Décembre 1998 Volume I - Numéro 2

 

Dossier Kossovo

 Kosovo8.jpg (50458 octets)

    1. Vocabulaire, sites internet, bibliographie.pp. 2-3.
    2. Manœuvres diplomatiques.pp. 4-7.
    3. La situation sur le terrain et l’OTAN. pp. 8-9.
    4. Le Kosovo et la société serbe pp 9-15
    5. Le Kosovo en droit international p 15
    6. Histoire pp 15-18
    7. Médecins du Monde, actualités, CONVOI CITOYEN pp 19-20

 

 

 EUROPE ALTERNATIVE

R

EUROPE ALTERNATIVE– ASSOCIATION LOI 1901 - n°2028. (1993) - Fax : 01 60 25 13 89 - Tél : 06 60 83 38 52.

E-Mail : f.soltic@lemel.fr

Note préliminaire. - Le vocabulaire

est, dans la région, d'une importance essentielle. L'orthographe est le plus souvent interprétée par l'interlocuteur comme le symptôme d'un ralliement politique ou juridique à telle ou telle position. " Kossovo " sera l'orthographe retenue comme elle l'est passée dans le français courant [l'orthographe " Kosovo " est à cet égard incorrecte, à moins qu'il ne s'agisse d'une citation de la langue serbe d'origine]. L'orthographe francisée " Kossove " est celle d'usage par les autorités autoproclamées de la République de Kossove, non reconnue au plan international. L'expression " Kossovo et Metohija " (Kosmet en version abrégée) est d'usage par les autorités de la République de Serbie. A noter que la République de Kossove use habituellement du terme " Albanais " pour désigner les Kossovars (cf. la note officielle de vocabulaire, sur son site Internet). Nous reproduisons ici les orthographes des textes originaux mais nos incursions utiliseront celle de " Kossovo ".

 

N.B. L'Union Européenne a rétabli des relations diplomatiques avec la nouvelle " Fédération de Yougoslavie " ; en revanche, à la différence de la France, les Etats-Unis ne considèrent pas que la FRY constitue l'Etat successeur de l'ex-Yougoslavie, et ne parlent que de la " Serbie-Monténégro ". Aussi, les termes en question ne sont-ils ici que d'un usage conventionnel, sans impliquer d'adhésion particulière au point de vue, "très particulier", du Quai d'Orsay. Ne pourrait-on en effet se demander si la reconnaissance de la nouvelle Fédération de Yougoslavie a respecté les critères définis en décembre 1991 par l'Union européenne à celle de la Slovénie, de la Croatie, et des autres Etats issus de l'ex-RSFY ou de l'ex-URSS, et si donc cette reconnaissance de l'Etat yougoslave par Paris, ne serait-ce qu'au vu de la situation au Kossovo, ne pourrait paraître quelque peu " prématurée ", ou pour dire les choses plus simplement, comme une faute politique

.

 

* * *

SITES INTERNET RELATIFS AU KOSSOVO ET L'EX-YOUGOSLAVIE

 Points de vue albanais/kossovars

 

 

http://www.kohaditore.com/ARTA/index.htm

http://www.kosova.de/index12/index.htm

http://www.albanian.com

http://www.kosova.com

http://www.xs4all.nl

http://www.koha.net/KosovaOnline

http://cdhrf-WEB@albanian.com

 Points de vue serbes (nationalistes)

 http://www.kosovo.com

http://www.sn-ol.com

 Presse indépendante de Serbie (journaux et agences de presse quotidiennes)

 

http://www.beta-press.com

http://www.yurope.com

http://mmc.et.tudelft.nl/~sii/odrazb/ (radio B-92)

http://www.nasa-borba.co.yu/arhiva

http://www.hri.org/news/balkans/kosova

 INSTITUTIONNELS

 

République de Serbie

http://www.serbia-info.com

 

République de Kossove

http://www.kosova-state.org

 

ADMINISTRATEUR CIVIL EN BOSNIE-HERZEGOVINE (OHR)

http://www.ohr.int

 

O.N.U. (Assemblée Générale, Secrétariat Général, Conseil de sécurité)

http://www.un.org/french

TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

http://www.un.org/icty

République de Bosnie-Herzégovine – Cour Constitutionnelle

http://www.vcilp.org/vcilp/bosnia

OTAN

gopher://marvin.stc.nato.int/11/yugo

 United States of America - Secretary of State

http://secretary.state.gov

 

Foreign Office (UK)

http://www.fco.gov.uk

 Ministère français des Affaires étrangères

http://www.diplomatie.fr/index.html

 Organisations non gouvernementales

 

Comité International de la Croix-Rouge

http://www.icrc.org/icrcnouv

 Human Rights Watch

HTTP://www.hrw.org/research/bosnia.html

 Kosova Helsinki Committee

http://www.ihf-hr.org

 Sources d'information diverses

 Le Monde Diplomatique

http://www.monde-diplomatique.fr

 

The Washington Post

http://www.washingtonpost.com

 Groupe international de crise (IGC - groupe d'experts sur les Balkans)

http://www.igc.org/igc/issues/hr/or.html

 Liste de sites Internet des médias

http://www.worldmedia.fr/network

* * *

Bibliographie

 

1/ Le Kossovo

 

 

 

A signaler auparavant, car ce type de points de vue était quasiment introuvable en France avant 1991, les articles parus dans l'ouvrage collectif  " L'ex-Yougoslavie en Europe : de la faillite des démocraties au processus de paix ", L'Harmattan, 1997, qui défendent avec des arguments dignes de considération l'indépendance kossovar et l'autonomie territoriale albanaise en Macédoine :

 

 

On ne saurait davantage faire l'impasse sur certains ouvrages reflétant le point de vue nationaliste serbe, y compris dans ses aspects les plus caricaturaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3/ Points de vue sur la citoyenneté et ses implications

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On notera également que le mensuel " Le Monde diplomatique " consacre régulièrement des articles à la région, généralement bien informés.

 

D O S S I E R

 

On peut classer les documents qui suivent selon les catégories suivantes :

 

A/ Diplomatie

B/ Situation des droits de l'homme

C/ Débats et société en Serbie

D/ Droit international

E/ Histoire

 

S'agissant des débats animés actuellement en Serbie, il nous a semblé essentiel de leur réserver une large place, notamment quand les auteurs étaient des responsables politiques susceptibles de contribuer à l'élaboration de la politique intérieure serbe. L'ensemble de ces débats peuvent être lus sur le site Net Kosova.com dont les coordonnées web figurent dans l'encadré page 2.

 

Lorsque nous ne pouvions disposer de la traduction française autorisée, nous nous sommes fait un devoir de maintenir la version anglaise originale. Les anglophones remarqueront la qualité toute relative de la version anglaise. Nous remercions les lecteurs de leur compréhension. L'ensemble de ces documents peuvent être téléchargés sur le site :

 

http://www.i-France.com/wwd

DOCUMENTS {Certains de ces documents reproduisent évidemment le langage diplomatique de l’irresponsabilité. Pas de changement depuis la Bosnie.}

A/ Diplomatie

1/ Rapport du Secrétaire général de l'ONU au Conseil de sécurité en date du 2 juillet 1998

2/ Conclusions du Conseil des Affaires générales de l'Union Européenne du 30 mars 1998.

3/ Résolution n° 1199 du Conseil de Sécurité.

4/Résolution n° 1203 du Conseil de Sécurité.

 

1/ Rapport du Secrétaire général de l'ONU au Conseil de sécurité en date du 2 juillet 1998 - S/1998/608

Date : 2 juillet 1998

ORIGINAL : ANGLAIS

RAPPORT ÉTABLI PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EN APPLICATION DE LA RÉSOLUTION 1160 (1998) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

 

<<[...] IV. SITUATION AU KOSOVO

10. Comme le Conseil le sait, la situation au Kosovo s'est sérieusement détériorée depuis que j'ai présenté mon dernier rapport. Une nouvelle flambée de violence a provoqué, début juin, un afflux de réfugiés en Albanie et une augmentation du nombre des personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo et du Monténégro. Le nombre de réfugiés enregistrés en Albanie à la fin du mois de juin était de 6 900. En outre, on estime à 3 150 le nombre des personnes qui sont parties pour le sud de l'Albanie. On estime toutefois qu'il peut y avoir jusqu'à 13 000 réfugiés de plus en Albanie. Au 19 juin, les autorités monténégrines avaient enregistré 10 177 personnes déplacées supplémentaires venant du Kosovo. Selon les estimations du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), quelque 45 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Kosovo lui-même. Le HCR n'est pas en mesure d'évaluer la situation sur le terrain de manière plus précise car il n'a pas accès aux régions affectées.

 

11. Prévoyant qu'une nouvelle détérioration de la situation risque de provoquer une crise humanitaire et un problème de réfugiés majeurs dans la région, les institutions des Nations Unies ont étendu leurs activités dans la région. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a ouvert le 17 juin, dans le nord de l'Albanie un bureau d'urgence qui vient s'ajouter à celui du HCR. Le HCR continue de diriger la planification interinstitutions des secours d'urgence dans la région. Le 15 juin, le Bureau du Coordonnateur des opérations humanitaires, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le HCR, le PAM et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont lancé l'appel commun inter-institutions pour les besoins d'assistance humanitaire liés à la crise du Kosovo : 1er juin-31 août 1998. Cet appel vise à obtenir 18 millions de dollars des États-Unis pour l'assistance multi-sectorielle pour le système des Nations Unies, dont 12,9 millions de dollars pour le HCR. Des mécanismes de coordination fonctionnent à Pristina, Belgrade, Podgorica, Tirana et Skopje. Le PAM entrepose des vivres à Pristina -- les rations sont maintenant suffisantes pour nourrir 35 000 personnes pendant un mois. Au nord de l'Albanie, le PAM est prêt à distribuer 500 tonnes d'assistance alimentaire, de quoi satisfaire les besoins existants jusqu'en septembre.

 

 

12. Dans sa résolution 1160 (1998), le Conseil de sécurité m'a prié de le tenir régulièrement informé de la situation au Kosovo et de lui fournir une évaluation sur le point de savoir si la République fédérale de Yougoslavie avait satisfait de manière constructive aux conditions posées par le Groupe de contact. Au moment de l'établissement du présent rapport, j'avais reçu les informations pertinentes du Président en exercice de l'OSCE, que je joins à l'annexe V.

 

V. OBSERVATIONS

13. La communauté internationale est atterrée par la perpétuation des violences au Kosovo. Les parties concernées doivent faire preuve de retenue et reprendre les négociations pour trouver une solution pacifique au conflit. Je crains de plus en plus que s'il n'est pas mis fin aux hostilités au Kosovo, les tensions ne s'étendent au-delà des frontières et déstabilisent l'ensemble de la région. Le Kosovo devient donc un problème clef pour la stabilité d'ensemble de la région des Balkans. Je me félicite de l'action diplomatique menée au niveau international pour faire face aux aspects fondamentaux de la situation, qui ne peuvent être réglés que par la négociation.

 

14. Il a été largement rapporté que les autorités de la République fédérale de Yougoslavie avaient accepté de permettre aux diplomates étrangers et aux organisations internationales ac-créditées à Belgrade de surveiller la situation au Kosovo.

L'établissement de cette présence en vue de la surveillance serait en cours. Une telle mission de surveillance permettrait mieux à la communauté internationale d'évaluer directement la situation sur le terrain et répondrait mieux au désir de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de disposer d'informations de fond impartiales concernant le Kosovo.

Si cette mission est établie, le Conseil voudra peut-être examiner s'il est toujours nécessaire que l'Organisation des Nations Unies lui rende compte de la situation au Kosovo, comme le demande le paragraphe 14 de la résolution 1160, étant donné que l'Organisation n'a pas au Kosovo de présence lui permettant de fournir une évaluation indépen-dante de cette situation.>> .

 

* * *

ANNEXE V

** Informations sur la situation au Kosovo et les mesures prises par l'OSCE, présentées en application des paragraphes 13 et 16 de la résolution 1160 (1998) du Conseil de sécurité

 

<<I. INTRODUCTION :

La situation au Kosovo et le long de la frontière entre la République fédérale de Yougoslavie et l'Albanie ayant continué à se détériorer depuis le rapport soumis en mai au Secrétaire général, le Groupe de contact a été amené à imposer un ensemble de sanctions économiques à la République fédérale de Yougoslavie et à la Serbie pour les inciter à rechercher une solution politique. L'OTAN a pour sa part élaboré une série de scénarios de crise et, le 15 juin, a réalisé une opération de déploiement de forces aériennes dans l'espace aérien de l'Albanie et de l'ex-République de Macédoine, le long de la frontière avec le Kosovo.

 

 

LE DIALOGUE :

Le 15 mai, à Belgrade, le Président Milosevic et M. Rugova sont convenus que les deux parties auraient des réunions de travail hebdomadaires. Toutefois, à ce jour, une seule réunion a eu lieu, le 22 mai à Pristina, la position de la partie albanaise étant que l'opération militaro-policière déclenchée au sud-ouest du Kosovo par Belgrade à la fin du mois de mai et pendant tout le mois de juin excluait la participation du Kosovo à toute nouvelle réunion de ce genre.

 

Les Albanais du Kosovo qui n'approuvent pas la ligne politique de Rugova ont exprimé leur mécontentement de l'entretien que celui-ci a eu avec Milosevic. Des représentants de "l'Armée de libération du Kosovo" ont fermement réitéré que leur objectif direct était l'indépendance du Kosovo.

Au 16 juin 1998, aucune indication ne laissait entrevoir la possibilité d'une reprise du dialogue entre Belgrade et Pristina. La question a été abordée lors de l'entretien Milosevic-Eltsine qui a eu eu à Moscou le 16 juin.

 

Les deux parties au conflit du Kosovo ont eu de nombreux contacts au cours du mois écoulé avec des représentants de pays étrangers en visite en Yougoslavie et aussi avec des diplomates en poste à Belgrade. M. Rugova s'est rendu aux Etats-Unis, en Italie et en France et a rencontré le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies.

 III. ÉDUCATION

À Pristina, les étudiants et les professeurs serbes refusent de céder à la partie albanaise une partie des locaux de l'université. La police a récemment dispersé une manifestation d'étudiants et les responsables serbes de l'éducation ont décidé en toute hâte de mettre un terme à l'année scolaire plus tôt que prévu.

 

IV (…)

 

V. ACCÈS AU KOSOVO

Les affrontements armés ont conduit à la fermeture temporaire, aux mois de mai et de juin, des portions Pristina-Pec et Pec-Decani-Djakovica-Prizren de la route, les lignes de télécommunications ont été partiellement coupées dans la région et les autorités y ont imposé un black-out de plusieurs jours. On a signalé des cas de soldats serbes arrêtant des convois venus du nord qui transportent au Kosovo des vivres et d'autres articles. Au début juin, la partie serbe a repris le contrôle des portions susmentionnées de la route, qui a été rouverte à la circulation.

Des membres de l'Armée de libération du Kosovo arrêtent les voyageurs dans les zones que cette armée contrôle (notamment dans la région de Drenica), vérifient leurs papiers d'identité et confisquent souvent des articles qui leur paraissent utiles. C'est ainsi qu'ils ont pris les gilets pare-balles d'équipes de télévision japonaise et américaine.

Le 7 juin, le Ministère des affaires étrangères de la République fédérale de Yougoslavie a organisé une tournée au Kosovo à l'intention de diplomates en poste à Belgrade. Ceux-ci ont constaté qu'il ne restait pratiquement rien des villages qui avaient été touchés par les hostilités des mois de mai et juin et qui sont aujourd'hui abandonnés. Ces diplomates n'ont cependant pas confirmé les allégations de certains Albanais du Kosovo selon lesquelles les autorités serbes avaient procédé à des bombardements en série dans la zone et l'avaient attaquée à l'artillerie lourde.

VI. RISQUES DE CONTAGION

Selon les informations fournies par la Présidence de l'OSCE en Albanie, la situation à la frontière entre l'Albanie et le Kosovo demeure très instable. Les opérations militaires sont pratiquement quotidiennes dans l'ouest du Kosovo depuis la fin du mois de mai, entraînant le déplacement de très nombreux civils. Plus de 10 000 d'entre eux se sont enfuis en Albanie, pour la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées. La violence a provoqué une nette augmentation du militantisme des deux côtés de la frontière. La résistance armée est désormais très visible, notamment les mouvements transfrontières d'armes et d'hommes. Le nombre d'incidents frontaliers a augmenté, ce qui laisse à penser que la République fédérale de Yougoslavie s'efforce de mettre un frein à ces mouvements. Des incidents ont également eu lieu récemment du fait de violations de la frontière. On a de plus en plus de raisons de penser que la région est minée et un certain nombre d'informations émanant de réfugiés font état de la détention d'hommes en âge d'être enrôlées dans l'armée.

Les réfugiés ont été recueillis par la population de la région frontalière, qui est la plus pauvre d'Albanie. Leurs besoins immédiats sont satisfaits pour l'instant, mais le manque total d'infrastructures laisse mal augurer de la situation à long terme.

Sur le plan politique, le conflit est source de problèmes pour le Gouvernement à Tirana, qui doit tenir compte à la fois des sentiments nationaux d'indignation et de solidarité, dont l'opposition se fait l'écho, et des appels à la modération lancés par la communauté internationale.

La première des priorités est d'obtenir la cessation rapide des combats, puis le déploiement d'une importante force de surveillance internationale. Cela permettrait l'ouverture d'un dialogue sérieux et faciliterait en outre le retour rapide des réfugiés.

