troupes "fraiches" composées essentiellement de jeunes Serbes sans expérience du combat de sorte que l'hécatombe sur le front du Srijem, fin avril 1945, se chiffre entre 15 000 et 85 000 jeunes Serbes morts, selon les différentes sources serbes.

Tous ces combats pour l'honneur de libérer la Serbie et d'être "du côté des vainqueurs" se soldent par au moins 200 000 victimes serbes.

Malgré le silence de plomb qui pèse sur ces victimes serbes à Belgrade, on ne saurait manquer de les retrouver dans les statistiques globales de la guerre en Yougoslavie. Pour l'instant, la totalité est portée au compte des Oustachis, qui n'ont, rappelons-le, jamais mis les pieds en Serbie.

L'une des conséquences inattendues de ces massacres de Serbes est peut-être que l'on a accordé en 1946-1947 le titre de "résistants", et la pension qui lui est attachée, aux 300 000 soldats serbes de la Première Guerre mondiale auxquels le roi Alexandre Karadjordjevic' avait refusé une pension militaire en... 1925.

La revanche de l’Ile Nue, 1948-1950

Ces massacres des Serbes par d'autres Serbes, de l'autre côté de la Drina, ne se sont malheureusement pas terminés en 1945. Après la rupture de Tîto avec Staline en 1948, plusieurs dizaines de milliers d'arrestations ont été opérées en Yougoslavie, surtout parmi les membres de l'armée "populaire" yougoslave (J.N.A.) et comme par hasard la majorité des officiers arrêtés étaient des Serbes du Monténégro et de BosnieHerzégovine. Des milliers de ces "prisonniers" à l'Ile Nue (Goli Otok), près de Rijeka, ont été torturés à mort ou assassinés. On ne connaît pas "officiellement" le nombre de ces victimes serbes dont le nombre varie, selon les sources, de 10 000 à 30 000 victimes de cette épuration. Il faut noter qu'à cette époque le grand chef de toutes les polices était justement un Grand-serbe, l'abominable Alexandre Rankovic, qui a choisi personnellement les camps de concentration et le camp de l'Ile Nue. S'agit-il alors d'une vendetta pour avoir massacré des Serbes de Serbie en 1944? Seuls les historiens émérites de Belgrade pourraient nous donner une réponse à cette question. S 'ils voulaient bien se la poser.

Les " morts et les vivants " en 1994

Les veuves et les mères au Monténégro de ces officiers assassinés en 1948 demandent en 1995 des réponses sur le pourquoi de ces assassinats. Elles exigent de connaître l'endroit où sont enterrés leurs maris ou leurs fils pour pouvoir se recueillir sur leurs tombes, aujourd'hui encore inconnues.

Pour l'instant, les autorités politiques et militaires de Belgrade restent sourdes à leurs suppliques.

 ces affaires relatives à la Seconde Guerre mondiale s'ajoute aussi l'affaire des massacres en Serbie durant la Première Guerre mondiale, commis par des Serbes de l'armée autrichienne. On murmure de plus en plus à haute voix à Belgrade que certains massacres, viols et pillages ont été commis par les Serbes de Croatie et de Bosnie qui se battaient dans l'armée autrichienne contre leurs "frères" orthodoxes de Serbie. C'est encore une autre page de l'histoire de la Serbie qui reste à élucider pour comprendre en quoi consiste le "martyre" que le peuple serbe est censé avoir subi pour la grande Serbie au cours du XX° siècle.

Ces histoires des "morts et des vivants" de la Seconde Guerre mondiale réapparaissent en Serbie encore en 1994, dans une affaire du "Calendrier orthodoxe" pour 1995, publié en Voivodine, à Novi-Sad. Depuis quelques mois les Serbes de Serbie accusaient les Serbes de l'autre côté de la Drina, c 'est-à-dire les Serbes de Bosnie, "d'agression" contre le peuple serbe. Ces derniers n'acceptaient pas le partage de la Bosnie avec 49 % pour les Serbes. Ils menaçaient même les Serbes de Serbie de venir à Belgrade pour " serbiser" la capitale serbe. Milovsevié les menaça en retour de livrer les tueurs Sejelj, Arkan, Karadzic et Mladic au tribunal international de La Haye qui les a inculpés comme criminels de guerre.

Cette querelle entre les Serbes de Serbie, les Serbes autochtones, et les autres Serbes, en majorité d' origine valaque, de l'autre côté de la Drina (les Serbes "Pretchani"), prend des proportions alarmantes avec la publication du calendrier orthodoxe à Novi-Sad, où vivent les Serbes "de l'école latine" c'est-à-dire occidentaux, avec un titre retentissant : "Protéger la Serbie et les Serbes autochtones", en affirmant que le pouvoir à Belgrade est dans les mains de Serbes non autochtones. La diffusion de ce calendrier a été interdite, et l'Eglise orthodoxe serbe prie pour éviter un nouveau "raskol", un nouveau schisme au sein du céleste peuple serbe.

4- LA TRAGEDIE DE BLEIBURG OU LE "CHEMIN DE CROIX CROATE ": 15 MAI 1945

Le 8 mai 1945, jour de la capitulation de l'Allemagne nazie, commence la tragédie de Bleiburg et le "chemin de croix croate". Comme cet événement tragique est mal connu en France, il est nécessaire de le situer dans le contexte historique et rappeler les acteurs de cette tragédie croate.

