Babitski: les Russes voulaient cacher leurs brutalités en Tchétchénie

MOSCOU, 1er mars (AFP) - Andreï Babitski, le journaliste de Radio Svoboda remis en liberté mardi après avoir été arrêté par les Russes à la mi-janvier a déclaré mercredi que ces derniers lui avaient confisqué ses documents pour l'empêcher de dire la vérité sur les brutalités des Russes en Tchétchénie.

"En Tchétchénie, il y a une police d'Etat russe qui gouverne de fait par la terreur", a déclaré Babitski, à l'issue de six semaines de détention, au cours d'une conférence de presse.

Le journaliste dont l'état de santé nécessite une hospitalisation a déclaré avoir été "traité de la même manière que (le président par intérim) Vladimir Poutine traite la Tchétchénie"..

Le correspondant de la branche russe de Radio Free Europe a raconté avoir été arrêté alors qu'il fuyait le bombardement de Grozny le 16 janvier.

"Il y avait des centaines et des centaines de civils à Grozny et seuls quelques-uns ont eu la chance de partir", a déclaré Babitski en ajoutant que "pour des tas de raisons des gens ont dû rester, certains avec des parents malades". "La plupart avaient peur des bombes", a-t-il dit.

Babitski a été le seul reporter à rester à Grozny au cours des semaines précédant l'assaut final des Russes sur la capitale indépendantiste, qui est passée sous contrôle russe début février.

Le journaliste a indiqué qu'il avait enregistré sur des cassettes vidéo des centaines de civils dans les caves de la ville, racontant que les Russes avaient anéanti des quartiers entiers par des bombardements aériens sans se préoccuper des gens pris au piège à l'intérieur.

"Ces films, a poursuivi Babitski, m'ont été confisqués et jamais rendus".

Deux jours plus tard il a été admis au camp de "filtration" de Tchernokozovo (nord).

"C'est un camp de concentration dans tous les sens du terme. Il n'y avait pratiquement aucun combattant ici", a déclaré Babitski. "Il ratissent les civils ici pour les briser".

Mardi, Babitski avait déclaré avoir été frappé à coups de matraque.

Le ministre de l'Intérieur Vladimir Rouchaïlo a de son côté mis en doute les propos de Babitski.

"Nous avons fait à mon avis le maximum pour Babitski. Je doute sérieusement de toutes ses histoires de coups de bâton", a déclaré M. Rouchaïlo à la télévision.

A propos de l'"échange", le 3 février, de Babitski contre des soldats, le journaliste a déclaré qu'il l'avait accepté, pensant qu'on le remettrait à des combattants tchétchènes qui assureraient sa libération.

Mais, a-t-il dit, on m'a remis à des Tchétchènes pro-russes accompagnés de Russes du FSB (services de sécurité, ex-KGB).

Arrêté au Daguestan ce week-end, il est revenu mardi à Moscou grâce à une intervention du président par intérim Vladimir Poutine. Il est assigné à résidence.