La mission de l'OSCE à Skopje indique que les "retombées" de la crise actuelle au Kosovo sur le territoire de l'ex-République yougoslave de Macédoine peuvent prendre des formes physiques (mouvements de personnes qui cherchent refuge à titre privé ou arrivent comme réfugiées) ou une forme politique (elles enveniment les relations ethniques sur la scène politique locale). Jusqu'ici, les risques de "contagion" physique ont été contenus : il n'y a eu ni réfugiés ni réel afflux net dû à des liens familiaux; les zones frontalières sont stables et calmes et la vie y suit son cours, même si l'inquiétude de la population locale a augmenté, et les derniers mois n'ont pas été marqués par des incidents sérieux entre le Kosovo et le reste de la Serbie, la contrebande et les franchissements illégaux de la frontière étant moins fréquents. Toute arrivée massive de Kosovars serait mal accueillie par la population majoritaire. Le maintien de la stabilité dépend de la manière dont les gardes frontière géreront la situation.

Il est très probable que des opérations analogues à celles menées dans la région de Decani entraîneraient des mouvements de réfugiés, mais la zone a toujours été relativement calme.

S'agissant des risques politiques de "contagion", à Skopje et dans d'autres villes des manifestations d'Albanais de souche qui exprimaient leur solidarité avec les Kosovars et leur soutien à l'Armée de libération du Kosovo se sont déroulées dans le calme, mais ont inquiété et mécontenté les Macédoniens de souche, compliquant la vie politique qui est par ailleurs dominée par les prochaines élections législatives.>>

 

 

VII. MESURES PRISES PAR L'ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE

Le Kosovo reste au premier plan de l'action menée par l'OSCE. Il est devenu une des priorités de sa présidence. L'évolution récente de la situation au Kosovo montre clairement que les organisations internationales doivent participer aussi au règlement des problèmes humanitaires dans la région. C'est pourquoi, le 4 juin, le Conseil permanent de l'OSCE a souligné que le Comité international de la Croix-Rouge et d'autres organismes humanitaires devaient avoir librement accès à la zone touchée par les combats. L'OSCE observe les principaux flux de réfugiés du Kosovo qui arrivent en Albanie.

À la fin du mois de mai, le Président de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, M. Javier Ruperez, s'est rendu en République fédérale de Yougoslavie pour rencontrer les autorités à Belgrade et à Pristina. Il n'a pas constaté de modification de la position de la République fédérale de Yougoslavie à l'égard de la Mission Gonzalez ou d'une future mission de l'OSCE, y compris d'une mission au Kosovo.

L'OSCE a mis en place en Albanie des capacités de surveillance relativement modestes mais efficaces. Le 4 juin, elle a décidé de porter à 30 le nombre de ses observateurs le long de la frontière entre l'Albanie et le Kosovo.

À l'occasion de la réunion sur l'Initiative de l'Europe centrale qui s'est tenue à Brioni le 6 juin, le Président en exercice de l'OSCE a avancé l'idée d'un statut spécial pour le Kosovo. À son avis, ce statut devrait être mis au point dans le cadre d'un dialogue entre les autorités de la République fédérale de Yougoslavie et les Albanais du Kosovo. Une table ronde consacrée à la question d'un statut spécial pour le Kosovo aiderait à résoudre le problème de la dichotomie entre l'indépendance et l'autonomie. Cela pourrait aider à passer du discours politique à des questions concrètes telles que le fonctionnement des pouvoirs législatif et exécutif, la garantie de l'identité locale, la mise en place d'un gouvernement et d'un système éducatif propres au Kosovo.

Le 11 juin, le Président en exercice a condamné dans les termes les plus énergiques les actes de violence commis par l'une ou l'autre des parties et demandé instamment la cessation immédiate des hostilités. Il s'est dit profondément préoccupé par le flux de réfugiés que la violence continuait à chasser vers l'Albanie. Il a engagé les autorités de Belgrade à faciliter le retour des personnes déplacées et des réfugiés.

Dans son allocution devant le Conseil permanent à Vienne, le 17 juin, le Président en exercice a indiqué qu'une solution politique à la crise exigeait non seulement la cessation des hostilités au Kosovo et la reprise des pourparlers mais aussi l'instauration de la démocratie et le plein respect des droits de l'homme et des minorités en République fédérale de Yougoslavie. Il a ajouté que ce pays devait pouvoir participer aux activités des organisations internationales, y compris celles de l'OSCE lorsque son comportement serait conforme aux normes internationales. Le Président en exercice a réitéré que le programme d'action de l'OSCE en vue d'un règlement politique demeurait valable et que l'organisation se tenait prête à dépêcher sans tarder une mission au Kosovo si cela s'avérait possible.

Dans une lettre datée du 19 juin qu'il a adressée au Président S. Milosevic, le Président en exercice s'est dit intéressé par la proposition de la République fédérale de Yougoslavie tendant à discuter avec l'OSCE de l'envoi d'une mission au Kosovo et de la participation de la République fédérale de Yougoslavie aux travaux de l'OSCE. (Cette proposition a été faite par la partie yougoslave à l'issue des entretiens Milosevic-Yeltsin qui ont eu lieu à Moscou le 16 juin, et elle figurait dans la déclaration conjointe>>.

 

2/ Conclusions du Conseil des Affaires générales de l'Union Européenne du 30 mars 1998.

KOSSOVO, CONSEIL AFFAIRES GENERALES - CONCLUSIONS -Bruxelles - 30.03.1998

 

<<Le Conseil a discuté de la persistance des tensions au Kosovo, soulignant ses préoccupations face aux nouvelles violences qui se sont produites dans la province ces derniers jours. Il a de nouveau insisté pour que la police spéciale serbe soit immédiatement retirée et pour que les forces de l'ordre de la République fédérale de Yougoslavie et de la Serbie agissent avec modération et conformément aux normes acceptées au niveau international.

Il a également condamné tous les actes de terrorisme, notamment ceux perpétrés par l'Armée de libération du Kosovo, et a engagé ceux qui, hors de la République fédérale de Yougoslavie, apportent un soutien financier, procurent des armes ou assurent une formation en vue d'activités terroristes au Kosovo à cesser immédiatement de le faire.

Le Conseil s'est félicité de la déclaration faite le 25 mars par les ministres des Affaires étrangères du Groupe de contact. Il a estimé que les mesures prises par les autorités de la République fédérale de Yougoslavie et de la Serbie depuis le 9 mars n'étaient pas suffisantes pour satisfaire à l'ensemble des exigences énoncées à cette date et réitérées le 25 mars.

Il a souligné que les mesures exposées dans sa position commune du 19 mars ne seraient pas levées, et que d'autres devraient être envisagées s'il n'était pas intégralement satisfait à ces exigences.

Le Conseil s'est dit une nouvelle fois convaincu qu'un dialogue véritable, sans conditions préalables, doit être engagé d'urgence entre les deux parties. Il n'est pas favorable à ce que les négociations entre les autorités de Belgrade et les dirigeants de la communauté de souche albanaise du Kosovo débouchent sur l'indépendance ou le maintien du statut quo.

Il s'est félicité des mesures déjà prises par M.Rugova pour se préparer à des négociations et l'a encouragé à annoncer sans délai la composition de sa délégation. Le Conseil s'est félicité de l'accord intervenu au sein de la Commission 3 + 3 sur la mise en oeuvre de l'accord sur l'enseignement et a remercié Monseigneur Paglia de la communauté de Sant-Egidio pour tous les efforts qu'il a accomplis dans ce domaine. Notant que le Groupe de contact a engagé toutes les parties à coopérer avec la Communauté de Sant-Egidio pour atténuer les tensions dans d'autres secteurs sociaux également, le Conseil a invité les deux parties à mettre rapidement ce nouvel accord en application et a déclaré que l'Union européenne était disposée à apporter un appui substantiel à ce processus. Il a demandé que les recommandations de l'équipe d'enquête composée de représentants de la présidence et de la Commission qui se trouve actuellement au Kosovo, soient rapidement sui- d'effet. Le Conseil a apporté son appui total à la mission du représentant personnel du président en exercice de l'OSCE, pour la République fédérale de Yougoslavie et envoyé spécial de l'Union européenne, M. Felipe Gonzalez. Il a demandé au président Milosevic d'apporter à cette mission toute sa coopération, qui constituerait un élément important dans les relations futures entre l'Union européenne et la République fédérale de Yougoslavie. Le Conseil a souligné son intention de continuer à suivre de près l'évolution de la situation et a demandé aux instances compétentes de poursuivre l'élaboration de la ligne de l'Union européenne sur cette question dans le cadre de son approche pour la région. Il a souligné que des progrès concrets pour résoudre le grave problème que constituent la situation politique et les Droits de l'Homme au Kosovo permettraient d'améliorer la position internationale de la République fédérale de Yougoslavie, ainsi que ses chances de voir se normaliser ses relations internationales et d'être pleinement réhabilitée au sein des institutions internationales>>.

 

3/ RESOLUTION 1199 du 23 septembre 1998 du Conseil de Sécurité (S/RES/1199 ), rappelant sa résolution 1160 du 31 mars 1998.

<<Ayant examiné les rapports présentés par le Secrétaire général en application de cette résolution, en particulier celui qui est daté du 4 septembre 1998 (S/1998/834 et Add.1),

 

- Notant avec satisfaction la déclaration des Ministres des affaires étrangères de l'Allemagne, des États-Unis d'Amérique, de la Fédération de Russie, de la France, de l'Italie et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (le Groupe de contact), publiée le 12 juin 1998 à l'issue de la réunion du Groupe de contact avec les Ministres des affaires étrangères du Canada et du Japon (S/1998/567, annexe), et la déclaration ultérieure du Groupe de contact à Bonn le 8 juillet 1998 (S/1998/657),

 

 

- Notant également avec satisfaction la déclaration conjointe du Président de la Fédération de Russie et du Président de la République fédérale de Yougoslavie, en date du 16 juin 1998 (S/1998/526),

 

- Prenant note en outre de la communication du 7 juillet 1998 adressée au Groupe de contact par le Procureur du Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie, dans laquelle celui-ci estime que la situation au Kosovo constitue un conflit armé selon les termes du mandat du Tribunal,

 

 

- Gravement préoccupé par les combats intenses qui se sont récemment déroulés au Kosovo et en particulier par l'usage excessif et indiscriminé de la force par les unités de sécurité serbes et l'armée yougoslave qui ont causé de ombreuses victimes civiles et, selon l'estimation du Secrétaire général, le déplacement de plus de 230 000 personnes qui ont dû abandonner leurs foyers,

 

- Profondément préoccupé par l'afflux de réfugiés dans le nord de l'Albanie, en Bosnie-Herzégovine et dans d'autres pays européens dû à l'usage de la force au Kosovo, ainsi que par le nombre croissant de personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo et dans d'autres parties de la République fédérale de Yougoslavie, dont 50 000 sont sans abri et manquent du nécessaire, selon le estimations du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR),

- Réaffirmant le droit de tous les réfugiés et de toutes les personnes déplacées de retourner dans leurs foyers en toute sécurité, et soulignant que c'est à la République fédérale de Yougoslavie qu'il incombe de créer les conditions nécessaires à cette fin, - Condamnant tous les actes de violence commis par toute partie, et tous les actes de terrorisme perpétrés à des fins politiques par tout groupe ou tout individu, ainsi que tout appui apporté de l'extérieur à de telles activités au Kosovo, y compris la fourniture d'armes et d'entraînement pour des activités terroristes au Kosovo, et se déclarant préoccupé par les informations faisant état de la poursuite des violations des interdictions imposées par la résolution 1160 (1998),

 

- Profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation humanitaire dans l'ensemble du Kosovo, alarmé par l'imminence d'une catastrophe humanitaire telle que décrite dans le rapport du Secrétaire général, et soulignant la nécessité de prévenir cette catastrophe,

- Profondément préoccupé aussi par les informations faisant état de la multiplication des violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire, et soulignant la nécessité de veiller à ce que soient respectés les droits de tous les habitants du Kosovo,

 

- Réaffirmant les objectifs de la résolution 1160 (1998), dans laquelle le Conseil exprime son soutien à un règlement pacifique du problème du Kosovo qui prévoirait un statut renforcé pour le Kosovo, une autonomie sensiblement accrue et une véritable autonomie administrative,

 

 

- Réaffirmant également l'attachement de tous les États Membres à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie,

 

 

- Affirmant que la détérioration de la situation au Kosovo (République fédérale de Yougoslavie) constitue une menace pour la paix et la sécurité dans la région,

 

 

 

2. Exige également que les autorités de la République fédérale de Yougoslavie et les dirigeants albanais du Kosovo prennent immédiatement des mesures en vue d'améliorer la situation humanitaire et d'éviter le danger imminent de catastrophe humanitaire;

 

3. Demande aux autorités en République fédérale de Yougoslavie et aux dirigeants albanais du Kosovo d'engager immédiatement un dialogue constructif sans conditions préalables et avec une implication internationale, d'adopter un calendrier précis conduisant à la fin de la crise et à une solution politique négociée de la question du Kosovo, et se félicite des efforts en cours visant à faciliter ce dialogue;

 

4. Exige en outre que la République fédérale de Yougoslavie applique immédiatement, en sus des mesures visées dans la résolution 1160 (1998), les mesures concrètes suivantes en vue de parvenir à un règlement politique de la situation au Kosovo, telles qu'énoncées dans la déclaration du Groupe de contact en date du 12 juin 1998 :

 

a) Mettre fin à toutes les actions des forces de sécurité touchant la population civile et ordonner le retrait des unités de sécurité utilisées pour la répression des civils;

 

b) Permettre à la Mission de vérification de la Communauté européenne et aux missions diplomatiques accréditées en République fédérale de Yougoslavie d'exercer une surveillance internationale efficace et continue au Kosovo, y compris en accordant à ces observateurs l'accès et la liberté totale de mouvement afin qu'ils puissent entrer au Kosovo, s'y déplacer et en sortir sans rencontrer d'obstacles de la part des autorités gouvernementales, et délivrer rapidement les documents de voyage appropriés au personnel international contribuant à la surveillance;

 

c) Faciliter, en accord avec le HCR et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le retour en toute sécurité des réfugiés et personnes déplacées dans leurs foyers et permettre aux organisations humanitaires d'accéder librement et sans entrave au Kosovo et d'y acheminer leurs fournitures;

 

d) Progresser rapidement vers un calendrier précis, dans le cadre du dialogue avec la communauté albanaise du Kosovo visé au paragraphe 3 ci-dessus et réclamé dans la résolution 1160 (1998), afin de s'entendre sur des mesures de confiance et de trouver une solution politique aux problèmes du Kosovo;

 

5. Prend note, à cet égard, des engagements que le Président de la République fédérale de Yougoslavie a pris, dans la déclaration faite conjointement avec le Président de la Fédération de Russie le 16 juin 1998:

 

a) De régler les problèmes existants par des moyens politiques sur la base de l'égalité pour tous les citoyens et communautés ethniques au Kosovo;

 

b) De ne pas prendre de mesures répressives à l'encontre de la population pacifique;

 

c) D'assurer la pleine et entière liberté de mouvement des représentants des États étrangers et des organismes internationaux accrédités auprès de la République fédérale de Yougoslavie qui suivent l'évolution de la situation au Kosovo et assurer qu'il ne leur soit pas imposé de restrictions;

 

d) D'assurer l'accès libre et sans entrave pour les organisations à vocation humanitaire, le CICR et le HCR, et l'acheminement des secours humanitaires;

 

e) De faciliter le retour sans entrave

des réfugiés et des personnes déplacées, dans le cadre des programmes convenus avec le HCR et le CICR, et de fournir une aide publique à la reconstruction des foyers détruits, et demande que ces engagements soient pleinement honorés;

 

6. Insiste pour que les dirigeants albanais du Kosovo condamnent toute action terroriste, et souligne

que tous les membres de la communauté albanaise du Kosovo devraient poursuivre leurs objectifs uniquement par des moyens pacifiques;

 

7. Rappelle l'obligation qu'ont tous les États d'appliquer intégralement les interdictions imposées par la résolution 1160 (1998);

 

8. Approuve les mesures prises en vue d'assurer une surveillance internationale effective de la situation au Kosovo, et se félicite à cet égard de la mise en place de la Mission d'observation diplomatique au Kosovo;

9. Demande instamment aux États et aux organismes internationaux représentés en République fédérale de Yougoslavie de fournir le personnel nécessaire pour assurer une surveillance internationale effective et continue au Kosovo jusqu'à ce que les objectifs énoncés dans la présente résolution et dans la résolution 1160 (1998) soient atteints;

 

10. Rappelle à la République fédérale de Yougoslavie que c'est à elle qu'incombe au premier chef la responsabilité d'assurer la sécurité de tout le personnel diplomatique accrédité auprès d'elle ainsi que celle de tout le personnel des organisations internationales et non gouvernementales à vocation humanitaire se trouvant sur son territoire, et demande aux autorités de la République fédérale de Yougoslavie, ainsi qu'à tous les autres intéressés en République fédérale de Yougoslavie, de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer que les observateurs accomplissant des fonctions en vertu de la présente résolution ne soient soumis ni à la menace ou à l'emploi de la force, ni à aucune autre forme d'ingérence;

 

11. Prie les États de prendre toutes les mesures conformes à leur droit interne et aux dispositions perti-nentes du droit international, pour empêcher que des fonds recueillis sur leur territoire ne servent à des fins contraires à la résolution 1160 (1998);

 

12. Demande aux États Membres et aux autres intéressés de fournir les ressources nécessaires pour apporter une assistance humanitaire à la région et de répondre rapidement et généreusement à l'Appel inter-institutions des Nations Unies pour l'assistance humanitaire requise par la crise du Kosovo;

 

13. Demande aux autorités de la République fédérale de Yougoslavie, aux dirigeants de la communauté albanaise du Kosovo et à tous les autres intéressés de coopérer pleinement avec le Procureur du Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie aux fins des enquêtes sur les violations éventuelles qui relèveraient de la compétence du Tribunal;

 

14. Souligne également la nécessité pour les autorités de la République fédérale de Yougoslavie de traduire en justice les membres des forces de sécurité impliqués dans des mauvais traitements infligés aux civils ou dans la destruction délibérée de biens;

15. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport régulièrement, selon qu'il conviendra, sur son évaluation du respect de la présente résolution par les autorités de la République fédérale de Yougoslavie et tous les éléments de la communauté albanaise du Kosovo, y compris par le moyen de ses rapports périodiques sur l'application de la résolution 1160 (1998);

 

16. Décide, au cas où les mesures concrètes exigées dans la présente résolution et la résolution 1160 (1998) ne seraient pas prises, d'examiner une action ultérieure et des mesures additionnelles pour maintenir ou rétablir la paix et la stabilité dans la région;

 

17. Décide de demeurer saisi de la question>>*

 

4/ RESOLUTION (United-Nations) S/RES/1203 (1998) du 24 octobre 1998.