1.Le contexte historique

Après leur débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, les Alliés sont confrontés à une très forte résistance allemande du fait des renforts retirés du front de l'Est. L'Armée rouge en profite pour enfoncer; à l' Est, les défenses allemandes et occuper la Bulgarie, la Roumanie, une partie de la Hongrie, et la Voïvodine. Belgrade capitule le 20 octobre 1944. Le front se stabilise pendant six mois sur la frontière de la Croatie, jusqu'en avril 1945, ce qui, nous l'avons vu, permet le retrait sans combat des troupes allemandes depuis la Grèce, comme en 1918.

Au début de 1945, Staline propose encore une fois à Pavelic la reconnaissance de l'Etat croate, avec, en contrepartie, la légalisation du Parti communiste croate. Déjà, en 1944, Staline avait exigé que les Alliés ne bombardent pas Zagreb, alors que les villes de Split, Zadar, Pula, comme Belgrade n'avaient pas été épargnées par l'aviation des Alliés. Quand Pavelic décline l'offre de Staline, à cause de son anticommunisme viscéral, Staline ordonne une offensive vers le 20 avril 1945 et, après de lourds combats dans le Srijem, où sont tués les milliers de jeunes soldats serbes dont nous avons parlé, les armées communistes s'approchent de Zagreb le 5 mai.

Pendant ce temps, les Partisans de Tito poursuivent les troupes allemandes (en retraite vers l'Autriche), en Bosnie, en Dalmatie et en Istrie et s'emparent de Trieste et de Gorica (Gorizia), sur la frontière italienne, avant l'arrivée des Alliés.

Dans ce contexte, Pavelic décide l'évacuation de Zagreb le 6 mai 1945 en se retirant vers l'Autriche avec son armée et plusieurs dizaines de milliers de civils, fuyant la nouvelle terreur communiste, pour se rendre aux Alliés plutôt qu'aux communistes. Le 6 mai, s'ébranle une colonne longue de plus de cinquante kilomètres de Zagreb vers l'Autriche, distante d'une centaine de kilomètres. Les estimations de leur nombre varient entre 300 et 500 000 personnes, dont de 200 à 400 000 de Croates.

L'arrière de la colonne de réfugiés, plus de 50 000 personnes, est interceptée par les partisans slovènes, russes et bulgares où tous les soldats sont désarmés et plusieurs milliers immédiatement fusillés, dont environ 10 000 Slovènes à Kocevski Rog. Le gros de la colonne de réfugiés réussit à passer la frontière d'Autriche et arrive vers le 15 mai aux alentours de la ville de Bleiburg en Autriche.

Déjà avant le départ, Pavelic avait informé le général britanniqueAlexander de son intention de fuir en Autriche et de se rendre auxAlliés. Dès l'arrivée en Autriche, plusieurs généraux croates, desOustachis et des soldats de l'armée régulière des Domobrani prennentcontact avec les responsables militaires des Alliés et proposent démobilisation complète de l'armée croate en demandant à pouvoir émigrer par la suite dans les pays occidentaux.

Les Britanniques acceptent la demande des réfugiés croates qui, en échange, acceptent d'être totalement désarmés les 16 et 17 mai, donc une semaine après la capitulation de l'Allemagne. Ils espèrent ensuite se rendre en Italie et, de là, dans les pays occidentaux.

2. La trahison des Britanniques

Or, au fur et à mesure de l'arrivée des réfugiés croates, une sélection est faite concernant la population civile et, ensuite, les soldats après leur désarmement. Les groupes étant constitués selon les "critères britanniques", certains réfugiés pourront continuer le chemin vers l'Italie et l'Occident, mais pour la grande majorité, il a été décidé de les livrer, désarmés, aux Partisans de Tito, non sans savoir, probablement, quel est sort qui les attend car, depuis le mois d'avril, les communistes russes ont assassiné plusieurs centaines de milliers de soldats allemands et Cosaques ou autres alliés des Allemands dans les pays de l'Est. Les responsables britanniques ne pouvaient donc pas ignorer le sort que les communistes réservaient à leurs ennemis. Et pourtant, les officiers supérieurs croates ont été immédiatement livrés aux communistes, et assassinés après un simulacre de procès.

Dès le 19 mai, donc, plusieurs milliers d'officiers et de soldats croates, livrés aux communistes, ont été fusillés dans les environs immédiats de Bleiburg. Un certain nombre de réfugiés, après ces premiers massacres, se sont enfuis vers les montagnes et, échappant aux massacres, ont réussi à rejoindre les pays occidentaux.

3. Le " Chemin de croix " croate

Tous les réfugiés, faits prisonniers, ayant été livrés aux communistes yougoslaves, commence alors le " Chemin de croix" pour des dizaines de milliers de personnes vers une destination inconnue. Sur le chemin vers la Slovénie et, ensuite, vers Zagreb, plusieurs milliers de prisonniers sont assassinés le jour et surtout la nuit, parfois enterrés vivants ou écrasés par les chars, et leurs corps sont ensuite jetés dans des grottes, dont la plus connue est celle de Jadovno. La longue colonne de réfugiés marche toute la journée, affamée et assoiffée et avec de plus en plus de malades. Ceux-ci, et ceux qui ne peuvent plus avancer, sont regroupés à la fin de la colonne et massacrés la première nuit venue. Après Zagreb, toujours une longue colonne de prisonniers croates est dirigée vers Osijek et ensuite vers Belgrade, avec toujours les mêmes scènes de tortures et de massacres.

