LE SECRÉTAIRE général de l'ONU, Kofi Annan, en visite à Moscou, a appelé la
Russie, vendredi 28 janvier, à éviter les violences contre « les civils
innocents ». M. Annan, qui s'est entretenu avec le président russe par
intérim, Vladimir Poutine, a déclaré : « Nous sommes tous contre les
terroristes, mais la force utilisée contre eux doit être proportionnelle », en
demandant que les autorités russes fassent « très attention à éviter une
situation où des civils innocents souffrent de la violence . »
Pendant ce temps, de violents combats se poursuivaient dans les rues de la capitale tchétchène, pilonnée par l'artillerie russe. Le général russe Manilov a fait état d'une « résistance violente » dans la ville. « Il est vrai que maintenant, nous subissons des pertes plus lourdes qu'avant », a-t-il reconnu, ajoutant que l'armée avait sous-estimé les effectifs des forces tchétchènes. Il a indiqué que 53 hommes du ministère de la défense avaient été tués ces trois derniers jours.
A Moscou, Alexander Zdanovitch, porte-parole des services de sécurité FSB (ex-KGB), a annoncé à la chaîne de télévision NTV un renforcement des mesures de sécurité, par crainte de nouveaux attentats en Russie. Ces mesures font suite à des propos d'un des dirigeants rebelles, le « commandant » Khattab, qui a déclaré à Reuters Television que les combattants tchétchènes étaient prêts à frapper n'importe quelle ville de Tchétchénie, mais aussi de Russie. Vladimir Poutine a récemment estimé que le risque d'attentats terroristes en Russie avait augmenté.
Le ministère russe de l'intérieur a confirmé, vendredi, que le journaliste de l'antenne russe de Radio Free Europe, Andreï Babitski, avait été arrêté en Tchétchénie par les forces russes et mis en accusation pour complicité avec les combattants indépendantistes. Selon l'agence Interfax, M. Babitski, qui avait disparu depuis le 15 janvier, a été inculpé pour « participation à un groupe armé illégal ».
Concernant le sort des quelque 200 000 réfugiés tchétchènes en Ingouchie, l'état-major russe a démenti, vendredi, que Moscou ait ordonné un blocage de l'aide humanitaire. Selon le président de l'Ingouchie, Rouslan Aouchev, les autorités russes cherchent à repousser les réfugiés vers la Tchétchénie en leur coupant les vivres.
Réagissant aux critiques formulées à l'étranger contre la guerre dans le Caucase, le porte-parole russe, Sergueï Iastrjembski, chargé de l'aspect médiatique du conflit, s'est plaint que « les causes véritables de ce qui se passe en Tchétchénie ne [soient] toujours pas bien comprises par l'Occident ». L'Occident « tente de voir les événements en Tchétchénie à travers le prisme de ses propres idées fixes », a-t-il dit. - (AFP, Reuters.)