 

Le Conseil de sécurité, à sa 3937e séance,

 

Le Conseil de sécurité,

 

 

Rappelant ses résolutions 1160 (1998) du 31 mars 1998 et 1199 (1998) du 23 septembre 1998,

ainsi que l'importance d'un règlement pacifique du problème du Kosovo (République fédérale de Yougoslavie),

 

Ayant examiné les rapports présentés par le Secrétaire général en application de ces résolutions, en particulier celui du 5 octobre 1998 (S/1998/912),

 

Se félicitant de l'accord signé à Belgrade le 16 octobre 1998 par le Ministre des affaires étrangères de la République fédérale de Yougoslavie et le Président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui prévoit l'établissement par l'OSCE d'une mission de vérification au Kosovo (S/1998/978), et notamment de l'engagement pris par la République fédérale de Yougoslavie de se conformer aux résolutions 1160 (1998) et 1199 (1998),

 

Se félicitant également de l'accord signé à Belgrade le 15 octobre 1998 par le chef d'état-major des armées de la République fédérale de Yougoslavie et le Commandant suprême des Forces alliées en Europe de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), qui prévoit l'établissement d'une mission de vérification aérienne au Kosovo (S/1998/991, annexe) en complément de la Mission de vérification de l'OSCE,

 

Accueillant avec satisfaction la décision du Conseil permanent de l'OSCE en date du 15 octobre

1998 (S/1998/959, annexe),

 

Accueillant avec satisfaction également la décision prise par le Secrétaire général d'envoyer en République fédérale de Yougoslavie une mission chargée de mettre en place les moyens d'évaluer directement l'évolution de la situation sur le terrain au Kosovo,

 

Réaffirmant que la Charte des Nations Unies confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Rappelant les objectifs de la résolution 1160 (1998), dans laquelle le Conseil a exprimé son soutien à un règlement pacifique du problème du Kosovo qui prévoirait un statut renforcé pour le Kosovo, une autonomie sensiblement accrue et une véritable autonomie administrative,

 

Condamnant tous les actes de violence commis par toute partie, tous les actes de terrorisme perpétrés à des fins politiques par tout groupe ou tout individu, et tout appui apporté de l'extérieur à de telles activités au Kosovo, y compris la fourniture d'armes et d'entraînement pour des activités terroristes au Kosovo, et se déclarant préoccupé par les informations faisant état de la poursuite des violations des interdictions imposées par la résolution 1160 (1998),

 

 

Vivement préoccupé par les mesures d'interdiction que les autorités de la République fédérale de Yougoslavie ont récemment prises à l'encontre de médias indépendants en République fédérale de Yougoslavie, et soulignant que ceux-ci doivent être autorisés à reprendre leurs activités et à les mener en toute liberté,

 

Vivement alarmé et préoccupé par la situation humanitaire grave qui persiste dans tout le Kosovo, ainsi que par l'imminence d'une catastrophe humanitaire, et soulignant à nouveau la nécessité de prévenir cette éventualité,

 

Soulignant l'importance d'une bonne coordination des initiatives humanitaires prises par les États, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et les organisations internationales au Kosovo,

 

Insistant sur la nécessité d'assurer la sécurité et la sûreté des membres de la Mission de vérification au Kosovo et de la Mission de vérification aérienne au Kosovo,

 

Réaffirmant l'attachement de tous les États Membres à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie,

 

Affirmant que la situation non réglée au Kosovo (République fédérale de Yougoslavie) continue de faire peser une menace sur la paix et la sécurité dans la région,

 

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

 

1. Approuve et appuie les accords signés à Belgrade, le 16 octobre 1998, entre la République fédérale de Yougoslavie et l'OSCE, et, le 15 octobre 1998, entre la République fédérale de Yougoslavie et l'OTAN, concernant la vérification du respect des dispositions de sa résolution 1199 (1998) par la République fédérale de Yougoslavie et toutes les autres parties concernées au Kosovo, et exige que ces accords soient appliqués promptement et dans leur intégralité par la République fédérale de Yougoslavie;

 

 

2. Note que le Gouvernement de la Serbie a approuvé l'accord conclu par le Président de la

République fédérale de Yougoslavie et l'Envoyé spécial des États-Unis d'Amérique (S/1998/953, annexe) et que la République fédérale de Yougoslavie a pris publiquement l'engagement de mener à

bien d'ici au 2 novembre 1998 la négociation du cadre d'un règlement politique, et demande que ces engagements soient scrupuleusement honorés;

 

 

3. Exige que la République fédérale de Yougoslavie respecte strictement et rapidement les résolutions 1160 (1998) et 1199 (1998) et coopère pleinement avec la Mission de vérification de l'OSCE au Kosovo et la Mission de vérification aérienne de l'OTAN au Kosovo, conformément aux clauses des accords visés au paragraphe 1 ci-dessus;

 

 

4. Exige également que les dirigeants albanais du Kosovo et tous les autres éléments de la

communauté albanaise du Kosovo respectent strictement et rapidement les résolutions 1160 (1998) et 1199 (1998), et coopèrent pleinement avec la Mission de vérification de l'OSCE au Kosovo;

 

5. Souligne qu'il importe au plus haut point que les autorités de la République fédérale de Yougoslavie et les dirigeants albanais du Kosovo engagent immédiatement, sans condition et selon un calendrier précis, un dialogue constructif avec une présence internationale, en vue de mettre fin à la crise et de parvenir à un règlement politique négocié de la question du Kosovo;

 

6. Exige que les autorités de la République fédérale de Yougoslavie, les dirigeants albanais du Kosovo et toutes les autres parties intéressées respectent la liberté de circulation des membres de la

Mission de vérification de l'OSCE et des autres membres du personnel international;

 

7. Engage les États et les organisations internationales à mettre à la disposition de la Mission de vérification de l'OSCE au Kosovo le personnel dont elle a besoin;

 

8. Rappelle à la République fédérale de Yougoslavie que c'est principalement à elle qu'incombe la responsabilité de la sécurité et de la sûreté de l'ensemble du personnel diplomatique accrédité auprès d'elle, y compris les membres de la Mission de vérification de l'OSCE, ainsi que de la sécurité de tous les membres du personnel humanitaire des organisations internationales et non gouvernementales travaillant en République fédérale de Yougoslavie, et demande aux autorités de la République fédérale de Yougoslavie et à toutes les autres parties intéressées sur l'ensemble du territoire de ce pays, y compris les dirigeants albanais du Kosovo, de prendre toutes les mesures appropriées pour que le personnel s'acquittant de responsabilités découlant de la présente résolution et des accords visés au paragraphe 1 ci-dessus ne soit pas menacé de l'usage de la force, qu'il ne soit pas usé de la force à son endroit et qu'il ne soit en aucune façon fait obstacle à ses activités;

 

9. Se félicite dans ce contexte de l'engagement que la République fédérale de Yougoslavie a pris dans les accords visés au paragraphe 1 ci-dessus de garantir la sécurité et la sûreté des Missions de vérification, note que, à cette fin, l'OSCE envisage des arrangements qui seraient mis en oeuvre en coopération avec d'autres organisations, et affirme que, en cas d'urgence, des actions peuvent être nécessaires pour assurer la sécurité et la liberté de mouvement de ces Missions, comme prévu dans les accords visés au paragraphe 1 ci-dessus;

 

10. Demande instamment aux dirigeants albanais du Kosovo de condamner tous les actes de terrorisme, exige qu'il soit immédiatement mis fin à ces actes, et souligne que tous les éléments de la communauté albanaise du Kosovo doivent chercher à atteindre leurs objectifs par des moyens pacifiques seulement;

 

11. Exige que les autorités de la République fédérale de Yougoslavie et les dirigeants albanais du Kosovo s'emploient immédiatement à coopérer à la réalisation des efforts déployés à l'échelon international pour améliorer la situation humanitaire et pour prévenir la catastrophe humanitaire imminente;

12. Réaffirme le droit de tous les réfugiés et de toutes les personnes déplacées de retourner dans leurs foyers en toute sécurité, et souligne que c'est à la République fédérale de Yougoslavie qu'il incombe de créer les conditions nécessaires à cette fin;

 

13. Engage les États Membres et les autres parties intéressées à apporter des ressources suffisantes au titre de l’as-sistance humanitaire dans la région et à répondre sans tarder et de façon généreuse à l'Appel global inter-institutions des Nations Unies pour l'assistance humanitaire liée à la crise au Kosovo;

 

14. Demande que soit menée à bien sans délai, sous une supervision et avec une participation internationales, une enquête sur toutes les atrocités commises contre des civils, et qu'une coopération pleine et entière soit apportée au Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie, notamment en donnant effet à ses ordonnances, en donnant suite à ses demandes d'information et en respectant le déroulement de ses enquêtes;

 

 

15. Décide que les interdictions imposées au paragraphe 8 de la résolution 1160 (1998) ne s'appliquent pas au matériel réservé au seul usage des Missions de vérification comme prévu dans les accords visés au paragraphe 1 ci-dessus;

 

16. Prie le Secrétaire général, agissant en consultation avec les parties concernées par les accords visés au paragraphe 1 ci-dessus, de faire rapport régulièrement au Conseil de sécurité sur l'application de la présente résolution;

 

17. Décide de demeurer saisi de la question.

 

 

* * *

 

 

B/ Situation des droits de l'homme et intervention de l'OTAN :

 

1/ Dépêche de l'AFP.

 

<<PADESH (Albanie), 9 juin (AFP) - Ismije Krasniqi, 32 ans, se dit déterminée à retourner au Kosovo pour venger ses deux filles qui se sont suicidées après avoir été violées par quatre Serbes.

Arrivée mardi à Padesh, dans le nord-est de l'Albanie, Ismije a raconté que sa famille avait été réveillée en sursaut samedi dernier par quatre hommes en treillis et armés qui ont fait irruption chez eux peu après minuit. "Ils ont dit qu'ils cherchaient des caches d'armes. Ils étaient ivres et ne savaient pas ce qu'ils disaient", ajoute-t-elle à travers les larmes. Après avoir fouillé en vain la maison de fond en comble, - "nous n'avions pas d'armes", dit Ismije, - les quatre hommes s'en sont pris à la famille. Ils ont commencé par déchirer les vêtements d'Ismije, puis ils lui ont coupé ses longs cheveux avec un couteau. Un geste considéré comme un déshonneur chez les Albanais. Lorsque son mari a voulu lui porter secours, un des quatre hommes lui a tiré une balle dans le pied et l'a ligoté. Les quatre hommes ont alors brutalisé Rina, 13 ans, et Sema, 14 ans, avant de les violer tour à tour, selon Ismije. "Mon mari hurlait, je m'arrachais les cheveux et les quatre hommes riaient", raconte la jeune femme, le visage tuméfié, le cou couvert d'hématomes. "En quittant la maison, les quatre hommes ont écrit sur la façade avec le sang de mon mari "A bas l'UCK", le sigle de l'"Armée de libération du Kosovo", organisation qui combat pour l'indépendance de cette province du sud de la Serbie. "Ils nous ont pris tout ce que nous avions de plus cher, l'honneur", sanglote la jeune femme. Une loi albanaise ancestrale veut qu'une femme ayant été déshonorée devant un membre de sa famille se donne la mort. "Rina et Sema n'ont pu supporter les sévices qu'elles ont subis. Elles se sont jetées du haut d'un rocher dans la Drini. J'ai vu leurs corps, nous avons essayé de les sauver mais le fleuve les a prises à jamais", sanglote leur mère. Le mari d'Ismije s'est déjà procuré une mitraillette et est resté dans leur village de Llacan, près de Decani (ouest du Kosovo), pour se battre, dit-elle. "En ce qui me concerne, je vais confier mon fils à des parents à Tropoja (ville voisine de Padesh), et je vais retourner avec une arme au Kosovo pour me venger", ajoute-t-elle. Elle envisage de rallier l'UCK, dès vendredi si possible. Ismije est arrivée à Padesh avec 14 autres femmes et 12 enfants accompagnés de deux hommes armés, arborant l'emblème de l'UCK, un aigle bicéphale doré sur fond rouge. "Je serai peut-être la première femme membre de l'UCK. Je ne peux pas oublier les cris de mes deux petites", raconte-t-elle. Son visage est ravagé par l'épreuve, ses mains et sa voix tremblent. Mais ses yeux d'un bleu profond disent sa détermination. >>

 

2/ Article du Washington Post

Selon les experts du Pentagone, une intervention au Kossovo exigerait une opération du type <<Desert Storm>> : infos sur l’armement serbe.

 

Military Doubtful on Kosovo Strikes

Officials say Success Would Require All-Out Bombardment

By Dana Priest Washington Post Staff Writer Wednesday, June 17, 1998

 

<As top U.S. national security officials threaten the use of military power to resolve the crisis in Kosovo, U.S. military planners have expressed deep misgivings about the amount of force it would take to protect NATO aircraft and force the Yugoslav government to change course in the province.

Pentagon officials say they have made it clear to President Clinton's foreign policy advisers that to protect NATO aircraft, any airstrike would have to be preceded by an all-out bombardment of Yugoslavia's 60 surface-to-air missile sites and its 241 combat aircraft, a preparatory action that one defense official described as a smaller-scale version of the Desert Storm air campaign.

That assessment, which officials said would be among preliminary military options delivered to NATO defense ministers in the coming days, is not universally shared within the administration or within the countries of NATO, said administration officials. The differences have caused a tussle between U.S. military and civilian officials involved in formulating a unified U.S. position.

"There are people who think that because airstrikes worked in Bosnia, they will work here," said one military official who derided the analogy.

Secretary of State Madeleine K. Albright said yesterday that all military options remain on the table and issued strong warnings to Yugoslav leader Slobodan Milosevic. "The bottom line is we are united in the fact that what is going on there is unacceptable, and that action needs to be taken," she said at the State Department

On Monday, NATO sent warplanes over the Adriatic Sea, Albania and Macedonia in an exercise designed to remind Milosevic of the potential cost of not withdrawing troops from civilian areas in Kosovo. The Clinton administration is demanding he reverse his 1989 revocation of limited self-rule for the Kosovo population, which is about 90 percent ethnic Albanian (…)

The administration has said that Milosevic has the right to put down insurgents, but that his troops should refrain from the brutal tactics they have adopted (…)

But Pentagon officials believe that any options requiring the use of NATO aircraft also would require the suppression of Yugoslav jets and air defense systems to ensure NATO pilot safety.

The Yugoslav army's air defenses include a sophisticated command-and-control system and separate surface-to-air missile (SAM) sites that can be centrally controlled. A number of SAM sites are in Kosovo.

"This isn't Bosnia," said one senior defense official. "You can't do this with a handful of aircraft" without considerable risk to the pilots. In 1995, NATO launched three weeks of air attacks against Bosnia Serb positions, which led combatants to the negotiating table. The Serbs had very limited means to oppose the air assaults.

In addition to the 60 surface-to-air missile sites, which include the sophisticated SA-6 system and others that are capable of reaching high-flying aircraft, the Yugoslav military has 241 combat aircraft, mostly Soviet-made MIG-21s and MIG-29s, and 28 attack helicopters, according to defense officials. It also has 1,850 air defense guns that fire large-caliber bullets, which can reach low-flying planes and helicopters.

Before any air-strike against Yugo-slav targets, "We would want to be confident we had suppressed the entire air defense system before flying around an area," said Pentagon spokesman Kenneth H. Bacon. "The military concerns have been brought to everyone's attention.">>

 

Copyright "The Washington Post Company

"

 

 

* * * *

 

C/ Débats et société en Serbie et Kossovo :

 

1/ Ibrahim Rugova, président de la République de Kossove autoproclamée depuis 1991, président de la Ligue Démocratique du Kossovo

2/ Vuk Draskovic, l'un des principaux dirigeants politiques de l'opposition parlementaire yougoslave.

3/ Borisav Jovic, ancien président de la Fédération Yougoslave

4/ Azem Vlazi, ancien président de la Ligue communiste au Kossovo

5/ Mahmut Bakali, ancien dirigeant politique au Kossovo

6/ Zoran Dzindzic, président du Parti démocrate (Serbie)

 

 

 

1/ Ibrahim Rugova, président de la République du Kossovo depuis 1991 :

LE MONDE, JEUDI 26 MARS 1998

 

 

Ibrahim Rugova, " président " de la communauté albanaise du Kosovo

"Comment expliquez-vous les violentes opérations de police serbes dans le centre du Kosovo ?"

-Il est assez difficile de comprendre exactement les motifs de cette répression dans la région de Drenica. Il y a une volonté évidente de faire pression sur la population, de lui faire peur. Il ne faut pas oublier que certains extrémistes serbes ont toujours dans la tête des plans de purification ethnique pour le Kosovo. Quelques milliers de personnes de la région ont déjà préféré quitter leur village pour se réfugier dans les villes des alentours, et parfois dans la capitale. Ensuite, il existe sans doute une volonté de provoquer un conflit, de faire mal, et de multiplier les menaces contre des personnel désarmées et sans protection.

- Des policiers serbes ont quand même été victimes d'attentats ?