Les Partisans de Tito, dont les principaux chefs militaires étaient serbes et souvent d'anciens Tchetniks, ont appliqué " scrupuleusement" les consignes des Britanniques. Et c'est cela, le " secret" des archives britanniques toujours inaccessibles pour le prince Tolstoy.

La première vérité de la Tragédie de Bleiburg est que les massacres ont bien eu lieu, comme le confirme aussi Milovan Djilas (Wartime, Londres, 1977), qui en attribue la responsabilité principale à Tito.

4. Combien de morts dans la tragédie de Bleiburg

Selon les sources nationalistes croates, le nombre de Croates morts à Bleiburg et sur le " chemin de croix croate ", se situerait entre 200 et 300000. Selon les historiens, Vladimir Zerjavic et Bogoljub Kocovic, le nombre de morts Croates, après l'étude sur les victimes en Yougoslavie entre 1941-1945, ne serait que de l'ordre de 50 000. En partant de ce chiffre et en ajoutant les morts slovènes, monténégrins, serbes, etc., pour l'ex-Yougoslavie, on aboutit à un chiffre qui est plus près de 100 000 que de 50 000. Si l'on ajoute les massacres des soldats allemands désarmés et massacrés, des Cosaques et autres soldats des pays qui étaient sous la domination allemande et réfugiés en Autriche devant l'avance de l'Armée rouge soviétique, on arrive à un chiffre variant entre au moins 300 000 à 500 000 morts en Autriche à la fin de la guerre de 1945. Si, parmi les victimes, il y a eu quelques centaines ou même quelques milliers de vrais criminels de guerre, cela veut dire aussi qu'il y a eu plusieurs centaines de milliers de victimes innocentes assassinées, et dont sont coupables les vainqueurs de la guerre, tout comme ils le sont des bombardements de dizaines de villes pendant cette guerre.

La Vérité et la Justice ne ressusciteront pas les morts, mais la Vérité doit être dite sur la tragédie de Bleiburg pour les morts et les vivants.

5 - 1941-1945: UN MILLION DE MORTS EN YOUGOSLAVIE

Le nombre exact des morts en Yougoslavie pendant cette période ne sera probablement jamais connu car les enquêtes menées à ce sujet par le régime de Tito en 1946 et 1954 n'ont jamais été publiées, et aucun travail scientifique n'a été fait à partir des archives (3 000 cartons) qui se trouvent à Belgrade, avec les archives de Pavelic et des Oustachis. L'absence de données fiables, voulue par Belgrade, permet aux belligérants et aux extrémistes des différentes nations de l'ex-Yougoslavie d'énoncer les chiffres de victimes les plus fantaisistes

- Pour les Serbes, le nombre de victimes serbes varie entre un million et un million quatre cent mille.

- Pour les Croates, rien que le nombre de victimes de Bleiburg varie entre 200 et 300 000 et le total des victimes s'élèverait au moins à500000.

- Pour les musulmans, le nombre de victimes varie entre 200 et

300000.

 défaut de chiffres officiels fiables et suite aux querelles de chiffres puis aux accusations serbes contre les Croates d'un "génocide serbe", deux historiens, l'un Serbe et l'autre Croate, après un travail scientifique et indépendant l'un de l'autre, arrivent à un chiffre total de morts en Yougoslavie d'un million de morts.

L'historien Serbe, Bogoljub Kocovic, publie à Londres en 1985 son ouvrage Victimes de la Seconde Guerre mondiale (Biblioteka Nase Delo), réédité à Sarajevo en 1990.

L'historien Croate, Vladîmir Zerjavic, publie à Zagreb en 1989, son étude Pertes de la population yougoslave pendant la Seconde Guerre mondiale.

Bogoljub Kocovic aboutit à un chiffre total de morts de 1 014 000 et V. Zerjavic à I 027 000. Statistiquement parlant, l'écart est négligeable, quoique des différences existent en ce qui concerne le nombre de morts par nationalités ou par causes de mort.

 

1. Comparaison des pertes réelles par nationalités

En négligeant les écarts entre les deux historiens et en faisant une moyenne de i 020 000 morts, dont 80 000 à l'étranger, principalement dans les camps en Allemagne, les principales pertes réelles de la population dues à la guerre seraient les suivantes

- Serbes: environ 500 000;

- Croates : environ 200 000;

- musulmans: environ 100 000;

- Juifs: environ 60 000;

- Monténégrins: 35 000.

Ces chiffres sont relativement proportionnels à la population globale de chaque nationalité, sauf pour les Juifs dont environ 80 % sont morts.

Les morts Serbes: le chiffre élevé de 500 000 morts peut s'expliquer par plusieurs raisons:

La population globale Serbe est la plus importante;

Depuis 1921, les statistiques de la population ont été toujours manipulées pour augmenter artificiellement le nombre de Serbes, davantage lors du recensement de 1931 que pour celui de 1948, dont les résultats n'ont pourtant été publiés qu'en 1951. Il est fort probable que le nombre de 500 000 morts serbes est exagéré et que leur nombre réel se situe entre 400 et 450 000. L'exode et le transfert entre 1941 et 1948 de populations Serbes de Bosnie, du Kosovo, et de Croatie en Serbie et en Voivodine pour y remplacer les 500 000 Allemands chassés n'améliorent pas la fiabilité des statistiques.