- Concernant cette "année de libération du Kosovo", je n'exclus pas qu'il existe des groupes frustrés et hétéroclites, ni que les services secrets serbes puissent jouer un rle. En revanche, je ne crois pas du tout qu'il existe une armée organisée. La région est beaucoup trop contrôlée, et depuis trop longtemps, à toutes les frontières, pour qu'une telle organisation puisse voir le jour et se structurer. Il s'agit d'un prétexte. Et la police serbe utilise des actes individuels et disparates pour organiser des représailles contre des familles sans défense.

- Qu'attendez-vous du Groupe de contact (Allemagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Russie), qui devait se réunir, mercredi, à Bonn ?

- Qu'il continue d'exiger de Belgrade les mesures décidées récemment à Londres, et notamment le et des forces spéciales serbes du Kosovo, ce qui n'a toujours pas été fait. Le Groupe de contact doit maintenir la pression sur Belgrade pour qu'un dialogue réel et profond puisse s'engager. Les diplomates européens que j'ai rencontrés, lundi à Pristina, sont tout à fait d'accord sur ce point: les pressions de Belgrade doivent être maintenues pour apaiser les tensions au Kosovo. La secrétaire d'Etat américaine, Madeleine Albright, l'a aussi rappelé.

- Quel sera le rôle des quinze "conseillers présidentiels " que vous venez de désigner ?

- De préparer les rencontres avec les représentants serbes. Car il faut maintenant commencer les discussions sur un accord politique. Nous demandons toujours pour notre part qu'un médiateur soit désigné pour faciliter ces échanges et en garantir les résultats.

" Parmi les conseillers que j'ai nommés figurent des gens qui se sont souvent montrés très critiques à mon égard [comme par exemple Adem Demaçi, principal opposant d'lbrahim Rugova] et à qui j'ai demandé de m'aider dans cette tâche. Pour le moment, il s'agit d'engager des consultations. Pas des négociations.

- Mardi, quelque 20 000 Serbes ont manifesté dans Pristina pour dénoncer notamment la réintégration des Albanais dans les écoles et les universités du Kosovo. Redoutez-vous des débordements ?

- J'ai demandé à tous les manifestants, Albanais comme Serbes, d'être extrêmement prudents et de renoncer à toute provocation. La semaine dernière, il y a eu quelques accrochages, mais jusqu'ici, heureusement, rien de grave. Le problème est que les yens qui conduisent les manifestations serbes, et qui ne sont pas forcément tous de Pristina, sont quelquefois très excités et radicaux. Il faut donc faire très attention.

- Votre revendication d'indépendance, écartée par la quasi-totalité de la communauté internationale, n'attise-t-elle pas les tensions ?

-J'ai été élu président [de la " République du Kosovo ", non reconnue] pour réaliser l'indépendance. Le temps est venu de la reconnaître. Bien sûr, je conçois qu'une période transitoire soit nécessaire, avec une démilitarisation du Kosovo et une protection internationale. Mais il faut bien comprendre que si l'indépendance est refusée un conflit potentiel existera toujours dans cette région des Balkans. Et, contrairement à ce que pensent beaucoup de capitales d'Europe et d'ailleurs, l'indépendance du Kosovo est le seul moyen de stabiliser la région et d'éviter son embrasement. Les Albanais d'Albanie et de Macédoine en conviennent. C'est le statu quo, le maintien de la situation actuelle, qui est sans aucun doute le plus lourd de dangers. >>"

 

Propos reccueillis par Denis Hautin-Guiraut

 

NOTE . Adem Demaçi, le plus vieux prisonnier politique du monde (plus encore que Mandela), avait son propre projet de "Fédération Balkanique". Il n’a jamais pour autant été accepté par Ibrahim Rugova parmi les négociateurs avec Belgrade. Et pour cause, sa position combattive n’a rien à voir avec la méthode dite non-violente. Demaçi a abandonné son idée de fédération à la demande de l’UCKdont il est devenu le porte-parole politique et représentant légal. Ce processus reproduit le schéma irlandais, y compris pour les structures armées quasi familiales. Fin Septembre, Demaçi a annoncé une structuration d’ensemble décidée par les commandants après leur défaite dans l’offensive menée par Milosevic; Rugova, en bon politicien, récupère l’engagement de l’UCK et négocie avec les institutions internationales le futur du Kossovo. Mais il est plus que probable qu’à la première élection démocratique Demaçi sera un rival très populaire.

 

 

2/ Vuk Draskovic, l'un des principaux dirigeants politiques de " l'opposition " serbe, Président du Parti serbe pour le renouveau (SPO).

 

NDLR : Ce texte ancien détaille une qui s’est renforcée récemment par l’emploi du mot " terroriste " pour désigner l’UCK. M. Draskovic a réaffirmé sa conviction que la question du Kossovo était une "affaire intérieure à la Serbie ". Bourré de contresens historiques seuls les premiers ont été ici signalés.

 

 

LE MONDE DIPLOMATIQUE - avril 1989

LES RELATIONS SERBO-ALBANAISES

Confrontation avec la vérité

 

Par VUK DRASKOVIC

<<Ismaïl Kadaré dit que "quatre principales ethnies" vivent dans les Balkans : les Grecs, les Albanais, les Roumains et les Slaves (souligné par nous). Il est étonnant qu'il ignore que "le peuple slave" n'existe pas. Il y a les Serbes, les Bulgares, les Croates, les Slovènes. Leur origine est sans doute commune, slave ; mais les juifs et les Arabes ont, eux aussi, des racines communes! Les Slaves des Balkans ne vivent pas dans le même Etat, ne parlent pas la même langue, [NDLR. Faux : elles sont quasi identiques. Notamment la grammaire et la syntaxe le sont totalement. Le mode aorist est simplement plus utilisé dans certaines régions de BiH. En Croatie on germanise malheureusement de plus en plus. C’est en Serbie que la langue a été le plus conservée par rapport aux années 1900.] et n'ont pas le même alphabet et se divisent entre orthodoxes, catholiques et musulmans. Les Bulgares, par exemple, ont été durant ce siècle trois fois en guerre, contre les Serbes et, dans la Croatie nazie,[NDLR : Proportionnellement au pourcentage de la population française, la Croatie l’était moins] plus d'un million de Serbes ont été tués au cours du dernier conflit mondial. En dissimulant cette réalité, M. Kadaré escamote le fait essentiel que, dans leur actuelle percée dans les territoires "slaves" (serbes en l'occurrence), les Albanais bénéficient d'un soutien "slave" (croate et slovène, avant tout). C'est par là que l'Albanie d'Enver Hodja a obtenu une soeur jumelle dans l'Albanie titiste du Kosovo. Les Balkans ressemblent de plus en plus à une poudrière car deux Albanie veulent s'unir, alors que les Serbes n'entendent pas renier le Kosovo.

Pourquoi les Serbes revendiquent-ils le Kosovo alors que 92% d'Albanais vivent dans cette région et que ceux-ci (comme le souligne avec insistance M. Kadaré) sont des descendants des Illyriens, le plus ancien peuple des Balkans? La réponse exige de jeter un regard, même rapide, sur l'histoire.

Le Kosovo est, pour les Serbes, l'épicentre de leur culture, de leur foi et de leur mémoire nationale. Sur cette espace, relativement étroit, ils ont, par exemple, construit mille cinq cents églises et monastères. Là, le 28 juin 1389, ils ont affronté les forces ottomanes, trois fois supérieures aux leurs et perdu la bataille. Cette région est devenue le symbole de la tragédie nationale mais aussi celui d'une aspiration séculaire à chasser les Turcs. Du 28 juin 1389 jusqu'à l'automne 1912, quand l'armée serbe libéra le Kosovo pendant la première guerre balkanique, les jeunes filles serbes portaient des foulards noirs en signe de deuil pour la liberté perdue.

Où sont les Albanais? L'empereur de Byzance Constantin VII Porphyrogénète a écrit au dixième siècle une étude sur les peuples de son empire mais, à aucun moment, il n'a mentionné les Albanais. Leur présence est remarquée pour la première fois au onzième siècle par les chroniqueurs. Il semble ainsi que les Albanais soient arrivés à cette époque dans la région. D'où? Beaucoup d'albanologues supposent que le berceau des Albanais balkaniques est l'actuel Azerbaïdjan, plus exactement l' "antique Albanie caucasienne", comme le note la Grande Encyclopédie soviétique. Selon l'importante étude du savant azerbaïdjanais R. B. Gueïouchev, parue en 1984 à Bakou, les Albanais du Caucase ont été parmi les premiers peuples du monde à être christianisés, puis ils ont été soumis, au milieu du septième siècle, à une massive islamisation, après la mainmise du califat arabe sur leur Etat.

Un certain nombre d'Albanais islamisés s'étaient joints aux troupes arabes qui attaquèrent Byzance, à la fin du dixième siècle. Les Albanais gagnèrent ainsi les Balkans pour se concentrer, plus particulièrement, dans le sud de l'Italie (en Calabre) et dans les montagnes de l'actuelle Albanie. Même si cette version ne correspond pas à la réalité, le fait est que nul savant sérieux au monde ne soutient aujourd'hui l'affirmation, que ressassent Tirana et Pristina (capitale du Kosovo), sans aucune preuve à l'appui, selon laquelle les Illyriens sont les ancêtres des Albanais. M. Kadaré sait, mais il le dissimule, que tous les toponymes du Kosovo sont serbes et qu'il n'y a aucun monument culturel qui appartienne aux Albanais. Ainsi la mosquée de Sinan Pacha à Prizren, dont ils tirent fierté, a été construite avec les ruines de l'église des Saints-Archanges, détruite, à la fin du seizième siècle, par le même Sinan Pacha.

Les bergers albanais descendent des montagnes à la fin du seizième siècle, après la disparition des derniers restes de l'empire serbe, et commencent, sous la bannière de l'islam, leur soudaine expansion. Les maisons serbes et grecques, les propriétés, les jeunes filles, les vies : tout est à leur disposition. Cette petite ethnie va donner aux Ottomans vingt-cinq grands vizirs, quarante-trois sadria-azams, plus de deux cents pachas, des milliers de janissaires. Refoulant les Serbes du nord de l'Albanie et les Grecs au sud, les Albanais atteignent le Kosovo et vont, par l'assassinat, le pillage, l'islamisation et l'albanisation forcées de dizaines de milliers de Serbes (d'innombrables ouvrages existent à ce sujet) devenir, en trois siècles, l'ethnie majoritaire dans cette région. Ils ont anéanti plus de 90% des monuments culturels serbes, détruit ou endommagé presque toutes les fresques dans les églises qui ont survécu, emporté les richesses, dévasté les cimetières et transformé en harems les châteaux des souverains serbes. Sinan Pacha, grand vizir turc et Albanais de souche, a même exhumé, pour la faire brûler sur un bûcher, la dépouille de saint Sava, fondateur de l'Eglise serbe et patron de la nation. Mais revenons à notre temps.

Au printemps 1945, Joseph Broz s'installe au palais royal à Belgrade. En août de la même année, son gouvernement proclame une loi spéciale interdisant aux cent mille Serbes, chassés du Kosovo par les Albanais durant la guerre, de regagner leurs demeures. C'est un début. Puis, Tito lève la frontière avec l'Albanie d'où des dizaines de milliers d'Albanais viennent occuper les propriétés serbes. Dans le même temps, le Kosovo obtient par la Constitution un statut spécial d'autonomie et, devant la terreur déclenchée par les Albanais, plus de quatre cent mille Serbes fuient dans d'autres régions de Serbie. Enfin, Tito proclame, en 1974, la Constitution par laquelle le "Kosovo autonome" devient absolument indépendant de la Serbie et possède un droit de veto sur toute loi promulguée en Serbie. Mais cette même Serbie, économiquement faible, est soumise à l'obligation d'accorder chaque jour au Kosovo 800 000 dollars.

Pourquoi Tito a-t-il agi ainsi? Dans le Komintern, qui a éduqué le chef des partisans yougoslaves et le fondateur de la Yougoslavie communiste, les premiers rles sont tenus par les communistes des pays vaincus durant la première guerre mondiale : les Allemands, les Autrichiens, les Hongrois, les Croates, les Bulgares. Dès 1923, ils prennent la décision de briser la "Yougoslavie de Versailles" qui est, pour eux," un enfant monstrueux des bourgeoisies serbe et française". Le Komintern est pour une Europe bolchévique et de nouvelles frontières. Il promet le Tyrol aux Autrichiens, l'Alsace et la Lorraine aux Allemands, une partie de la Roumanie à la Hongrie...Le pire destin est réservé à la Yougoslavie : disparaître! L'Etat est offert sur un plateau, mais de telle manière que la Serbie (sortie victorieuse de la guerre) soit sévèrement punie et que ses territoires nationaux soient distribués : la Vojvodine à la Hongrie, la Macédoine à la Bulgarie, la Dalmatie et des parties de la Bosnie à la Croatie, le Kosovo à l'Albanie.

Le Parti communiste yougoslave soutient cette distribution et lutte pour sa réalisation. Ceux qui étaient contre (et parmi eux les délégués serbes au Komintern) disparaissent dans le goulag stalinien. Tito ne s'est pas opposé à l'anéantissement de la Yougoslavie et au morcellement de la Serbie. Il était croate et, en 1914, il a combattu, comme sergent dans l'armée autrichienne, contre la Serbie. Ce passé l'a sans doute aidé à accéder à la fonction de secrétaire général du Parti communiste yougoslave.

Avec son sens de l'ironie, l'histoire a fait que Tito et ses communistes (à l'instigation, de nouveau, du Komintern) ont organisé l'insurrection contre l'occupant allemand et qu'avec l'aide de l'Armée rouge ces virtuels destructeurs de la Yougoslavie l'ont renouvelée.

Une question s'impose : comment le peuple serbe, majoritaire dans la Fédération yougoslave, a-t-il accepté cette évolution? La nation était biologiquement invalide et lasse de tout. Rappelons, pour mémoire, que 1,6 million de Serbes ont succombé dans la première guerre mondiale et presque autant dans la deuxième. Les Serbes ont gagné les deux guerres mais ils ont perdu le tiers de leur population. En outre, un régime totalitaire, qui sanctionnait sévèrement toute tentative d'opposition, leur a été imposé en 1945. Dans cette immersion, les relations traditionnelles avec la France et l'Europe occidentale se sont rompues, et les Serbes ne pouvaient même pas s'appuyer sur la Russie orthodoxe qui était depuis longtemps déjà en proie au même malheur. A part quelques communistes serbes qui suivaient aveuglément Tito, le peuple entier a été frappé d'impuissance et de dépression, et il n'a commencé à se réveiller et à protester qu'à la mort de Tito.

 

Plus de raison et moins de passion KADARÉ dit qu'il faut établir qui vit le drame au Kosovo et qui en fait une représentation. Voyons.

A Djakovica, le pouvoir titiste détruit, le 27 janvier 1950, l'église du Christ-Sauveur, où étaient inhumés les corps de cinq mille enfants serbes morts de faim durant la première guerre mondiale ; et de ces ruines, les Albanais construisent des cabinets publics dans la ville. A Pec, les Albanais incendient, le 16 mars 1981, un bâtiment ancien de la patriarchie... Dans le village de Samodreza, l'immigré albanais Ferat Mujo assassine, le 3 juin 1982, Danilo Milincic. Dix ans auparavant, Slavoljub, le père de Danilo, avait été tué et, en 1944, Marko, le grand-père. Dans le village de Mece, les Albanais assassinent, le 4 juillet 1981, Miodrag Saric au cours de leur trentième attaque contre sa maison. Smiljka, sa veuve, et ses quatre enfants sont les seuls Serbes de ce village où ils étaient majoritaires en 1945...Dans une rue de Pristina, le 9 juin 1983, des enfants albanais aspergent d'essence Dejan Antonovic et l'enflamment... L'Albanais Ahmet Ljatifi, membre de la milice et de la Ligue communiste, tente de violer, le 28 août 1988, la supérieure du monastère de Gracanica...Au cimetière du village de Grace, près de Vucitrn, des enfants albanais exhument, le 27 octobre 1988, les corps des enfants jumeaux de Ranko Savic et les démembrent...

La liste de tels crimes pourrait s'allonger à l'infini. Le pouvoir serbe de Belgrade, qui se libère lentement de la peur de Tito, est impuissant car la justice et la police sont aux mains des Albanais du Kosovo. Les Serbes sont descendus dans la rue, l'été 1988, pour réclamer la fin des violences et de l'occupation, et mettre un terme à la Constitution de Tito. Les Albanais ont répliqué par des manifestations pour appuyer la politique titiste et la stratégie de destruction de la Serbie.

Je partage l'inquiétude d'Ismaïl Kadaré pour l'avenir des relations serbo-albanaises, ces deux peuples étant au bord de la guerre. Cette catastrophe peut être évitée si, de part et d'autre, il y a plus de raison et moins de passion, mais certainement pas par des chimères qui servent d'alibi aux crimes. L'expérience montre que la confrontation avec la vérité délivre de la haine et des préjugés. Avant d'être fait prisonnier, l'Albanais Esad Pacha avait défendu l'empire turc contre la Serbie en 1912. Et lorsque les Serbes lui rendirent les honneurs pour son courage et lui accordèrent, comme à ses soldats, la liberté, le vieux pacha versa des larmes. Il mourut à Paris en 1918, en disant : "Enterrez-moi parmi les Serbes!" Ainsi, au cimetière de Thiais, dans le carré des combattants serbes, une colonne sépulcrale musulmane se dresse parmi les croix.

Encore un point. Dans le pays où vit Ismaïl Kadaré, environ trois cent cinquante mille Grecs et Serbes ont été albanisés de force. L'écrivain a-t-il jamais protesté? Sur cette terre, qui est aujourd'hui le bastion du stalinisme le plus orthodoxe, beaucoup d'Albanais ont été soumis à la torture et des milliers d'autres sont passés par les camps de concentration d'Enver Hodja. M. Kadaré s'est-il jamais révolté? Emile Zola est aussi un grand écrivain parce qu'il a pris la défense d'un homme, au risque de sa tête>>.

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2/ Borisav Jovic, ancien président de la Fédération Yougoslave :KOSOVO IN THE CONSTITUTION

<<Kosovo and Metohija is today an autonomous province in the Republic of Serbia, which together with Montenegro makes up the Federal Republic of Yugoslavia. Many abroad who today advocate autonomy for Kosovo and Metohija are possibly not aware of the facts, that it, according to the Constitution of the Republic of Serbia, is actually an autonomous province.

 

However, the albanian population in Kosovo and Metohija, lead by nationalist and separatist political parties, not only does not recognize and does not wish to acknowledge the autonomous rights accorded to the Province, but recognizes neither the Republic of Serbia not the Federal Republic of Yugoslavia for its state and is seeking independence, that is secession.

 

According to to current constitutional and legal norms, the Autonomous Province of Kosovo and Metohija has its own assembly, the members of which are elected by secret ballot in free multi party elections. Taking into consideration the ethnic composition of the population in that province, the representatives of the Albanians would enjoy an absolute majority, but the assembly has not been elected and is not functioning because the Albanian national parties, which exert the greatest influence over the voting body, do not wish to participate in elections nor in the assembly of an Autonomous province that is a part of Serbia and Yugoslavia, because they insist on secession.

 

The Autonomous Province of Kosovo and Metohija also also has the right to independently and in its own assembly elect its government, the so called Executive Council, with the number of ministers deemed necessary, and to appoint the ministers and other senior officials of the civil service. As things stand today, when one boycotts the state one lives in, such possibilities are wasted.

 

Temporarily, until the issue of electing a Provincial Assembly is resolved, the pertinent decisions are being made by the Serbian national legislature, so that life would be able to go on in such circumstances. A similar situation can be seen with regard to the establishment of municipal authorities in the Autonomous Province of Kosovo and Metohija, in which, in 90 percent of the cases, the Albanian population is in the majority, and is rejecting to participate in elections and the executive authority, so that municipal assemblies are composed of representatives of those citizens who voted.

 

We cannot avoid mentioning the fact that rejection of the Albanian national separatist parties and voters of that nationality to participate in the republican and federal elections, because of their boycott and non recognition of the state in which they live, where they would have close to 10 percent of the total number of representatives, with a great possibility to influence the political life of the republic and the country in both the interest of the national minority they represent, is unreasonable sacrifice of an exceptional right to the detriment of the citizens they believe they are representing usefully.

The leadership of the Albanian population in Kosovo and Metohija, through their policies and practice, has placed the citizens of their nationality in a political ghetto, stripping it of all of the political rights accorded to it by the constitution and the law. This violates its citizens' rights to a considerable degree, but not in the way it is often though of doing so, by the state in which they live, but rather by those who do not allow them to be equal citizens.

 

To what extent the Albanian separatist leaders are lacking scruples and forcing the Albanian population to boycott the state in which they live, can easily be understood if one bears in mind the fact that they have forced their compatriots to quit their work places so that they could "boycott" the state. People have quit their jobs not only in the civil service and other state institutions, but also in factories, mines, hospitals, schools, etc., without their leaders providing them with other employment in return. Even worse and far more damaging was the departure of the Albanian children from their schools, in which, by the way, they were being educated in the Albanian language at the expense of the state.

 

The boycott of the state schools was motivated by the idea that it would avoid recognition of schools whose certificates bear the "Republic of Serbia" ensignia, because they do not recognize it, nor do they recognize some of the less important points of the syllabus, and which are not probably without a solution. Some form of underground schools have been established, where the children learn according to a syllabus that differs from the state sanctioned one, and where certificates bear the "Republic of Kosovo" ensignia, which are not excepted anywhere and which only bring unpleasantness to their owners. A similar fate has befallen health care professionals of the albanian nationality, who have been left for the most part without employment and have been withdrawn to some illegal and inadequate underground health care services, while the Albanian population has been deprived of care in state run health institutions, where as a rule treatment is free of charge and on a higher professional level.

 

The existing dispute on implementing the so called "Milosevic-Rugova" education agreement, boils down to the fact that the authorities are calling on all the Albanian children, as well as the students, to return to schools and universities, without any doubt where they could be taught in their mother tongue, while in the meantime the Albanian representatives are demanding that school facilities be returned to them so that Albanian children can be taught in accordance with a syllabus they determine and where the "Republic of Kosovo" certificates are issued. Actually, they are calling for the schools to be excluded from the state education system, so that they could more easily control one of the systems of the phantom Republic of Kosovo, which is of course unacceptable to Serbia, and it would most probably not be allowed by any other state in the world. The Albanian national minority is guaranteed, like all others, the right to use its mother tongue in official correspondence with the state -- the civil service, courts and all other places, to cultivate its culture -- to have libraries, theaters in the Albanian language, and such, to receive information in its own language, to what end there are numerous papers and magazines in Albanian, as well as special broadcasts on radio and television. Not only as concerns the rights of national minorities, but in all other rights and vital issues for citizens, the Albanian national minority has been cheated by the boycott forced on it by its political leadership, because they are not allowed to participate in places of political decision making and in places of education or work.

 

Often, from a standpoint of insufficient knowledge of the historical and contemporary facts, criticism is heard abroad of an alleged injustice of the reduction of the autonomous rights of Kosovo and Metohija by the Serbian Constitution of 1989. At that time prerogatives were taken from the autonomous provinces and transferred to republic, but only those which are clearly in the realm of the state and under no criteria anywhere in the world are they given to autonomous provinces, just as the adoption of the Constitution of the Republic (for which agreement was needed from the Autonomous Province), was the adoption of a law that must be valid on the entire territory of the republic (the autonomous provinces had previously enjoyed the right to independently create legislation that could be in contradiction with republican laws), territorial jurisprudence of the courts and prosecution (a unified court and prosecution was proscribed for the entire Republic), as well as a single police and public security service, so that all citizens of the republic would be equal under the law, before the courts and state organs.

 

The autonomous rights of Kosovo and Metohija were limited exclusively by laws which have validity on the entire territory of the Republic, but it has its own budget, its government and all organs whose job it is to make sure that that the constitutionally and legally guaranteed civic and minority rights in the autonomy are enforced in the manner most suited to them. I cannot see how Serbia (and Yugoslavia) could have greater international obligations than those already proscribed by the law. That is not the issue of the state of affairs in Kosovo and Metohija, the problem is that the Albanian population should reject their separatist tendencies and start using the rights in the state where they live.

 

It is wrong to imply that the problem could be resolved by returning to Kosovo and Metohija the autonomous state rights it had before 1989. Even under those circumstances the Albanian separatists had on numerous occasions organized rebellions, starting in 1981, and later, calling for independence and secession, while the state rights which had been unnaturally granted to them, they widely abused to execute a mass pogrom of the Serb and Montenegrin peoples from the region, which was the real reason those rights were revised.

Little is known, or maybe that it does not want to be known, that in 1988, with the agreement of all the Yugoslav republics, and stemming from the mentioned abuse, The Constitution of SFRY was amended, allowing Serbia to amend its Constitution and revise the prerogatives of the provinces, and since when the exodus of the Serb population under pressure has decreased considerably. It is wrong to only blame the amendments on Serbia, it had the general agreement for that in the entire SFRY, including agreement from the the Assembly of the Autonomous Province of Kosovo, which by a great majority had as its members Albanians and voted for that amendment as logical and unavoidable.

 

If anyone abroad really wants the tensions in Kosovo and Metohija to subside, they should take into consideration the real state of events and real causes of the political tension. They can be found in the separatist tensions and non-recognition of Serbia as their state. If that hurdle was to be surpassed, then anything else could be negotiable, and the tensions would immediately subside>>.

 

 

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3/ Azem Vlasi, ancien président de la Ligue Communiste pour la Province du Kossovo, aujourd'hui avocat à Pristina.

" In Article one of the Constitution of the Socialist Federal Republic of Yugoslavia of 1974, along with all the republics which make up the federal state, also mentioned are the Socialist Autonomous Provinces of Kosovo and Vojvodina, with the difference being the added appendix that they are "...within Serbia." That appendix was the result of a political compromise, in order to ease the dissatisfaction in Serbia because of the improved constitutional position of the two provinces accorded by Article one of the Constitution of the Socialist Federal Republic of Yugoslavia, and their true representation Federal bodies, they were in fact federal units.

 

Also in the constitutional definition of sovereignty of the republics and provinces, another distinction was been made in that the republics were defined as sovereign states within the framework of the Socialist Federal Republic of Yugoslavia, while for the provinces it was said that they were "social-political organizations whose workers and citizens realize their sovereign rights." In all else, according to the responsibilities and the manner of governing, Kosovo (and Vojvodina) were to a high degree equal with the republics.

 

The provincial assembly had all the legislative functions and adopted the same laws as did the assembly of the republic, except citizenship. Kosovo had an executive and judicial authority, a constitutional court, administration. Although to a somewhat lesser degree as compared to the republics, it was represented in all the representative and political offices of the Federation, while in the Presidency of the Socialist Federal Republic of Yugoslavia, as were all the republics, with one representative. Provincial laws determined all relations in all walks of life (economy, finance, administration, education, property issues, information, equality of ethnic communities, their language and alphabet, etc.)

 

In the circles of the Greater Serbian nationalism, dissatisfaction was kindled for a long time over such a status for the provinces, even though, according to the constitutional definition they were to a certain degree also within Serbia. During Tito's reign that dissatisfaction was concealed to a point and the relations determined by constitutional solutions of 1974, functioned relatively well.

 

But a more open political and propaganda offensive against such a status for Kosovo, was initiated after the student demonstrations in Pristina and some other places in 1981, where apart from others, slogans for Kosovo to become a republic were also heard.

 

The true broad offensive for destroying the constitutional identity of Kosovo (and Vojvodina) was initiated when Slobodan Milosevic rose to power, when Serb nationalism was given a chance to act legitimately and institutionally. In that approach, Kosovo, in other words, the provinces were only the initial phase in the activities for the radical transformation of former Yugoslavia into a "Great Serbia."

The Initiative of the presidency of the Socialist Federal Republic of Yugoslavia to change the federal Constitution in the normative part pertaining to social-economic relations was used as a direct reason for the final offensive. Through the mechanism of "democratic centralism" in the Communist league, in other words through the Central Committee and the Presidency where they had a majority of followers as compared to Kosovo and the Albanians ( Montenegrins, Macedonians, Serbs from Bosnia and Croatia), the Serbs succeeded in forcing a stand in regard to reviewing the need for such constitutional changes which would provide for Serbia's more adequate functioning, because of the existence of the two provinces. We and the citizens of Vojvodina opposed it, but all further developments were exposed to pressure, threats, protests which called to arms and threatened war.

 

Through the officials of the League of Communist Yugoslavia, gathering a majority of anti-Albanian oriented forces, they succeeded in driving out of leading posts key Albanian personnel from Kosovo. Thus the resistance of the Kosovo leadership to that aggressive Greater Serbian onslaught weakened. The only resistance came from the Albanians at peaceful mass protests, but that did not help either. In Feb. 1989 a false allegation was staged that some enemy organization was behind the Albanian mass protests for the preservation of constitutional autonomy, which the presidency of the Socialist Federal Republic of Yugoslavia was taken in by, had resulted in the imposition of martial law in Kosovo. That initiated a campaign against influential persons in political and intellectual circles, many people were arrested including some very distinguished political leaders. That removed the major obstacles to the forceful changes of the constitution, and the changes were realized in Kosovo on March 23, under imposed martial law and the presence of tanks, and in Belgrade triumphantly on March 28, 1989. Furthermore, 1989 had passed in political pursuits and show-downs with all those people who in one way or another resisted the violent and unconstitutional imposition of Serbian authority in Kosovo.

 

The year 1990 is one of formal dispossession of autonomy, revoking its last remains. At the same time under way is the process of mass Serbization of Kosovo and systematic discrimination against Albanians, abolishing all the national rights which they had with autonomy, as well as violating their basic human and civil rights.

 

The Serbian legislature continually annulled all the laws and other regulations which the Kosovo assembly had adopted some 20 years earlier, replacing them with other laws and acts. All that was conducted in an unconstitutional manner and was aimed at abolishing all the national and civil rights the Albanians had realized earlier.

 

First of all, in March 1990, the Serbian legislature adopted a regulation with a cynical title: Program of measures for the implementation of peace, freedom, tolerance, democracy and prosperity in the Socialist Autonomous Province of Kosovo.

 

The cynical part of it is the fact that the same regime had prior to and after that, done everything contrary to the title of that document. In fact it was a program for the legalization of national inequality, that is an all encompassing favoring of Serbs and discrimination against Albanians and with calls to Albanians to recognize and respect as their own the authorities who were doing such things to them. In that series of unconstitutional " laws", according to the extent of the negative effects sustained by the Albanians and the legalization of disorder and injustice, best remembered was the so called "Law on conduct for state bodies under special circumstances" which was adopted in the Serbian legislature in June 1990. It in fact gave the Serbian authorities at all levels freedom to do whatever they wanted with the Albanians in Kosovo, under the excuse that they were imposing law and order. Recalling that "law" all companies, and many other institutes and institutions were placed under Serbian receivership, and thus with a wide sweep the legal management of those public organizations was abolished.

The receiverships were given the authority to fire Albanians from their jobs, take away their apartments and similar by short procedure.

Also added to that was " The law on employment under special circumstances" which was adopted in July 1990. Receiverships implemented that " law" efficiently, and in less than a year about 100,000 Albanians were fired from their jobs. It is interesting to stress that with the adoption of that "Law" the Serbian legislature adopted an instruction for the implementation of that law only in Kosovo.

 

That was followed by the annulment of other laws adopted by the Kosovo legislature over a period of more than 20 years and "covering" the regions which were regulated by them, by Serbian laws.

 

In violation of the Constitution, at the beginning of July 1990, the Serbian Legislature adopted a "Law on the cessation of power of the assembly and executive council of the Socialist Autonomous Province of Kosovo." By that the two highest ruling bodies in Kosovo were formally extinguished and once again in an unconstitutional manner Serbia's rule over Kosovo was imposed in a much greater measure than was allowed by the forced constitutional changes of 1989.

 

Under the pretext of allegedly preventing the Serbs and Montenegrins from leaving Kosovo, in about the middle of 1990, the Serbian legislature adopted a "Law on a fund for the development of Kosovo" and the "Program of measures for preventing the Serbs and Montenegrins from leaving Kosovo". Harsh cynicism: while over 100,000 Albanians were fired from their jobs, "laws" and "programs" for opening new job opportunities for the Serbs and Montenegrins were adopted.

 

In the ensuing operation other spheres of life are invaded: the Serbian legislature adopts "laws" on abolishing provincial laws which were in effect until that time: for higher, secondary, and elementary education, by which the Albanian language curriculum is actually abolished at the university and high school education levels. Also abolished were all the existing educational and training institutions which were part of the education system. The entire judicial system and authorities in Kosovo were abolished. Also the Constitutional Court of Kosovo was abolished. In March 1991, the Kosovo presidency was also abolished.

 

Similar events take place in the field of information, interrupting the program in the Albanian language on Pristina Radio and Television right after the abolishing of the provincial law on information, and the police forcibly drove the Albanians out of broadcasters' premises. The publishing of the Rilindje was banned, the only daily in the Albanian language since 1945. With the adoption of the new Serbian Constitution in 1990, all the functions of the autonomous provinces were in fact extinguished. In the new Constitution the names "Autonomous Province of Kosovo and Metohija and the Autonomous Province of Vojvodina" just stand, when in fact they have less authority that the municipalities did in the earlier system.

 

All that was concluded at the time as the disintegration of former Yugoslavia. Thus Serbia has realized its political goal stressed in its policy proclaimed during the protests, that it wishes to be like the other republics, in other words free of provinces. The only difference is in that now, instead of the province of Kosovo, it has an unrelenting clash with the Albanians who have by referendum proclaimed Kosovo a republic, while the Serbian authorities remain convinced that it is an internal issue of Serbia.

 

Serbia rules over Kosovo, mainly through repression, but in fact the Kosovo issue has remained in debate and a solution is being sought. That is by far a very internationalized issue, and the international community does not agree with the a situation which Serbia has forcibly imposed. The second half of the match is anticipated.>>

 

* * *

4/ Mahmut Bakali, ancien responsable politique du Kossovo, aujourd’hui politologue à Pristina.

 

<<To my mind, some of the basic premises in the case of Kosovo, comprising a framework for loosening the Kosovo knot, from which we should proceed in discussing the Kosovo issue, might be as follows:

 

1.The Albanian people in Kosovo can on no grounds be treated as a "national minority" both because of its numbers (the Albanians make 90 percent of the present-day Kosovo population, while in former multi-national Yugoslav federation they were the third largest people, exceeding in numbers many other peoples that have their own independent states today. The Albanian people is the second largest in the present-day Yugoslavia, closely behind the Serbs.) and due to a fact that the Kosovo Albanian population represents almost one half of the total Albanian population. Thanks to unjust wars and unfair international decisions made during the establishment of the Albanian state, the Albanian people remained divided into halves for the entire century. The same people, living on its own ethnic soil, remained on two sides of an international border.

 

2.The right to self-determination is to be recognized to the Albanian people in Kosovo. The implementation of this sublime principle of democracy in the 20th century is inevitable in resolving the Kosovo conflict. Regardless of ongoing attempts at suppressing the right to self-determination, I am convinced that its fulfillment in the Kosovo case is unavoidable. Here I think of exercising this right in a contemporary sense, which implies that its radicalism should not harm other peoples and that it should be in compliance with other principles set by the international law. A manner in which Kosovo came under Serbia's rule, systematic repressions by the Serbian authorities, expressed aspirations towards independence and many other criteria prove that the right to self-determination belongs to the Albanian people.