Le nombre élevé de soldats serbes morts en Slavonie et au Srijem à la fin de la guerre (entre 15 000 et 80 000 selon les estimations serbes) alors que les Allemands avec l'armée de Pavelic' battaient en retraite vers l'Autriche, aggrave le nombre de morts serbes;

les Serbes étant en guerre contre les autres nations ou minorités nationales (Hongrois, Albanais, Allemands, Bulgares, Macédoniens), ce qui n'était pas le cas des Croates et des musulmans, le bilan de ces autres conflits est lourd et le nombre de victimes serbes peut en être estimé à environ 50 000. Il apparaît qu'au réveillon de Noël en 1942, en une seule nuit, les Hongrois ont massacré 15 000 Serbes à Novi-Sad, en Voivodine, dont 2 000 noyés sous la glace dans le Danube;

Les massacres commis par les Partisans de Tito à l'encontre de la population serbe seraient beaucoup plus importants que chez les autres nations yougoslaves. Si Anne Yelen (op. cit. p. 25) affirme que les communistes ont "trucidé environ 450 000 individus...", Vuk Draskovic, dans l'interview donnée à la Komsomolskaïa Pravda de Moscou en octobre 1993 dit ceci: "Oui, Si les Serbes détruisent les mosquées musulmanes, c'est la faute du passé communiste. Savez-vous que les communistes serbes ont massacré plus de popes serbes que les Oustachis croates? Au cours de 1944 et de 1945, ils ont massacré 250 000 individus (NDLR: serbes). En trois jours, en octobre 1944, sans aucun jugement, on a fusillé 12 000 professeurs, académiciens, acteurs, popes. Le peuple serbe a perdu alors ses guides spirituels... Depuis la fin de la guerre, chez nous, a gouverné l'éthiquecommuniste. Voilà pourquoi ce ne sont pas les Serbes qui ont détruit Sarajevo, mais les communistes." (Cité in Europske Novosti du 15/10/1993, Belgrade).

Ces propos de Vuk Draskovic sont terrifiants, non seulement pour éclairer les événements tragiques de la fin de la guerre, mais aussi la tragique actualité en Croatie et Bosnie depuis 1991. En outre, il contredit la propagande serbe sur le " génocide des Serbes " par les Oustachis.

Le journal Politika de Belgrade (31101/1994) cite un autre chiffre "provisoire>) de 150 000 Serbes massacrés par les communistes serbes. Ce mystère des massacres des Serbes par les Serbes jusqu'à ce jour reste inexpliqué. Néanmoins, Si l'on retient ce dernier chiffre de 150 000 morts serbes massacrés par les Serbes eux-mêmes, ceci explique pourquoi l'estimation globale des morts serbes est très élevée.

En additionnant les morts serbes dus aux communistes, aux Hongrois et autres minorités, les victimes des Allemands et de la guerre entre les clans rivaux de Tchetniks, le nombre total de morts serbes en Serbie avec Voivodine et Kosovo s'élève à environ 200 000. La différence, soit 300 000, que l'on trouve dans l'État Croate de Pavelié est déjà de moitié inférieure aux chiffres avancés pour le seul camp de Jasenovac.

 

Les morts musulmans

Le nombre des morts musulmans, évalué à 100 000, est Surtout le résultat des massacres de la population musulmane dans l'est de la Bosnie par les Tchetniks serbes. Les musulmans, face à cette guerre, ont été divisés, comme ailleurs un certain nombre était favorable au régime de Pavelic et a donc collaboré avec l'occupant allemand par crainte des Serbes, d'autres étaient plutôt favorables à l'existence d'une Yougoslavie pour éviter le dilemme d'avoir à soutenir soit les Croates, soit les Serbes dans ce conflit. Après les massacres des musulmans par les Tchetniks, des Serbes par les Oustachis et inversement, les musulmans ont soutenu en plus grand nombre la résistance communiste sans vraiment y adhérer.

 

Les morts Croates

Les Croates, divisés entre les indépendantistes de Pavelic et les fédéralistes, "yougoslaves" et les "neutralistes", entre les idéologies communistes et fascistes, ont chèrement payé cette guerre imposée par le putsch des militaires serbes le 27 mars 1941 et par la division du pays entre "zones d'influences" allemande et italienne. Sur le nombre de morts estimé à 200 000, environ 100 000 ont été assassinés par les communistes de Tito, dont au moins 50 000 après la reddition de l'armée de Pavelic et des civils à Bleiburg.

 

2. Les morts en Yougoslavie par catégories

Sur un total de 947 000 morts en Yougoslavie et sans tenir compte de 80 000 morts à l'étranger, la répartition par catégories est la suivante:

237 000 (25 %) Partisans tués;

- 209 000 (22 %) collaborateurs tués;

- 285 000 (30 %) morts dans les agglomérations;

- 216 000 (23 %) morts dans les différents camps en Yougoslavie.

Tous ces chiffres se passent évidemment de commentaire. Â noter qu'aux 237 000 Partisans tués, il faut ajouter les victimes des Partisans de Tito, 250 000 environ, ce qui donne un total d'à peu près 500 000 morts du fait de la " révolution )> communiste en Yougoslavie.

 

3. Les camps de concentration

A l'époque moderne, les premiers camps de concentration ont été créés par les Espagnols (Cuba) et les Anglais (Boers) au début du siècle. En 1933, Hitler crée le camp de Dachau pour les prisonniers politiques et d'autres s'y sont ajoutés en Allemagne et dans d'autres pays sous l'occupation allemande, ainsi qu'en Croatie et en Serbie. Jusqu'en 1941, les camps étaient les camps de travail. Ce n'est qu'à partir de 1942 qu'il a existé des camps d'extermination par le gaz et, en Serbie, des camions gazogènes. Le "grand public" n'était pas au courant de ces camps ni de la mort de ceux qui y étaient envoyés.