 

3.It is also necessary to recognize historic, freedom-loving aspirations of the Kosovo Albanians, their plebiscites and commitment to the independent republic of Kosovo out of Serbian state's jurisdiction. The Kosovo Albanians elected their own legitimate organs and ascertained the independent and democratic position of Kosovo after the breakdown of former Yugoslavia, which is their legal right, since Kosovo was an integral part of former Yugoslav federation. In a word, this cannot be called an arbitrary vote, and the Albanian people's will and determination cannot be denied.

 

4.It is also necessary to recognize the interests of Serbian and other peoples in Kosovo in terms of full equality with the Albanian majority people in the province. Also, the general interests of the Serbian people and the Serbian state in preserving historic and religious monuments in Kosovo, as well as other spiritual values of the Serbian people in Kosovo, should be fully respected. Thereby, Kosovo would be an independent republic, and not solely Albanian, but rather the republic of all peoples constituting it and a democratic state for all its citizens. This is also to deny militaristic ideas of a solely Serbian or solely Albanian Kosovo.

 

5.The international principle of integrity of existing international borders cannot be maintained by force and unilaterally. New relations and tendencies in the world require new ideas and new actions, freed from certain taboos, accepted as stereotypes. Maintenance of Kosovo under Serbia's rule became meaningless and worthless, whatever the form of autonomy might be, even than provided for by the 1974 Constitution. For a context within such an autonomy was built has vanished. After all, even under the 1974 Constitution, Kosovo executed the state powers independently of Serbia, because it used to be a constitutive element of the then federation, just like other republics.

 

6.If it stems from the Dayton Peace Agreement that territorial integrity of the present-day Federal Republic of Yugoslavia (Serbia and Montenegro) must be recognized, then it must be recognized, but without fettering natural democratic aspirations of the unjustly divided Albanian people. It has to be given an opportunity to achieve its national unification without changing borders, but within a future Europe with open borders and within European integration processes. However, after the signing of the Dayton accords, not only Bosnia and Herzegovina, but also the entire territory of former Yugoslavia and the entire Balkans can no longer be the same. Therefore, the Dayton spirit has to embrace the soil of present-day Yugoslavia, which implies radical changes in its political and constitutional systems. All independent states on this soil, including the republic of Kosovo as well, are yet to agree and decide upon common integration, which would be an integral part of the European integration processes. A possibility of anyone's hegemony should be excluded.

 

I underline the integration as a part of regional European integration processes, because the former federations had compromise themselves with the fall of communism. Furthermore, the integration I am talking about can in no way resemble the former Yugoslavia or what we call the Federal Republic of Yugoslavia today. It should have a form that would suit all members. It could be a union, or an alliance of independent states or a confederation that would have open and liberalized borders with neighbors, and which would be involved in all European and world mechanisms and organizations. The chosen form of integration would be also be liberated from all kinds of sanctions, and it would be included in collective bodies of European security and defense, depending on their interests and choice.

 

It is also necessary to urgently change the situation in Kosovo, stop repression against the Albanian people and alter the position of the province, because the current situation means continuation of the Serbian authorities' brutal repression against the Albanian people that cannot be alleviated by mere activities related to the protection of human rights. The current status quo is becoming a generator of fresh conflicts by itself, and a possible source of a large-scale conflict in the Balkans with unforeseeable consequences. The local authorities' repression against the Kosovo Albanians and increasingly frequent terrorist actions in the province, contrary to a peaceful policy the Albanian political movement sticks to and all public condemnations and distancing from such actions by the Albanian political parties, prove that resolving of the Kosovo status can no longer be delayed. All these events are a mere reaction to both Serbia's repression and the Serbian and Albanian leadership's passivity in taking practical steps towards resolving the Kosovo issue. I would also describe them as reactions to the lack of efficiency by the international community in resolving the position of Kosovo and the Albanian people.

 

In order to curb large-scale conflicts, it is necessary to carry out a broader preventive diplomatic and political activity, not only to settle but also to overcome this unsustainable condition. First and foremost, it is necessary to start a decision-making process and urgent negotiations between legitimate representatives of the Serbian and Albanian parties, focused on peaceful and political resolving of the Kosovo status. The talks should be carried out with international mediation. Another possibility is to convene a special international conference concentrated on the status of Kosovo and the Albanian people, or a conference dealing with regional integration processes in South-East Europe, which would include a solution for the status of Kosovo and the Albanians. Of course, the Kosovo status has to be resolved in a just manner and in accordance with the liberation-oriented aspirations and declarations of the Albanian people. For, I am afraid that any solution ignoring the Albanians' aspirations would inevitably lead to reinvigorated conflicts and perhaps a war. I believe that our dialogue here, our approximation of opinions and our proposals may contribute to the just and peaceful resolution for the Kosovo status.>>

 

5/ Zoran Djindjic, président du Parti Démocrate

<<Let me start with two remarks.The question we should be asking ourselves it not how to solve the Kosovo problem, but how to go about resolving it. It is not a linguistic matter only. We have a chance to start moving forward only if we are realistic. And as a final resolution to the problem of Kosovo does not appear realistic, all participants in the process of its resolution should be psychologically prepared for a strategy of small steps.

 

The other remark concerns the framework of the Kosovo problem's resolving. In my view, this framework should be the legal and political system of modern Europe.

 

In modern Europe's legal and political system all major problems are dealt with through establishing and guaranteeing rights. Such an approach excludes violence, intolerance, endangering human rights, and similar non-legal mechanisms.

 

How, then, should we go about resolving the problem of Kosovo by way of law instead of violence?

 

The first consequence of what is, in my view, the only right decision -- dealing with the problem of Kosovo within the framework of the legal and political system of modern Europe -- is that the Kosovo Albanians have no right to an independent state. There are no legal grounds for founding such a state. The right to self-determination, quoted by ethnic Albanian politicians and intellectuals in support of their demands, from a legal point of view, does not imply independence or secession. The right to self-determination is a basic democratic right to freely shape one's own life within an existing state.

The right to create a state does not stem from the democratic right to self-determination, but many other rights are indeed its consequence. They include human, personal, political, collective, and other rights. And -- what is even more important -- all these rights require institutions to guarantee that these can and will indeed be implemented. Without an independent judiciary, unbiased media and free elections, of what use would a person's human, civic or political right be?

 

If, for an instant, we reduce the problem of Kosovo to a dispute between the Serbian authorities and the ethnic Albanians, we have but to criticize both sides. The Serbian authorities have failed to secure institutions that convincingly guarantee basic human rights. Not only in Kosovo, but in the entire country, there is no independent judiciary, objective public informing or free elections. The Albanians, on the other hand, should be criticized for inferring their right to secession from the fact that, in Serbia, there are insufficient guarantees for exercising democratic rights. Such a conclusion is in opposition to the modern European legal system. Namely, the fact that a state lacks institutionalized guarantees for citizens rights, results in the right to create political, union and other organizations aimed at democratizing such a country. This is the only proper course when our country is in question as well. Of course, this holds true only if the intent of the parties involved is to deal with problems in the manner of modern Europe, instead of in the ways of the Stone Age.

 

The problem of the Albanians in Serbia, beyond doubt, is not only the problem of personal rights, but of collective rights as well, even of political status. We have inherited this issue from the times of Tito's Yugoslavia (the former Socialist Federal Republic of Yugoslavia, headed by its late communist president, Josip Broz Tito), in the form of the autonomy problem. Whatever the contents of this autonomy, it is clear that it involves a set of specific rights. Autonomy can be achieved only within a lawful state. Tito's Yugoslavia was not a lawful state and, in it, autonomy was only a means of political manipulation.

 

One of the aspects of such manipulation lies in the fact that the issue of territorial autonomy was confused with the issue of collective ethnic rights. The territorial autonomy of Kosovo and Vojvodina is one matter, while specific rights for national minorities and ethnic groups is something entirely different. That knot, so skillfully entangled by Tito, we have now to disentangle with much patience and with the assistance of the proper legal instruments.

 

We may choose between two paths. One is short and radical. It is the path of force, pressure, attempts to rearrange the facts (create a new state), for which subsequent international approval would be requested, and also the path of suspending all rights by violence, under the excuse that they endanger the survival of the state. This is a path traveled by political extremists. I do not know what is at its end, but I am certain that it does not lead into modern Europe.

 

The other path is long and winding. It involves a painful process of establishing and guaranteeing rights. Its stages are clear. Institutional guarantees of basic rights must be created. These are the guarantees without which no democratic solution is stable. Whatever form of autonomy is agreed on for Kosovo during the political process, would be but words on paper without democratic institutions to support the functioning of that autonomy on a daily basis.

 

My message and my conclusion is the following: the problem of Kosovo cannot be dealt with in the ways of modern Europe without an enhanced democratization of Serbia. If we wish to deal with it as a legal problem, and not as an issue necessitating force, we need legal institutions that deserve and enjoy our respect. It is an enormous task for the future, both for the Serbs and the Albanians living in Serbia.

A reader may well view this conclusion as being excessively theoretical and lacking practical answers. He or she may well add that the time of thinking is behind us and that now the time has come to act. I agree that a lot of time has passed and that very few issues have been properly addressed or solved. But this does not mean that speedy solutions would resolve anything. I believe that it is better to try to put out a fire with buckets of water, however small, than with a tank full of gasoline. Speed and radicalism solve nothing. It is much better to make a small step in the right direction than ten huge paces leading the other way>>.

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D/ Droit international

 

On ne saurait trop recommander la lecture intégrale de l'ouvrage dont suit un extrait.

 

 

Extrait de l'ouvrage de M. Isse Omanga Bokatola, op. cit., p. 112-113.

<<Le problème de la sécession se posa concrètement sur le plan international au temps de la Société des Nations. La Commission de juristes qui s'occupa du conflit entre la Suède et la Finlande à propos des Iles d'Aland reconnut avec une impartialité absolue que le vœu certain de l'immense majorité des habitants des îles était favorable au rattachement à la Suède. Néanmoins, cette Commission rejeta l'idée qu'un groupe de personnes ait le droit de démanteler un Etat établi.

Elle déclara : "Est-il possible d'admettre comme une règle absolue qu'une minorité de la population d'un Etat définitivement constitué et parfaitement capable de remplir sa tâche, ait le droit de se séparer de lui pour s'incorporer à un autre Etat ou se déclarer indépendant ? La réponse ne peut être que négative. Reconnaître à des minorités de langue ou de religion, ou à des fractions quelconques d'une population la faculté de se retirer de la communauté à laquelle elles appartiennent, parce que telle est leur volonté ou tel est leur bon plaisir, ce serait détruire l'ordre et la stabilité à l'intérieur des Etats et inaugurer l'anarchie dans la vie internationale. Ce serait soutenir une théorie incompatible avec l'idée même de ['Etat comme unité territoriale politique ".

Ce serait une conclusion hâtive que de déduire de ces observations que la Société des Nations avait totalement interdit le droit à la sécession. La même Commission de juristes observa dans son rapport : " En de telles circonstances (celles survenant dans le contexte des révolutions et des guerres), le principe d'autodétermination des peuples peut être appelé à jouer. De nouvelles aspirations de certaines parties d'une nation, qui sont quelquefois basées sur des anciennes traditions ou sur une langue et une civilisation communes, peuvent faire surface et produire des effets qui doivent être pris en considération dans les intérêts de la paix intérieure et extérieure des nations. "

En examinant l'éventualité d'une séparation, la Commission affirma: " La séparation d'une minorité de l'Etat dont elle fait partie et son incorporation à un autre Etat ne peuvent être envisagées que comme une solution extrême et tout à fait exceptionnelle, quand cet Etat n'a pas la volonté ou le pouvoir d'édicter et d'appliquer des garanties justes et efficaces au caractère social, ethnique et religieux de la minorité. " La Commission énuméra une série de garanties que la Finlande devait accorder aux habitants des Iles d'Aland afin que ceux-ci puissent préserver leur langue, leur culture et leurs traditions suédoises. Elle termina son rapport en indiquant que si la Finlande refusait de les octroyer, il n'y aurait pas d'autre solution que de recourir au plébiscite et à la séparation des Iles.

Donc, il est clair que pour la Société des Nations, le droit à la sécession pouvait être exercé dans certaines circonstances exceptionnelles comme remède contre un abus manifeste des droits des minorités. (lette position constitue une extension du droit naturel de résistance, droit qui fut déjà défendu dans l'Antiquité par Socrate au profit des citoyens d'Athènes. Les Nations Unies iront elles aussi dans le même sens, mais avec beaucoup d'hésitations et d'ambiguïtés, les différentes interprétations de leurs principaux instruments en la matière donnant lieu à des conclusions contradictoires et controversées>>.

 

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E/ Histoire :

Les Albanais ont-ils envahi le Kossovo ?

Extrait de A. Ducellier, L'Albanie entre Byzance et Venise, Londres 1987.

<< Soyons clair : dans les Balkans plus encore que partout ailleurs, il n'est pas d'autre argument soutenable, pour déterminer l'appartenance nationale de telle ou telle région, que le constat de son occupation actuelle par une majorité nationale dûment reconnue ; en ce sens, le Kosovo, habité aujourd'hui par une population aux deux tiers albanaise, ne saurait être évidemment considéré que comme albanais, et ceci en-dehors de toute idée de rattachement à l'entité politique nommée "Albanie". Que dirait-on, en effet, si, constatant l'existence d'une majorité germanique en Alsace, on voulait en faire une province allemande au sens politique du terme ?

 

Ces considérations d'évidence font mesurer, le danger qu'il y a à utiliser des arguments "historiques" pour fonder le bon droit d'un peuple à dominer des territoires qu'il a perdus ou qu'il n'occupe plus que minoritairement: on sait le rôle que l'idée de " patrie originelle " a joué dans la genèse et la justification d'Israël.

 

Cependant, lorsqu'on voit l'obstination avec laquelle on emploie l'argument historique pour prouver que les Serbes ont un "droit" sur le Kosovo dont ils seraient les plus anciens habitants, ensuite dépossédés par les Albanais, il n'est pas mauvais de montrer que, pour une fois, l'histoire et la situation actuelle concordent.

Dans un article récent, Michel Aubin rappelle, ce qui est vrai, que le Kosovo constitua " le centre économique et politique du royaume médiéval serbe aux treizième et quatorzième siècles "; ce serait donc seulement la conquête turque qui, après avoir éliminé les Serbes des meilleures terres, les aurait enfin contraints, surtout en 1690 et 1738, à émigrer vers la Hongrie méridionale pour les remplacer par des éléments islamisés venus d'Albanie du Nord.

 

N'insistons pas sur le fait que l'installation d'un centre de pouvoir politique et économique dans un territoire donné ne garantit nullement, surtout au Moyen Age, le caractère ethniquement dominant de ceux qui détiennent l'autorité politique: c'est ainsi que le petit despotat " serbe " de Serrès, en Grèce du Nord, a pu dominer, de 1355 à 1371, une population massivement grecque. On ne répétera jamais assez que le nationalisme est une invention moderne, heureusement inconnue des peuples médiévaux qui n'étaient pas aussi sensibles que nous au caractère " étranger " de ceux qui pouvaient les dominer temporairement.

 

Admettons cependant que les Serbes aient été majoritaires au Kosovo au treizième siècle: on ne peut alors s'empêcher de se demander qui habitait la région auparavant. Chacun sait que les Slaves sont le peuple indo-européen le plus tard venu en Europe, puisque les vagues successives de leurs invasions s'étalent sur les VIe et VIIe siècles. On sait aussi que, à cette époque, plusieurs siècles de romanisation n'avaient pas pour autant fait disparaître les vieilles populations autochtones, Daces en Roumanie, Thraces en Bulgarie, Illyriens en Dalmatie, Albanie, Macédoine. Pour nous en tenir au Kosovo, nul ne nie que, depuis au moins le XVIIIe siècle avant notre ère, il ait vu naître et se développer plusieurs formations politiques illyriennes qui passèrent peu à peu du stade tribal au statut de véritables petits royaumes, Dardaniens, Pénestes, Paéoniens, pour ne citer que les plus importants. Or les travaux les plus récents, aussi bien linguistiques qu'archéologiques, tendent tous à prouver aujourd'hui que les Illyriens sont sans aucun doute les ancêtres directs des Albanais. En ce qui concerne l'archéologie, l'étude de la céramique et de la bijouterie (boucles d'oreilles, broches, bagues et surtout fibules) prouve qu'il y a une extraordinaire continuité dans les formes et les techniques entre les nécropoles illyriennes antiques et les trouvailles faites sur les sites médiévaux que l'on peut dater des VIe-VIIe siècles de notre ère (Kalaja e Damalcës près de Pulcë et surtout Kruja): la chose est si vraie que l'archéologue yougoslave B. Covic a pu dater le matériel de Kalaja e Dalmacës des VIe-VIIe siècles avant notre ère. Or, il faut rappeler que les fouilles de Kalaja e Dalmacës ont été entreprises au cours du dernier siècle et que chacun convenait, à l'époque, qu'elles étaient le témoin de l'"ancienne civilisation slave". A coup sûr, cette continuité illyro-albanaise ne se lit pas seulement sur le territoire actuel de l'Albanie: les découvertes faites dans la nécropole de Mjele, près de Virpazar, en Monténégro, et sur deux sites de la région d'Ohrid, en Macédoine, ont en effet permis de mettre au jour des objets appartenant à la même civilisation. Bien entendu, l'activité particulièrement grande des archéologues albanais depuis la Libération doit être seule prise en compte pour expliquer la plus grande abondance des trouvailles faites sur le territoire national.