Tous ces camps ont un dénominateur commun, celui d'être un " territoire placé en dehors de l'ordre juridique", c’est-à-dire en dehors des règles du droit pénal et du droit carcéral. C'est une politique propre à tous les régimes totalitaires quand il s'agit de l'extension à toute une population d'un état d'exception. Selon Hannah Arendt, "les camps mettent en lumière le principe même de la domination totalitaire que le sens commun se refuse obstinément à admettre, le principe selon lequel tout est possible".

Selon le philosophe italien Georgio Agamben, (Libération du 3.10.1994): "La bonne question sur les horreurs commises dans les camps n'est pas de se demander hypocritement comment on a pu commettre des crimes aussi atroces contre des êtres humains; il est plus honnête et surtout plus utile d'étudier avec attention à travers quelles procédures juridiques et quels dispositifs politiques des êtres humains ont pu être aussi intégralement privés de leurs droits et de leurs prérogatives, au point que commettre envers eux quelque acte que ce fût n'apparût plus comme un crime (dès lors, en effet, tout était vraiment devenu possible). S'il est vrai que l'essence du camp consiste en la matérialisation de l'état d'exception et la création d'un lieu d'existence sans protection juridique, alors il nous faut admettre que nous nous trouvons virtuellement en présence d'un camp chaque fois que se crée une telle structure, indépendamment des crimes qui peuvent y être commis et quelles qu'en soient la dénomination et la topographie. En ce sens, ce sont des camps."

Nous ne dirons que quelques mots sur les camps de concentration, dont une dizaine sont plus connus en Croatie et en Serbie:

Croatie : Jasenovac - Stara Gradiska, Jadovno, Lepoglava...

Serbie: Banjica, Sajmisté, Bezanijska Kosa, Jajinci... A Jajinci, on a dénombré, immédiatement après la guerre, plus de 88 000 cadavres (Polilîka du 27/07/1994). On se pose toujours la question et on attend la réponse: qui sont ces morts?

L'historien serbe Bogoljub Kocovic (op. cit., p. 54), dit à propos du camp de Jasenovac: "Affirmer qu'il y eu 700 000 morts rien qu'à Jasenovac est un non-sens ! Car, dans ce cas, il devrait y en avoir eu au moins 1 600 000 dans l ' Etat croate de Pavelic. On sait aussi que, malgré l'émigration des Serbes de Croatie et de Bosnie en Serbie entre 1941 et 1948, au recensement de 1948, il y avait i 610 000 Serbes en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Et quand je pense que Franjo Tudjman a été accusé et condamné parce qu'il contestait les chiffres officiels...))

D'ailleurs, avant le mythe des 700 000 morts serbes de Jasenovac, les accusations étaient plus modestes: ainsi, lors du simulacre de procès fait à l'évêque Cule de Mostar en 1945, les communistes l'avaient accusé (et condamné à il ans et demi de prison) sous prétexte qu'il aurait partagé la responsabilité "des 40 000 victimes du camp de Jasenovac". On voit que depuis, celles-ci ont fait des petits...

En fait, d'après les calculs des historiens Kocovic et Zerjavic, le nombre de morts dans les deux camps, Jasenovac et Banjica est très proche, variant entre 70 et 85 000 victimes. Selon Vladimir Zerjavic, sur un total de morts à Jasenovac d'environ 85 000, la répartition en est la suivante:

- 50 000 Serbes;

- l3 000juifs;

- 12 000 Croates;

- 10 000 Tziganes (Roms).

Pour Jasenovac, nous sommes donc loin des 700 000 victimes Serbes comme on le serine à Belgrade depuis des années, et comme on le croit encore en Occident.

Ce nombre mythique des morts de Jasenovac a été inventé au début des années 1970, après quelques sondages sur le terrain par un " savant" serbe. Il a été obtenu en multipliant les 60 000 m2 du camp par 12 victimes au m2, ce qui donne le chiffre des 700 000 morts imaginaires. Ce chiffre, par la suite, a été utilisé comme principal instrument de propagande et de guerre psychologique contre la Croatie et les Croates. Depuis, chaque fois, quand il existait des "tensions politiques" en Yougoslavie, ce faux argument a été mis en avant pour "déstabiliser" les dirigeants Croates. Plus grave encore, ce faux argument des 700 000 morts imaginaires de Jasenovac a été utilisé par Belgrade pour inciter les Serbes de Croatie à une nouvelle mobilisation contre l'autonomie politique et ensuite contre l'indépendance de la Croatie après 1990.

Le nombre, estimé à 295 000 (164 + 131) soit 15,5 % de morts Serbes en Croatie et en Bosnie du fait de Pavelic, est à comparer à celui des Croates et des Musulmans de Bosnie: 247 000 (64 + 106 + 75 + 2). Le nombre de morts Serbes est plus élevé d'environ 50 000, ce qui s'explique par la guérilla des Tchetniks et des Partisans serbes de Tito et par les représailles de tous les belligérants contre la population serbe.

En ce qui concerne la population juive, sur 75 000 avant la guerre, la quasi-totalité a été exterminée en Serbie, Voivodine, Bosnie et Macédoine, alors qu'en Croatie, malgré l'application des lois antisémites imposées par Hitler, près de 50 % des 30 000 juifs qui y vivaient avant la guerre ont pu se sauver vers les territoires occupés par l'Italie où il n'y avait pas de persécutions comme en Allemagne et dans les pays occupés par elle. Dans ces derniers pays, la collaboration des milices locales a grandement contribué aux déportations de Juifs vers les camps de concentration en Allemagne. A noter qu'à Belgrade, sur 12 000 juifs d'avant la guerre, un millier seulement seraient restés vivants après la guerre.