 

En l'absence de tout document qui prouverait l'anéantissement, ou l'émigration des populations illyriennes locales lors des invasions slaves, il est donc naturel de penser que, pendant tout le Haut Moyen-Age, le Kosovo, comme l'Albanie elle-même, a gardé constamment une population, essentiellement illyrienne, c'est-à-dire albanaise. Certes, on assista à un phénomène de slavisation, dont la toponymie est le meilleur témoin, mais on sait que la toponymie est un argument de peu de valeur pour déterminer l'ethnie d'une population: songeons au très grand nombre de toponymes slaves que l'on trouve en Albanie même, où nul ne songerait à soutenir que la population ait jamais été majoritairement slave. Au reste, un tel argument ne servirait guère les tenants de la "thèse serbe" puisque la majorité des toponymes slaves du Kosovo comme de l'Albanie semblent bien être plutôt bulgares que serbes, ce qui est fort naturel puisque les Bulgares ont occupé la région dès le IX° siècle et surtout à la fin du Xe, à l'apogée du dernier empire bulgare dont la capitale était Ohrid9. A cette époque, les Serbes sont encore loin du Kosovo: en effet, au IXe-Xe siècles, leurs premières formations cohérentes sont la Rascie, dans la vallée de l'Ibar, à l'ouest de la Morava, et la Zéta, qui correspond en gros à l'actuel Monténégro: ce n'est qu'au moment où le prince Stepan accède au titre royal, en 1217, que l'Etat serbe se dilate et englobe la région de Pejë (Pec), l'essentiel du Kosovo restant pourtant encore en dehors de ses limites. N'insistons donc pas: toute argumentation de type "historique" ne peut que se retourner contre la thèse "serbe" puisque l'Histoire nous apprend que les Serbes sont, à l'égard du Kosovo, des envahisseurs très tard venus.

 

La domination serbe a-t-elle fait disparaître la vieille population illyro-albanaise? En fait, ce sont les textes serbes eux-mêmes qui nous prouvent le contraire: en 1348, une donation faite par le grand tsar Stepan IX Dusan au monastère des Saints Michel et Gabriel de Prizren nous prouve qu'il existait, probablement dans les environs de cette ville, au moins 9 villages qualifiés d'albanais (arbanas). L'an suivant, le célèbre code promulgué par ce même souverain nous prouve qu'il existait, dans nombre de villages de son domaine, aux côtés des populations slaves, des éléments valaques et albanais dont le dynamisme devait être considérable, puisque le tsar s'efforce de limiter leur installation sur les terroirs. Précisons que si les Valaques et les Albanais sont désormais considérés comme des nomades, ce n'est certes pas parce qu'ils sont des " pasteurs originels ", mais simplement parce qu'ils ont été réduits à cette situation par la pression économique et politique du peuple dominant: déjà en 1328, il en allait de même dans les régions de Diabolis, Kolônée et Ohrid où Jean Cantacuzène narre la rencontre de l'empereur byzantin Andronic III avec les "Albanais nomades" de la Macédoine centrale. A coup sûr, la domination serbe paraissait lourde aux Albanais soumis; même compte tenu des claires intentions de propagande de l'auteur, il y a sans doute du vrai dans ce qu'écrit, vers 1332, un propagandiste de la Croisade, Guillaume d'Adam: "parce que les dits peuples, tant Latins qu'Albanais, sont opprimés par le joug insupportable et la très dure servitude du seigneur des Slaves qui leur est odieux et abominable, parce que leur peuple est chargé d'impôts, leur clergé abattu et méprisé, leurs évêques et leurs abbés très souvent enchaînés, leurs nobles dépossédés... Tous, ensemble et individuellement, croiraient rendre leurs mains sacrées s'ils les plongeaient dans le sang des susdits Slaves".

Ajoutons que les auteurs byzantins sont très sensibles à l'unité de population depuis l'Albanie jusqu'à la Macédoine: l'historien Laonikos Chalkokondylis, qui écrit au XVe siècle, après avoir souligné que les Albanais de son temps sont fort différents des Serbes et des Bosniaques, conclut qu'il n'y a pas d'autre peuple qui, plus que les Albanais, ressemble aux Macédoniens.

 

C'est dans ce contexte que commence la conquête turque, dans la seconde moitié du XIVe siècle, et il est vrai que c'est à la faveur de cet épisode que les Albanais peuvent se réaffirmer au Kosovo, mais certainement pas de la manière dont la chose est présentée d'ordinaire: loin d'arriver dans les "fourgons de l'ennemi", la population albanaise, depuis le lac de Shkodra jusqu'au Kosovo, fit bloc avec les autres populations chrétiennes. Lors du choc décisif de 1389, les auteurs grecs mentionnent, auprès des Serbes et des Bulgares, les Albanais du Nord, ceux de Himara, d'Epire et de la région côtière. Quant à la chronique turque d'Idrisi Bitlisi, elle mentionne spécialement la participation des Albanais de la région de Shkodra dont le prince, Georges Balsha, aurait mené 50000 hommes à la bataille: les mêmes renseignements sont d'ailleurs repris par d'autres chroniques ottomanes comme celles d'Ali et de Hoca Saadeddin.

 

La défaite de 1389, en désorganisant complètement l'Etat serbe, laissa le champ libre aux seigneurs locaux les plus dynamiques, parmi lesquels les princes albanais du Nord et du Nord-Est: le plus remarquable est Jon Kastriot, le père de Skanderbeg qui, depuis les hautes régions du Mati, réussit, à la fin du quatorzième et au début du quinzième siècle, à se tailler une vaste principauté qui va de l'estuaire de l'Ishmi jusqu'à Prizren, au coeur du Kosovo: en 1420, en conséquence, il délivrait aux Ragussins un privilège commercial depuis la côte "sur ses terres jusqu'à Prizren". Ce nouveau pouvoir albanais ne fut certainement pas sans conséquences sur le développement d'une classe marchande au sein d'une population jusque là fort déprimée: les archives de Raguse (Dubrovnik) prouvent, par exemple, qu'un certain nombre de négociants albanais de Raguse séjournent désormais volontiers au Kosovo: en mars 1428, c'est le cas de Marcho de Tani à qui la République expédie une lettre à Prishtine et, même après la soumission des Kastriot aux Turcs, on trouve encore, dans la même ville en 1448, le marchand albanais Chymo Mathi de Tani.

 

Aussi n'avons-nous aucune raison de penser que les Ottomans, dans cette phase de leur conquête, se soient spécialement appuyés sur les Albanais qu'ils auraient opposés aux Slaves: il n'est sans doute pas inutile de rappeler que les Albanais sont alors chrétiens comme les Serbes et n'ont aucune propension spéciale à se soumettre aux Ottomans. S'il est hors de propos ici de parler de l'oeuvre de Skanderbeg, dont certaines actions se situent d'ailleurs aux confins du Kosovo, on rappellera que l'historien byzantin Doukas, au milieu du XVe siècle, donne pour principale cause du triomphe turc l'amoindrissement des Albanais, depuis la Dalmatie jusqu'à la Thrace. Quant aux chroniques turques, elles ne manquent pas de mentionner les soulèvements albanais au Kosovo, spécialement celui de 1467 qui voit les "révoltés" piller les troupeaux dans la région de Tetovë, sous la direction d'un traître nommé Iskender.

 

Il est donc évident qu'une importante population albanaise se trouvait au Kosovo dès avant la conquête turque, sans qu'il soit besoin pour expliquer ce fait, de supposer le déclenchement de migrations massives dont les sources ne parlent pas : le fait qu'il ne soit jamais question de heurts entre Slaves et Albanais à l'époque du tsar Dusan et surtout lors de l'élaboration de la principauté des Kastriot tend au reste à prouver que le "pouvoir albanais" s'est étendu progressivement et a été généralement bien accepté par les populations locales, sans doute parce que celles-ci comprenaient déjà, de tous temps, d'importants éléments albanais. Quant à déterminer l'importance relative des Albanais par rapport aux Slaves au Kosovo au XVe siècle, il faut dire que c'est à peu près impossible, malgré les ressources nouvelles que nous apportent les registres cadastraux ottomans (defterler) que des éditions récentes mettent à notre disposition: le meilleur exemple en est la publication, en 1974, par Selami Pulaha, du registre du Sandjak de Shkodra, daté de 1485, et qui recouvre les régions de Shkodra, Peja (Pec), Podgorica (Titograd) et Bihor. Soulignons d'abord l'extrême honnêteté avec laquelle S. Pulaha traite les riches données toponymiques et anthroponymiques fournies par cette source: il est bon de répéter avec lui qu'un Albanais peut fort bien porter un nom slave et réciproquement et qu'une toponymie slave ou albanaise ne préjuge pas de la nature des populations considérées. Cependant, il est sûr que l'usage conjoint d'une double toponymie et d'une double anthroponymie témoigne d'un mélange ethnique dont on peut, suivant les régions, doser les composantes: en ce qui concerne le sandjak de Shkodra (qui, rappelons-le, comprend toute la zone kosovare de Peja), S. Pulaha distingue ainsi trois ensembles où l'élément albanais est plus ou moins représenté: région de Shkodra où les Albanais constituent l'énorme majorité, région de Piper, Shestan, Altun-ili, où semble s'établir un certain équilibre entre les deux populations, de zone de Peja où les Albanais constituent une minorité considérable et où on observe, entre autres choses, que bon nombre de villages qui portent un nom slave sont en réalité peuplés majoritairement d'Albanais. La conclusion essentielle est qu'un mélange aussi intime entre les deux éléments de la population serait tout-à-fait inimaginable si l'un ou l'autre de ces éléments s'était récemment installé dans la région: le cadastre ottoman de Shkodra démontre donc, surtout pour la zone de Peja, que les Albanais constituent bien une composante très ancienne de la population locale; et comme, en outre, nous n'avons pas connaissance d'aucun mouvement massif d'Albanie vers le Kosovo avant le XVIe siècle, il faut penser qu'une bonne part de l'élément albanais kosovar puise fses racines dans la vieille population illyro-albanaise qui dominait depuis l'Antiquité. En ce qui concerne le reste du Kosovo, beaucoup reste à faire, mais on doit savoir qu'a été conservé un très ancien registre cadastral qui, cette fois, s'applique au Kosovo central (Vilkili): de ce registre, daté de 1455, l'historien bosniaque A. Hanzic tire exactement les mêmes conclusions: l'imbrication extrême des deux populations implique, là aussi, la perpétuation du vieux substrat albanais.

 

Il faut ajouter que cet élément albanais fut renforcé, dès les débuts du XVe siècle, par une immigration " économique " surtout entraînée par l'exploitation des richesses minières du Kosovo, spécialement vers les importantes exploitations argentifères de Srbrenica et de Novo Brdo: ces Albanais, toujours chrétiens bien entendu, sont des techniciens qui, très souvent, ont commencé par émigrer vers Raguse et qui proviennent surtout de l'Albanie côtière septentrionale (Tivari, Shkodra), mais aussi des zones montagneuses (Mati). Cependant, ces techniciens sont établis au Kosovo depuis parfois plusieurs générations: ainsi en est-il de Petar Gonovich Priztenaz (de Prishtina), de Johannes Progonovich de Novomonte (Novo Brdo) et sans doute de bien d'autres. Il n'est pas sans intérêt de noter que, encore au dix-septième siècle, cette immigration d'Albanais catholiques attirés par le travail des mines se poursuivait et entraînait l'établissement de ces travailleurs à Novo Brdo, Gjakova, Prishtina, Trepça, au rapport des visiteurs envoyés par le pape dans la région.

 

Concluons: au Kosovo, ce sont évidemment les slaves ou les peuples slavisés, Bulgares puis Serbes, qui ont occupé, à partir du VIIe siècle, une région dont la population était massivement illyro-albanaise depuis l'Antiquité. Certes, l'implantation slave et la slavisation inévitable d'une partie de la population originelle a permis aux Serbes, au début du XIIIe siècle, de faire du Kosovo leur principal centre politique et économique, mais nul ne pourra jamais savoir quelles étaient, à cette époque, les proportions respectives des deux éléments, dont la coexistence semble pourtant avoir été sans grand problème. Ensuite, la conquête ottomane et l'affaiblissement progressif de la Serbie a permis à la population albanaise, à la fois par réaction interne et grâce au flux migratoire pacifique des Albanais chrétiens du Nord, de peser d'un poids de plus en plus grand au Kosovo. Beaucoup d'études sont encore nécessaires pour pouvoir l'affirmer, mais il est probable que, avant même les migrations slaves de 1690 et 1738, les Albanais constituaient, au Kosovo, une importante minorité, sinon la majorité de la population. Il serait d'ailleurs injuste d'oublier que les Serbes ne furent pas les seuls à fuir les zones dès lors islamisées: au moment même de la grande émigration serbe de 1737-38, plusieurs milliers d'Albanais chrétiens quittent les zones montagneuses de la région de Shkodra et vont s'établir dans les environs de Karlovac, en Croatie où le gouvernement autrichien les utilise dans le cadre de sa politique de colonisation militaire; or, ces "Klementiner", comme les nomment les textes autrichiens, s'y trouvent intimement mêlés à des éléments serbes, émigrés au même moment et installés de la même manière: ils y maintiendront leurs traditions et leur langue jusque vers 1910, date de leur slavisation définitive.

La "déslavisation" du Kosovo est donc un faux problème: elle est seulement le résultat de ces vastes mouvements de convexion qui ont toujours caractérisé l'histoire des peuples balkaniques; appuyé sur un vieux substrat resté albanais, ce mouvement s'est fait sans violence tout au long du Moyen-Age et des premiers Temps Modernes en sorte que les épisodes de 1690 et de 1738 doivent seulement être considérés comme son point d'aboutissement. Ce mouvement séculaire n'a évidemment rien à voir avec les vastes projets du gouvernement yougoslave qui, entre les deux guerres, cherchait à combiner le partage de l'Albanie avec l'Italie fasciste et l'expulsion massive des Albanais vers la Turquie>>.

 

 

 

 

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F/ DOCUMENTs , INFORMATIONS, INTERIEW

  1. Interview au retour d’une mission de Médecins du Monde.
  2. Question d’un député à Hubert Védrine, et réponse.
  3. Convoi de solidarité pour le 21 décembre.

     

     

    1) Interview se Karine Noujaim, Médecins du Monde.

     

    "Distorsions entre le terrain et les déclarations internationales", Médecins du Monde.

     

    Interview de Karine Noujaim, du service de presse de MdM, sur leur prise de position au retour d’une mission du Kossovo. Rappelons qu’après la décision de l’OTAN de ne pas intervenir militairement, MdM a signalé aux médias, contrairement à ce qu’estimaient les responsables internationaux, il n’y avait pas de réel retrait des troupes serbes du Kossovo, notamment des forces spéciales.

    <<E-A - Est- ce que celà a été la première mission de Médecins du Monde?

    MdM - Pas en ex-Yougoslavie mais au Kossovo, oui. Elle a commencé en septembre 1998.

    E-A - Le fait que vous ayez témoigné ne va-t-il pas poser quelques problèmes pour vos équipes?

    MdM - Non, on pense que ce n’est pas préjudiciable à l’action sur le terrain. C’est vrai que si l’on avait pensé qu’il y aurait un risque à se faire expulser, ou être gênés dans notre activité, on aurait plus pesé la question de rester ou de partir. Je pense qu’aujourd’hui ils ont besoin de notre présence sur le terrain. Je crois aussi, que parce qu’on travaille en partenariat avec l’UNICEF et avec les associations locales, on est peut-être plus protégés que d’autres. Et puis on avait vu nos collègues de MSF dire des choses assez graves sans pour autant être mis en difficulté sur le terrain.

    E-A - Qu’a pu voir votre équipe?

    MdM - On a pour l’instant trois équipes mobiles sur le terrain. Chacune est composée de deux véhicules, un de MdM et l’autre de l’UNICEF. Celà nous permet de faire, en fonction des disponibilités de l’UNICEF, trois ou quatre visites sur le terrain, par jour. Ils vont souvent sur un site déplacé où ils ont, selon les cas, 300-400 consultations par jour pour revenir en général vers 18h00 à Pristina.

    Nous avons couvert toutes les zones un petit peu sensibles, toutes celles où il y avait des déplacés. Ce n’est qu’après une semaine à dix jours que l’on a pris une carte et que l’on a posé avec MSF les zones d’intervention. Avant, on intervenait partout où l’on savait qu’il y avait des déplacés soit parce qu’il y a eu des combats quelques jours avant, soit parce que la rumeur nous disait qu’il y avait des déplacés ou que l’onapprenait la destruction d’un village.

    E-A - Sur quoi vous êtes vous basés pour faire votre conférence de presse?

    MdM - Nous nous sommes basés exclusivement sur ce que nous avions vu et sur plein d’autres choses que l’on ne voulait pas préciser parce que nous n’en avions pas la légitimité. En fait, nous avons voulu articuler notre discours, lors de cette conférence de presse, sur le fait que tous le monde disait que tout se passait pour le mieux au Kossovo, que Milosevic respectait ses engagements, que les troupes partaient mais qu’en fait, nous sur le terrain voyions exactement l’inverse de ce qui se disait.

    On a donc repris ce qu’il y avait dans les résolutions du Conseil de Sécurité, la 1160, la 1199 et la 1203, notamment : la fin des hostilités et le maintien d’un cessez-le-feu, les mesures en vue d’améliorer la situation humanitaire, le démarrage du dialogue pour une solution politique et l’application immédiate par la République Fédérale de Yougoslavie des mesures concrêtes suivantes:

    a) Fin des actions des forces de sécurité touchant les civils.

    b) L’implantation de la mission de vérification.

    c) La facilitation du retour des réfugiés chez eux.

    d) Un calendrier de dialogue avec la communauté albanaise.

    En fait, en les reprenant quasiment un par un, on s’est rendu compte que, nous sur le terrain, on ne constatait pas du tout ce qui était écrit dans les résolutions.

    E-A - Les diplomates accusent l’UCK de reprendre des positions pendant le retour des réfugiés...