En Croatie, ceux qui n'ont pas pu échapper aux Allemands aidés par les Oustachis, ont connu les camps de concentration en Croatie et en Allemagne. Environ 13 000 juifs sont morts dans le camp de Jasenovac, surtout des Juifs immigrés de l'Autriche après 1938.

Une grande chaîne de solidarité n'en avait pas moins été créée pour aider un maximum de Juifs, allant des généraux italiens (Roata, Ambrosio, Roboti), à la population Croate et à l'Eglise catholique et au cardinal Stepinac avec les évêques de Rijeka, de Trieste, de Split... et de Rome.

Malheureusement, les Juifs rescapés dans les territoires sous contrôle italien n'ont pas pu regagner l'Occident, où fort peu de pays démocratiques favorisaient leur accueil. Dans les deux camps pour les lieu en Bosnie. Chacune de ces offensives a coûté aux Partisans et à la population civile plusieurs dizaines de milliers de morts.

6 - LA RESPONSABILITÉ INITIALE DES ASSASSINATS ET DES MASSACRES : AVRIL-AOUT 1941

On parle tant des "massacres" en Yougoslavie entre 1941 et 1945 qu'il importe de savoir qui a commencé car c'est lui qui en porte la responsabilité prépondérante. Les autres peuvent être considérés comme des "représailles", à défaut d'être une justification pour ces premiers massacres. Avant de voir les versions nationalistes des historiens de Belgrade et des historiens de Zagreb, il est nécessaire de rappeler le contexte de ces événements:

1. Chronologie des événements: mars-juillet 1941

25 mars: Signature du Pacte Tripartite par la Yougoslavie.27 mars:Putsch des "militaires" serbes à Belgrade; formation du nouveau gouvernement par le général Simovic.

29 mars: Première rencontre à Rome de Mussolini et Pavelic.

31 mars : Limogeage du général Nedic; décret sur la mobilisation partielle en Yougoslavie.

1° avril : Le leader croate Vladko Macek refuse les propositions decollaboration de Hitler.

3 avril: Vlatko Macek se rend à Belgrade et accepte d'être ministre du nouveau gouvernement Simovic à condition de respecter l'accord croato-serbe de 1939.
5 avril: Le gouvernement de Belgrade propose à Staline de reconnaître l'URSS.

6 avril: Bombardement de Belgrade et invasion de la Yougoslaviepar Hitler.

10 avril: Arrivée des chars allemands à Zagreb et proclamation del' État indépendant croate par Slavko Kvaternik.

12 avril: Premiers massacres de Croates par les Tchetniks en Herzégovine.

15 avril : Retour de Pavelic de l'Italie à Zagreb.

15 avril : Premier gouvernement serbe de Milan Acimovic sous l'occupation allemande.

16 avril: Formation du premier gouvernement de Pavelié.

17 avril: Capitulation militaire de la Yougoslavie.

17 avril: Décret de Pavelic sur la " Protection de l' État" et créationdes " tribunaux extraordinaires".

24 avril: Mise en place de l'administration de Pavelic à Sarajevo et

en Bosnie.

25 avril : Ljubljana : accord Pavelic-Ciano sur les frontières avecI 'Italie.

30 avril: Décrets antisémites et racistes de Pavelic.

3 mai: Décrets de Pavelic sur la conversion des Serbes au catholicisme.

6 juin: Pavelic reçu par Hitler à Berchtesgaden.

7juin: Hitler envisage de déporter plusieurs dizaines de milliers de Slovènes en Croatie et en courage Pavelic à chasserautant de Serbes de Croatie et de Bosnie vers la Serbie.

22 juin: Attaque de l'U.R.S.S. par Hitler. Quelques jours après commence la guérilla communiste en Yougoslavie.

22 juin: Création de la prison d'" Ada Ciganlia" à Belgrade, remplacée en juillet par le camp de Banjica.

24 juin: Création par Pavelic des milices oustachies para-militaires.

26 juin: Le Saint Synode orthodoxe de Belgrade demande à la population d'observer loyalement les lois de l'occupant allemand.

9 juillet: Premier Mémorandum mensonger de l'Église orthodoxeserbe: 180 000 Serbes prétendument "massacrés" par lesOustachis.

14juillet: Assassinat par les Oustachis de 83 communistes et intellectuels croates dans la prison de Kerestinac, près de Zagreb.

18juillet: Pavelié supprime l'apellation "Église orthodoxe serbe" et la remplace par " Eglise gréco-orientale".

4 août: Deuxième Mémorandum mensonger de l'Église orthodoxeserbe:

- 360 000 Serbes prétendument " massacrés " par les Oustachis;

- "le peuple croate, dans sa totalité, doit avoir la responsabilité pour la terreur oustachie".

8 août: "Appel au peuple serbe" signé par plusieurs centaines d'intellectuels serbes pour lutter contre le communisme et pour l'obéissance à Nedic et aux Allemands.

Alors que la propagande de Belgrade contre les Oustachis est très abondante dès le mois de juillet 1941, on trouve peu d'écrits à ce sujet par des savants honnêtes. L'une des explications à cette situation serait le fait que toutes les archives de la guerre 1941-1945 se trouvent à Belgrade, y compris les archives de Pavelic, et n'ont pas été analysées par de vrais historiens et surtout pas ceux de Zagreb. Dès lors, il n'est

CONCLUSION

Après les guerres balkaniques et la Grande guerre, quand les premiers crimes de guerre et des atrocités à grande échelle ont été commis au début des années 1930, deux monstres: Staline et Hitler, sont au pouvoir dans les États les plus puissants d'Europe. Aux partis politiques qui les ont portés au pouvoir se substituent le N.K.V.D. et les S.S., qui trouvent des émules en Europe et en Yougoslavie. L'autre Europe observait les agissements de ces criminels en espérant "limiter" le conflit avec la capitulation politique de Munich en 1938.

Dans le contexte général de la guerre en Europe à partir de 1939, en Yougoslavie, l'engrenage de la haine, de la violence et des tueries n'attendait que l'heure qui va sonner le 27 mars 1941 avec le putsch des généraux serbes à Belgrade.

Après l'invasion allemande de la Yougoslavie et la création des États croate et serbe, se déchaînent les passions ultra-nationalistes, contenues depuis 1918, aggravées par les idéologies fasciste, nazie et bolchevique. La Croatie, avec la Bosnie-Herzégovine, a été le principal théâtre des guerres ethniques (Oustachis-Tchetniks) et civiles, avec le début de l'insurrection communiste en Yougoslavie.

Commence alors la première tragédie yougoslave, quand les actions militaires de tous les belligérants se succèdent avec les représailles des diverses forces d'occupation, les camps de la mort, les tribunaux militaires, les bombardements allemands puis des Alliés, la famine, la maladie et le typhus...

Ce maelstrôm balkanique et yougoslave a coûté la vie à près d'un million de personnes, et non pas 1,7 million comme l'affirment la propagande de Tito et la propagande actuelle de Belgrade. Les atrocités ont été commises par tous les belligérants sans exception.

Il n'est pas vrai que la minorité serbe dans l'État croate de Pavelic ait été uniquement victime des Oustachis. Elle l'a aussi et surtout été de la guerre des Tchetniks et des Partisans de Tito.

Les Croates et la Croatie se sont trouvés subitement entraînés dans cette guerre à cause des intérêts des grandes puissances européennesdu moment: Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, U.R.S.S. et la Serbie. Le seul leader croate représentatif, Vladko Macvek, a refusé toute collaboration avec Hitler fin mars 1941 comme ensuite avec Pavelic. Pavelic, avec sa politique aveugle de persécution des Serbes et de collaboration avec les nazis contre les Juifs et les Roms, a mené la Croatie dans la plus grande tragédie de son histoire depuis l'époque turque à la fin du XVII' siècle. Les Oustachis, peu nombreux, ont commis des crimes contraires à la culture et à la tradition politiques des Croates.

Avant 1941, il n'y avait eu en Croatie aucune campagne de haine visant les Serbes et encore moins les Juifs. Dès juin 1941, les Croates, communistes ou non, se sont soulevés contre le régime de Pavelic et les occupants allemands et italiens et jusqu'à 1944, ils ont été les plus nombreux dans la résistance de Tito, même s'ils avaient salué en majorité la proclamation de l'indépendance de la Croatie après l'échec de la première Yougoslavie sans pour autant adhérer au régime et à la politique criminelle de Pavelic. Ce pourquoi tout amalgame entre les Oustachis, les Croates et la Croatie est une IMPOSTURE.

La vérité sur les victimes de l'État croate de Pavelic ne sera pas reconnue à moins de l'établir aussi pour les musulmans de Bosnie, les Tchetniks serbes et les Partisans de Tito, en respectant scrupuleusement la chronologie des événements pour éviter tout amalgame et toute falsification de l'histoire. Encore faudrait-il pouvoir accéder aux archives de Pavelic qui se trouvent toujours à Belgrade, et qui sont utilisées de façon ultra-sélective par les historiens serbes dans leurs campagnes de propagande contre la Croatie.

Les Croates d'aujourd'hui, sans renier leur histoire et cette page noire de l'existence de la Croatie, doivent-ils demander pardon à ceux de la Tcharchia de Belgrade qui depuis 1945, sinon depuis 1918, ont tout fait pour faire disparaître l'identité croate en pratiquant l'oppression, la répression, la dictature, les assassinats et surtout le mensonge permanent et la falsification de l'histoire Croate?

Dans tous ces écrits et discours excessifs, tant en ce qui concerne le vocabulaire que le nombre de victimes serbes, on n'évoque pas les causes de la guerre en Yougoslavie et à peine l'occupation allemande, pas plus que les autres victimes : croates et musulmanes des Tchetniks serbes, Croates et Serbes des Partisans de Tito à la fin de la guerre. Car ces écrits et ces discours ont pour objet non de surmonter les difficultés du post-communisme en Yougoslavie, mais de susciter la haine, qui s'était estompée depuis 1945, entre les nations yougoslaves, etpréparer le peuple serbe, toujours 4< victime de toutes les guerres", à une nouvelle guerre contre les autres nations non-serbes de la Yougoslavie.

Toute cette propagande de Belgrade a été diffusée depuis cinquante ans dans toutes les capitales occidentales, aux agences, médias et autres " officines" spécialisées ou non, dans l'histoire récente ou passée des Balkans et de l'ex-Yougoslavie. Ceci explique, peut-être, pourquoi beaucoup de " spécialistes" ont mis du temps à comprendre que cette "vérité serbe" n'est qu'incitation à la haine et à la guerre, avec toutes les conséquences que nous connaissons de Vukovar à Dubrovnik, de Sarajevo à Mostar, de Gorazde à Srebrenica...