    MdM - Nous, ça nous ne pose pas de problème. Les gens retournent chez eux et ce n’est pas l’UCK qui nous pose des problèmes d’accessibilité à ces personnes là. Sur le terrain on n’a jamais eu de problème de passage de check-point. Ni avec les Serbes ni avec l’UCK. Mais la tactique serbe est plus fine que celle du simple blocage de check-point. Nous avons d’énormes difficultés pour avoir des visas. Quatre à six semaines pour avoir des visas humanitaires! Pour importer du matériel et notamment des médicaments, c’est la croix et la bannière. Nos collègues humanitaires sur le terrain ont vu leur stock bloqué pendant deux mois à la douane sans pouvoir les sortir. Sur le volet purement administratif, impossibilité d’importer et d’utiliser du matériel de communication type téléphone satellite, impossibilité officielle d’apporter des gilets pare-balle, même si ce n’est pas absolument nécessaire aujourd’hui.

    Sur le retour des déplacés, ce que disait notre médecin lors de la conférence, et qui a été confirmé sur le terrain depuis, c’est qu’il y a effectivement des retours, que les gens quittent leur forêt, leur colline. D’une part parce que les grands axes ont été réouverts par les Serbes, d’autre part parce que l’Hiver s’installe de plus en plus et que les gens savent qu’ils ne peuvent pas rester dans les forêts. Mais dans le même temps, ils ne peuvent pas toujours retourner chez eux et ils vont chez la famile, chez les amis, dans des villages à proximité, qui ne sont pas toujours les leurs.

    E-A - Est-ce qu’il y a beaucoup de maisons détruites?

    MdM - Oui. Ce qui est clair, c’est qu’après la fin de l’ultimatum, il y a encore des destructions de villages par des bombardements. Il y a encore la présence des forces spéciales serbes qui fait peur aux gens pour rentrer. Et même quand les militaires serbes quittent une zone ou un village, ils s’assurent de tout détruire avant de partir.

    E-A - Votre équipe a-t-elle remarqué quelle était la stratégie serbe lors des retraits?

    MdM - Oui, l’équipe dit que la stratégie des forces serbes se divise en :

    - dans un premier temps, par l’envoi de milices, celles d’Arkane notamment, qui arrivent en pleine nuit et qui terrorisent les villageois, qui s’en vont.

    - Dans un second temps, le lendemain matin, au petit jour, il y a l’armée qui arrive avec les chars et les soldats, en détruisant tout,

    - Ensuite il y a les forces spéciales qui se postent aux endroits stratégiques, dans et autour du village, et empêchent la circulation.

    E-A - C’est la stratégie lorsqu’ils attaquent, mais lorsqu’ils se retirent ?

    MdM - Lorsqu’ils se retirent ils détruisent tout.

    E-A - Mais lorsqu’il y a eu le retrait officiel il y a quelques jours?

    MdM - De même. C’est encore des bombardements de villages.

    E-A - Le retrait est-il total?

    MdM -D’après nous, d’après ce que l’équipe a vu jusqu’au jour d’après l’ultimatum, c’est effectivemnt beaucoup de mouvements de troupes mais avec l’impression qu’ils tournaient en rond. Même si une part est effectivemnt partie par le train. C’est clair aussi, parce que l’équipe les voit encore tous les jours sur le terrain, qu’ils sont restés. L’équipe dit qu’il y en a beaucoup et que le retrait est de l’ordre d’1/3 à 50% maximum.

    E-A - Quels sont les soins donnés aux déplacés ?

    MdM - Il y a de plus en plus de malnutrition. En terme de pathologies, c’est beaucoup d’infections respiratoires et infections dermatologiques. Et puis dans 75 % des cas ce sont des blessés, qui ne sont pas des hommes d’âge mûr mais des femmes, des enfants et des vieillards. Les hommes, pour une raison x ou y ne sont pas là. Soit ils sont au village, ou à la forêt, en train de récolter ce qu’ils peuvent récolter, soit ils sont dans le maquis. La population masculine est donc sous-représentée dans ces populations auprès desquelles on consulte. Ceci était vrai début octobre, à l’époque où il y avait encore de tels regroupements. Celà ne l’est plus aujourd’hui ou en tous cas je n’ai plus d’information là-dessus.

    E-A - Lorsque vous avez fait votre conférence de presse, vous espériez, espérez, vous faire entendre. Y a-t-il eu des effets?

    MdM - L’effet positif, c’est que ça a été repris dans pas mal de médias. Peut-être que celà a éveillé quelques consciences? ...Une action politique sur le terrain...on savait qu’il n’y en aurait pas. Ce qu’on a fait n’était qu’une goutte d’eau dans une ‘étendue’ qu’il aurait fallu mettre en marche. Mais nous ce que l’on voulait dire, c’était important pour nous, c’est : attention, la ‘Communauté internationale’ se voile la face et on a levé trop tôt un moyen de pression, les frappes de l’OTAN, sur Milosevic, à un moment où il fallait au contraire les maintenir. Cette période d’un mois à un mois et demi après la fin de l’ultimatum et avant l’arrivée des premiers observateurs est l’occasion justement de laisser survenir tout type de débordement sur le terrain.

    E-A - Comment évaluez-vous dans cette situation le risque pour les populations?

    MdM - Il est égal si ce n’est supérieur parce que plus personne aujourd’hui n’a les yeux tournés vers le Kossovo, qu’il n’y a pas encore les observateurs internationaux, que la pression sur Milosevic a été retirée d’un coup...

    E-A - Il y a une quarantaine d’observateurs qui sont arrivés...

    MdM - Oui, bien sûr. Il y a 2500 villages au Kossovo...

    E-A - Avez-vous eu des réactions de personnes?

    MdM - Non. Mais par contre, lorsque notre médecin était au Kossovo et qu’il a tenu le même discours à un italien, celui-ci s’est avéré être un des envoyés spéciaux de Kofi Annan. Nous espérons donc que celà aura été transmis, il y a trois semaines. C’était au moment où Kofi Annan disait qu’il manquait d’informations.

    Mais nous n’avons pas eu d’effet en terme d’efficacité politique. Ce que l’on voulait, c’est éveiller les consciences. Et là, c’est un travail que nous allons refaire, toutes les trois semaines ou tous les mois, s’il le faut. On ré-alertera, on remettra un coup de poing sur la table en disant : ‘eh, non, attendez les gars, vous déconnez, c’est exactement la même chose, qu’il y a deux mois, qu’il y a trois

    mois...’

    E-A - Dans votre document il est dit : "Il y a distorsion entre la réalité constatée sur le terrain et les informations données au niveau international". Donc, pourquoi à votre avis y a-t-il encore distorsion?

    MdM - Je pense que tout le monde se satisfait de la politique qui était décidée pour le Kossovo et que personne n’avait envie d’une intervention militaire ni d’un morcelage de la Yougoslavie telle qu’elle est aujourd’hui. Je pense que c’était une manière de couper la poire en deux tout en se voilant la face et en ne résolvant pas vraiment le fonds du conflit.

    E-A - Vous ne pensez pas que c’est une erreur, qu’on recommence?

    MdM - Si.

    E-A - On a donc beaucoup d’argent à perdre dans l’humanitaire...

    MdM - C’est exactement le même cas que pour la Bosnie... où les humanitaires ont joué le rôle des politiques, qui ne voulaient pas prendre leurs responsabilités. C’est ça qu’on a essayé de dire. Dire que, aujourd’hui, ce n’était pas un problème humanitaire mais un problème politique. Que l’attitude de la ‘Communauté internationale’ nous agaçait en se voilant la face. C’est exactement ça que l’on a essayé de dire.

    E-A - Comment comprenez-vous qu’on réitère un tel comportement?

    MdM - Je pense que le problème Kossovar est suffisamment sensible pour justifier un tel manque de courage politique de la part des Etats.

    E-A - Sensible?

    MdM - Je ne peux pas aller plus loin. Mais maintenant c’est aux politiques de prendre leurs responsabilités>>.

    Propos recueillis par François Soltic , le 12.11.98.

     

     

     

    2) Question d’un député à Hubert Védrine, réponse (J.O Mercredi 7 octobre 1998).

     

    M. le président. La parole est à M. Noèl Mamère.

    M. Noël Mamère. Monsieur le ministre des affaires étrangères, ma question concerne le Kosovo.

    Chaque jour qui passe nous révèle un peu plus l'ampleur du désastre humanitaire que subit ce pays. Récemment, les corps mutilés de dix-huit civils - des femmes et des enfants, agés de dix-huit mois à quatre-vingt-quinze ans - ont été découverts par une mission diplomatique.

    A la veille de cette découverte macabre, le secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, avait rencontré le ministre des affaires étrangères de la Yougoslavie, M. Jovanovic, lequel s'était engagé à ce que ces opérations s'interrompent et à ce que les forces serbes quittent le Kosovo.

    Plus récemment, la présidente du Haut commissariat aux réfugiés a révélé, au retour d une tournée dans cette région, que l'objectif des forces spéciales serbes était de vider le Kosovo de ses populations civiles en appliquant une politique systématique de pillage et d'incendie des habitations.

    Le Kosovo, sous la houlette de son président Ibrahim Rugova, résiste depuis neuf ans avec courage à l'oppression serbe. Pourtant, ce pays a été le grand oublié des accords de Dayton.

    Face à ce véritable défi aux droits de l'homme que vient de lancer une nouvelle fois le dictateur serbe, la seule réponse qui ait été trouvée par les Nations unies et son Conseil de sécurité a consisté en une déclaration de bonnes intentions. D'ailleurs, la capacité d'initiative du Conseil de sécurité est paralysée puisque la Chine et la Russie s'opposent à toute intervention militaire.

    La France et l'Europe laisseront-elles une nouvelle fois s'accomplir au Kosovo ce qui s'est déjà accompli en Bosnie ? La France et l'Europe laisseront-elles se répéter de nouveaux Vukovar, de nouveaux Sarajevo, de nouveaux Srebrenica? Surtout, la France est-elle aujourd'hui prête, avec ses alliés de l'OTAN et de l'UEO, à engager une action militaire pour faire cesser cette répression et ce désastre humanitaire? (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste.)

     

    M. Robert Pandraud. Sac au dos, Mamère!

    M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.

     

    M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, depuis le mois de mars dernier, les pays du groupe de contact se sont mobilisés pour trouver une solution durable et équitable à ce problème du Kosovo. La situation dans ce pays est dramatique depuis que l'autonomie y a été supprimée il y a maintenant neuf ans.

    Depuis lors, des messages extrêmement fermes et convergents ont été adressés périodiquement par les pays du groupe de contact et par le Conseil de sécurité aux autorités de Belgrade mais aussi à l'UCK qui conduit une politique consistant à affaiblir M. Rugova. Cette action n'a pas encore donné de résultats décisifs puisque nous n'avons pas encore trouvé la solution.

    C'est en raison de cette situation que l'impatience de la communauté internationale s'est traduite par une détermination accrue ces derniers jours et ces dernières semaines. La diplomatie française et la diplomatie britannique ont réussi à obtenir le vote d'une résolution au Conseil de sécurité; elle a été votée par tout le monde, par les Américains comme par les Russes.

    Cette résolution, qui porte le numéro 1199, est déjà placée sous l'empire du chapitre 7, qui est celui qui ouvre la voie à l'emploi de la force Si nous le décidons. Elle constate la menace qui pèse sur la paix, compte tenu de la situation du Kosovo.

    Les pays du groupe de contact se sont réunis à nouveau. Ceux d'entre eux qui appartiennent à l'OTAN ont commencé des préparatifs dans l'hypothèse où, malheureusement, il faudrait employer la force pour corriger la situation actuelle, pour lancer une opération de secours à grande échelle de réfugiés, pour interrompre la répression, mais aussi pour déclencher la négociation.

    Des envoyés des différents pays sont à l'oeuvre, notamment un envoyé américain qui travaille en liaison avec le groupe de contact. Nous apprécierons dans les jours qui viennent Si oui ou non cette convergence de menaces de mises en garde, de sanctions, de propositions qui ont été faites depuis des mois, avec une mobilisation ininterrompue et avec une convergence complète des positions des différents organes de décision que j' ai cites, a provoqué un début de changement.

     

    M. Kofi Annan a noté dans son rapport que les forces militaires serbes avaient été retirées en grande partie, mais pas complètement; que les forces de police avaient été retirées dans une proportion moindre; que le mouvement se continuait mais qu'il était difficile de dire où on en était.

     

    Sur le plan humanitaire, le président Milosevic a accepté, sous la pression des Russes, de laisser venir une mission de l'OSCE. Nous demandons qu'elle se rende sur place de façon urgente.

     

    Sur le plan de la négociation, nous apprécierons vendredi ou samedi Si [a discussion dont nous avons demandé l'ouverture entre les autorités de Belgrade et les Albanais du Kosovo a pu s'engager dans le but de définir un statut d'autonomie, seule solution sérieuse et durable de nature à éviter que ne s'embrase à nouveau l'ensemble de la région.

    La position de principe de la France a été r appelée par le Président de la République, hier, à Florence. Naturellement, c'est celle du Gouvernement. Il revient au Conseil de sécurité d'autoriser une action, mais nous agissons déjà sous l'empire de la résolution 1199. Une situation de catastrophe humanitaire imminente peut nous amener à employer les moyens nécessaires pour apporter une solution durable au règlement de cette crise immense. Cette évaluation définitive n'a pas encore été faite parce que nous n'avons pas encore à la minute où je vous parle tous les éléments permettant d'évaluer ce qui se passe sur le terrain. Nous suivons l'évolution de la situation presque heure par heure. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

     

     

  4. CONVOI CITOYEN POUR LA REGION DE DRENICA : 21 D2CEMBRE.

 

CONVOI DE SOLIDARITÉ

Départ : 21 DÉCEMBRE-->>---------------------------------------------------------------------------------<<--Retour : 6-10 JANVIER

AVEC LE KOSSOVO

_________________________________________________________________________________

Coordination : terrain Bosnie-Kosovo Besoins matériels : Association MÉDINA

Roland Bourgeois Franck.Carrey & Manuela De Oliveira

Tél : 06 07 38 45 53. Tél-Fax : 02 48 67 49 26.

Tél-fax : 04 66 24 18 96. BP 2018 - 18026 - BOURGES Cedex

1, place aux Herbes Apports financiers : compte

30500 St AMBROIX "Solidarité Kosovo"

* * *

 

 

Ce convoi, soutenu par la convention nationale de "Citoyens pour la Bosnie-Herzégovine" tenue le 25 ocobre à Paris, a vocation de réunir les moyens et solidarités du mouvement.

 

 

Objectifs :

1) Village d’Ulcinj au Monténégro où sont réfugiés 12 000 Kossovars.

2) Gollubovac, Tërdevec et Murgë, trois villages de la zone de Drenica au

Kossovo.

 

 

Départ, de Baillargues (34) le 21 décembre, au plus tôt. Lieu à 2 km de la sortie d’autoroute Baillargues-Vendargues.

 

 

Trajet : > Aix-en Provence, Gênes, Firenze, Rome, Naples, Avellino**, Bari* (1500 km).

 

 

Les 22-23 décembre

**Avellino : Une nuit de repos. Les véhicules seront en sécurité (entrepôt).

* Bari : Passage en ferry, Bari > Bar (Monténégro).

 

 

Les 24 matin, 25-26 décembre

Bar : dédouannement, > Ulcinj est à 40 km.

Contacts et distribution d’une partie du convoi.

 

 

Le 26 décembre, trajet

Ulcinj, Bar, Petrovac, Bablak, Batesevo > vers Pec (KOSSOVO). Passage frontière prévu vers KUSISTE. Trajet : Pec, Kijevo > villages de Gollubovac, Tërdevec, Murgë...(250 km).

 

* * *

 

KOSSOVO - RÉAGIR

_________________

 

D’où viendrait que nos fatigues, nos inerties, nos engagements envers la Bosnie, la précarité, l’Algérie, les sans papiers, que sais-je ... puissent différer notre indignation, notre capacité à réagir contre le "nettoyage éthnique" pratiqué au KOSSOVO par ce même Milosevic, avec les mêmes atérmoiments de la communauté internationale.

Réagir localement et hexagonalement par des pressions politiques et des manifestations, bien sûr, mais aussi réagir en acte de Solidarité citoyenne sur le terrain, comme nous l’avons fait en Bosnie et comme aujourd’hui nous pouvons avoir la preuve que ces actions de terrain, si elles répondent à des situations d’urgence, créent des liens et relations amenant à travailler de façon structurelle à partir d’une situation conjoncturelle.

 

C’est la raison de l’organisation du convoi de Solidarité Civile qui partira de Baillargues (34) le 21 Décembre à destination du village d’ULCINJ au Monténégro, où sont réfugiés 12 000 Kossovars, pour aller ensuite en Drenica rencontrer les populations repliées dans les montagnes (villages de Gollubovac, - Tërdevec - Murgë).

Ce convoi fait suite aux reconnaissances effectuées par Franck Carrey et Manuela de Oliveira.

 

Roland Bourgeois (Coordinateur logistique) &

Franck Carrey et Manuela de Oliveira (Association "MEDINA").

 

_________________________

Besoins matériels pour la région de Drenica, d’après des relevés effectués fin Août 1998 par l’association MEDINA.

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1°) Aliments conservables, de préférence sans porc : conserves de légumes, de viandes, fruits secs, filets de poisson, biscuits, laits et produits laitiers stérilisés, etc (pâtes, riz, farines)...

 

2°) Aliments pour nourrissons: laits premier et deuxième â

ge, bouillies, pôts, céréales...

 

3°) Vêtements toutes tailles : vêtements chauds, étanches, sous-vêtements, chaussettes...chaussures.

 

4°) Tentes, sacs de couchage, couvertures...

 

5°) Lampes de poche et piles, postes de Radio et piles.

 

6°) Appareils de chauffage mobiles non-électriques (type pétrole basse consommation ou infra-rouges à gaz >+bouteille) et carburant. Appareils de cuisson (type camping gaz...).

 

* * *