Après les faits cités et l'examen attentif des tableaux que nous avons présentés, il ressort que

1. Depuis le 27 mars 1941, il y a eu un très grand nombre de victimes dans toutes les nations et minorités nationales du fait des idéologies nationalistes et des moeurs ottomanes, des idéologies fasciste, nazie et communiste.

2. Dans un contexte de " guerre balkanique" et de " solution territoriale" pour les différents nationalismes, atrocités et massacres ont été commis, en grand nombre, par tous les belligérants.

3. Si "génocide" il y a eu, même Si ce terme est abusif, on peut l'imputer à tous les protagonistes: Oustachis, Tchetniks, Partisans de Tito.

4. Les affreux détails des atrocités et des crimes sont toujours imputés aux Oustachis de Pavelié à n'en pas finir, en passant sous silence que l'image traditionnelle des Tchetniks les représente avec un couteau entre les dents, avec tout ce que cela suppose comme sauvagerie et comme atrocités. Pour l'" oublier", autant coller cette image aux Oustachis. Eux aussi en ont fait, mais faut-il oublier les Tchetniks, le contexte de la guerre et surtout le pourquoi de cette guerre? Rappelons aussi que le " théâtre de la guerre" était la Croatie et la Bosnie, et non la Serbie.

5. La "Vérité" historique et argumentée, à l' heure actuelle, ne peut être que celle des historiens: Croate, Vladimir Zeijavié, et Serbe, Bogoljub Kocovic. Mais les résultats de leurs études ne sont toujours pas acceptés par l'Académie des Sciences de Belgrade, par l'Eglise Orthodoxe Serbe, ni par les écrivains et autres intellectuels serbes.

Pour tourner définitivement la page de la Seconde Guerre mondiale, alors que celle d'aujourd'hui n'est pas encore terminée, il serait souhaitable de former un "groupe de travail" sur cette période, composée d'une part des représentants (historiens) de toutes les nations et minorités nationales de l'ex-Yougoslavie et d'autre part, des historiens d'autres pays occidentaux et de la Russie pour enfin régler leur compte aux statistiques macabres sur la Seconde Guerre mondiale en ex-Yougoslavie. Pour en finir avec "à chacun sa vérité", pour éviter

1 Rappelons que l'Agence de Presse Yougoslave avait été l'un des principaux propagateurs du " montage " de Timisoara.

de nouveaux massacres en se débarrassant de ces "prétextes " à de nouvelles agressions.

Le procès instruit par Belgrade contre Zagreb rabat désespérément le présent sur le passé pour confisquer la "mémoire" et pour justifier à son profit l'impérialisme de Belgrade en Croatie et en Bosnie Herzégovine.

La " Vérité serbe " consiste à bafouer la Vérité historique, à opérer dans le Mensonge et à se vautrer dans le mythe de Kosovo en niant les faits historiques ou en les travestissant. Il s'agit là de guerre psychologique et de manipulation de l'opinion serbe, mondiale et surtout occidentale et orientale " orthodoxe".

Il est insupportable de voir distiller tous les jours des contre-vérités sur une prétendue "guerre propre" des Tchetniks et des Partisans de Tito, sans bavure, sans assassinat, sans massacre... L'important aujourd'hui n'est plus de donner ni de dévoiler les détails des archives stockées à Belgrade. Il est de comprendre ce qui s'est passé et la façon comment cela s'est passé et était possible pour que l'OBSESSION DU PASSÉ ne soit pas un obstacle et un REFUS DE L'AVENIR. Pour cela, il faudrait mettre fin à la "compréhension" de la tactique de Belgrade qui consiste à faire beaucoup de bruit et à faire endosser à l'adversaire ou à l'ennemi tous les péchés du monde, y compris les siens propres jusqu'à ce que l'on oublie la raison du conflit et surtout la responsabilité de Belgrade dans une affaire où elle cherche à faire régner la loi du plus fort, souvent cautionnée par les "grandes puissances" d'hier et d'aujourd'hui.

Le DEVOIR DE MEMOIRE peut susciter la haine et la vengeance, s'il n'est pas arrimé au DEVOIR DE VÉRITÉ ET DE JUSTICE. C'est exactement ce qui s'est passé en 1991 et 1992 quand à Belgrade on a ressassé les jérémiades sur les souffrances serbes en niant celles des "autres" comme déjà au XIV° siècle le prescrivait le Code du tsar Douchan.

Dire la vérité, cela signifie les dire toutes, sans exception, sans complaisance et les dire chacune sans maquillage par défaut ou par excès.

Le credo du révolutionnaire croate, Ante Ciliga, "la liberté des peuples et la fraternité de tous les hommes", pourrait être complétée par les "droits et devoirs" des minorités nationales et autres sans nécessairement bouleverser les "États-nations" et les frontières à travers le monde.

Cela veut dire de revenir aux sources, aux "Lumières" pour retrouver le vrai sens de la devise de la Révolution française: Liberté, Egalité, Fraternité... et TOLERANCE.

Alors, on pourrait se laisser bercer par l'espérance que ce monde devienne progressivement, chaque jour, un peu plus, un "jardin planétaire " pour retrouver ce " paradis perdu " et non seulement celui des grandes surfaces commerciales, à côté de ceux qui crèvent de faim, ou les armes à la main !